Les dirigeants de Tsahal sont frustrés par le comportement des hauts responsables politiques
Gaza : tensions croissantes entre Netanyahu et les chefs militaires
Un fossé préoccupant semble se creuser entre le gouvernement israélien et son haut commandement militaire. Alors que l’opération militaire se poursuit dans la bande de Gaza, les critiques fusent au sein même de l’appareil sécuritaire israélien, visiblement frustré par le manque de coordination et de clarté stratégique de l’échelon politique.
Le quotidien Maariv révélait récemment l’existence de vives tensions entre les responsables de Tsahal et le Premier ministre Benjamin Netanyahu. En cause, une gestion unilatérale de la suite des combats et une absence de communication avec les chefs militaires, en particulier avec le chef d’état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, qui appelle depuis plusieurs jours à une réunion urgente du cabinet sécuritaire.
Une décision politique contestée en interne
Netanyahu a pris la parole lors d’une réunion ministérielle pour réaffirmer son autorité et sa vision du conflit. Il a ainsi déclaré : « Nous devons rester unis pour atteindre nos trois objectifs : vaincre l’ennemi, libérer nos otages et empêcher Gaza de représenter à nouveau une menace. » Il a ajouté qu’il convoquerait le cabinet dans les jours à venir afin de donner des instructions à l’armée sur les moyens d’atteindre ces objectifs.
Mais selon plusieurs sources sécuritaires, cette annonce ne masque pas le réel problème : les militaires ne savent plus quelle est la stratégie poursuivie par l’exécutif. « Nous avons accompli notre mission militaire », indique une source, évoquant les succès de l’opération « Chariots Gideon ». « C’est maintenant à l’échelon politique d’agir. Mais ils ne nous associent plus aux négociations. »
Les contacts stratégiques sur la suite des opérations à Gaza se font désormais en cercle restreint, principalement entre le Premier ministre et son proche allié, le ministre Ron Dermer, selon ces mêmes sources. L’armée apprend l’état des discussions par les canaux du renseignement, un renversement total par rapport aux pratiques précédentes.
Une armée au bord de l’épuisement
Sur le terrain, les effets de cette indécision politique commencent à se faire sentir au sein des forces armées. Le commandement de Tsahal alerte sur l’épuisement croissant de ses unités combattantes. Une source militaire affirme que certains officiers n’ont plus dispensé de formation depuis leur sortie de l’académie. « Les soldats sont épuisés. Ils ne connaissent qu’un seul type de mission : le combat intensif. »
Face à cette situation, l’état-major a décidé de limiter la durée d’engagement à Gaza : chaque brigade régulière ne pourra être déployée plus de trois mois consécutifs, suivis d’un mois de repos. Toutefois, les responsables militaires préviennent que la prolongation des opérations dans ces conditions pourrait avoir des conséquences graves à long terme, tant sur le moral que sur l’efficacité opérationnelle des troupes.
Un cabinet divisé et silencieux
Le silence du reste du gouvernement face aux demandes de l’armée contribue à alimenter l’incertitude. Seules trois figures politiques, Bezalel Smotrich, Orit Struk et Itamar Ben-Gvir, se sont exprimées ouvertement : ils défendent une occupation complète de la bande de Gaza et l’établissement de colonies israéliennes sur place. En dehors de cette frange ultranationaliste, aucune autre position claire n’a été communiquée par les membres du cabinet, ce que dénoncent ouvertement les dirigeants de Tsahal.
Ce flou stratégique est perçu comme un danger : alors que les soldats poursuivent une mission exigeante sur le terrain, leurs chefs estiment que le cap politique est incertain, voire inexistant. L’armée réclame des décisions claires, tant pour ses opérations que pour la gestion post-conflit.
Un tournant pour la relation entre pouvoir civil et militaire ?
Cette situation illustre une crise de confiance inédite entre l’armée israélienne et son gouvernement. Jamais depuis des décennies, les chefs de Tsahal ne s’étaient exprimés de manière aussi directe sur le manque de transparence du pouvoir exécutif.
Alors que l’État hébreu traverse une phase critique, la cohésion entre les institutions de sécurité et les autorités politiques s’avère essentielle. La manière dont Benjamin Netanyahu gérera cette tension interne dans les semaines à venir pourrait bien conditionner la suite du conflit et l’unité nationale autour de la sécurité d’Israël.
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