Vague de fermetures de restaurants israéliens à Berlin

Restaurants israéliens sous pression

La scène culinaire israélienne à Berlin traverse une période troublée, marquée par une vague de fermetures temporaires et de reports d’ouvertures de restaurants. Entre pressions militantes, menaces et climat tendu autour de la guerre à Gaza, plusieurs chefs israéliens renommés ont vu leurs projets bouleversés dans la capitale allemande.

Un climat hostile autour de nouvelles ouvertures
Le chef Eyal Shani, figure emblématique de la cuisine israélienne, avait prévu d’inaugurer son nouveau restaurant berlinois Gila and Nancy cet été. Mais face à des manifestations pro-palestiniennes et à une atmosphère jugée trop tendue, l’ouverture a été repoussée.
Selon Shani, des menaces de mort ont été découvertes à proximité de l’établissement, taguées sur des poubelles, et des projectiles lancés contre la vitrine. « Ouvrir un restaurant doit être une fête, un moment de joie et de créativité. Mais l’hostilité ambiante rend cela impossible pour le moment », a expliqué le chef sur les réseaux sociaux. L’équipe a été renvoyée en Israël, dans l’attente d’une nouvelle date d’ouverture prévue mi-août.

Cette réaction intervient après plusieurs incidents visant des enseignes israéliennes à l’étranger. Une succursale du groupe de Shani à Melbourne avait récemment été vandalisée par des manifestants pro-palestiniens, quelques heures seulement après l’incendie d’une synagogue dans la même ville.

Fermetures inattendues et incertitudes à Berlin
La tension autour des restaurants israéliens ne se limite pas à Gila and Nancy. Le chef étoilé Gal Ben Moshe a annoncé la fermeture prochaine de PRISM, son établissement récompensé d’une étoile Michelin depuis 2020. Ouvert en 2018, PRISM s’était imposé comme un ambassadeur de la gastronomie israélienne en Europe, avant que son fondateur ne décide de tourner la page et d’envisager une nouvelle aventure culinaire à Prague.

Le chef Assaf Granit, quant à lui, a dû fermer temporairement son restaurant Berta, ouvert en 2022 et dédié à la mémoire de sa grand-mère berlinoise. Officiellement, cette fermeture est liée à des travaux de rénovation dans l’hôtel qui abrite l’établissement. Granit a précisé que cette interruption n’était pas due à des menaces ni à l’antisémitisme. « Cet endroit est cher à mon cœur et nous comptons bien le rouvrir dès la fin des travaux », a-t-il confié.

Entre gastronomie et tensions politiques
Ces événements reflètent l’impact du conflit à Gaza sur la communauté israélienne installée en Europe, notamment dans le secteur de la restauration. Les messages publiés par les établissements mettent en avant une volonté de dialogue et de paix, tout en dénonçant les violences subies par les civils dans la région et les tensions croissantes en Europe.
Eyal Shani a exprimé son désarroi :

« Cette guerre aurait dû cesser depuis longtemps par le dialogue et la compassion. Mais aujourd’hui, notre rêve d’un avenir sûr pour tous semble loin. »
Le chef a aussi évoqué le risque d’un glissement de l’hostilité contre Israël vers l’antisémitisme, un phénomène qu’il estime « quasi automatique » dans certains contextes. Pour lui, la situation actuelle met en danger non seulement les projets professionnels, mais aussi la sécurité de son personnel et de ses clients.

Une ouverture sous haute surveillance
Malgré les menaces, Shani et son équipe prévoient de revenir à Berlin pour ouvrir Gila and Nancy à la mi-août, espérant retrouver un climat plus apaisé. Les autres chefs israéliens de la capitale allemande, quant à eux, poursuivent leurs activités dans un environnement tendu, partagés entre passion culinaire et contraintes sécuritaires.

Ces fermetures et reports illustrent l’influence directe des tensions internationales sur la vie culturelle et économique locale, transformant parfois un simple projet gastronomique en enjeu politique et sécuritaire.

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