Le Grand Rabbin Kalman Ber souhaite rassembler
Le grand rabbin Kalman Ber, artisan d’un changement discret
Depuis sa nomination il y a neuf mois, le grand rabbin ashkénaze Kalman Ber s’efforce d’insuffler un esprit de renouvellement au sein du Grand-Rabbinat d’Israël. Dans un climat national marqué par les tensions religieuses et sociétales, ce rabbin au parcours respecté défend une approche fondée sur l’unité, la retenue et une réforme menée hors des projecteurs médiatiques.
Ancien grand rabbin de Netanya, Ber a été élu à la tête de l’institution par une coalition diversifiée de rabbins, de fonctionnaires et de responsables politiques, qui ont vu en lui un modérateur capable de rassembler des mondes souvent opposés – des laïcs aux ultra-orthodoxes, des hassidim aux sionistes religieux.
Réformer sans diviser
Plutôt que d’imposer des bouleversements brusques, Kalman Ber préfère les évolutions lentes, mais durables. Il entend réconcilier la société israélienne avec le Grand-Rabbinat, une institution que plus de la moitié des citoyens ne reconnaît plus comme une autorité religieuse, selon une étude récente.
Ber met l’accent sur la proximité et la disponibilité. Il souhaite notamment rendre les procédures de mariage plus accessibles, face au nombre croissant de couples israéliens qui se tournent vers des alternatives laïques ou étrangères. À ses yeux, la reconquête de la confiance passe par une amélioration du service, non par la contrainte.
Dans le domaine de la casheroute, il a promis une réforme destinée à simplifier les procédures, offrir plus de choix aux consommateurs et réduire les coûts, tout en maintenant les exigences religieuses. Là encore, sa méthode est claire : éviter les affrontements publics et agir avec patience.
Une vision inclusive du judaïsme
Kalman Ber défend un judaïsme enraciné dans la tradition, mais ouvert à tous. Il refuse l’esprit de clocher, et insiste sur le rôle universel du rabbin : « Un rabbin ne peut être celui d’un seul groupe. S’il l’est, il a échoué. Il doit être le rabbin de tous », affirme-t-il avec conviction.
Pour lui, l’unité du peuple juif n’est pas une formule, mais une mission concrète. Il appelle chacun à réfléchir, chaque jour, à ce qu’il a fait pour aider un autre juif, au-delà de sa propre communauté. Ces paroles prennent un sens particulier alors qu’il s’exprime durant la période des « Trois semaines », temps de deuil et d’introspection dans le calendrier juif.
Malgré son ouverture, Kalman Ber demeure ferme sur certains principes. Il critique les mouvements non-orthodoxes, qu’il accuse de remettre en question les fondements essentiels de la tradition juive, tout en affirmant son respect pour les Juifs de la diaspora avec lesquels il souhaite renforcer le dialogue.
Une position réservée sur les tensions politiques
Concernant les débats brûlants qui secouent le pays, notamment la question de l’exemption du service militaire pour les étudiants haredim, Ber adopte une posture de discrétion. Il affirme travailler à des solutions à huis clos, convaincu que les compromis durables naissent du dialogue silencieux, et non du fracas médiatique.
Il rappelle cependant, en s’appuyant sur une référence talmudique, que l’étude de la Torah et la défense militaire sont complémentaires, comme l’étaient le roi David et son général Yoav. Pour lui, ces deux dimensions doivent coexister dans une société juive équilibrée.
Un héritage de modération
Kalman Ber est lui-même issu de courants variés : descendant à la fois de lignées hassidiques et non-hassidiques, il a étudié dans des institutions sionistes religieuses, servi dans une unité de combat, et élevé deux fils aux parcours différents – l’un engagé dans l’armée, l’autre dans l’étude de la Torah.
Son expérience à Netanya, ville aux communautés multiples, lui a permis de développer un style de leadership inclusif, attentif aux besoins concrets des citoyens, loin des dogmes idéologiques. C’est cette même approche qu’il entend appliquer à l’échelle nationale.
Actuellement président du Conseil du Grand-Rabbinat, il partage la direction de l’institution avec le grand rabbin sépharade David Yosef, à la tête du Grand Tribunal Rabbinique. Dans cinq ans, les deux hommes échangeront leurs fonctions.
En attendant, Kalman Ber poursuit sa mission avec calme et constance. Il croit à la puissance des gestes discrets, au pouvoir des ponts jetés entre les camps, et à la nécessité d’un rabbinat qui ne soit ni partisan, ni distant, mais proche, rassembleur et fidèle à sa mission première : servir le peuple tout entier.
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