Les États-Unis ont épuisé leur stock de missiles intercepteurs THAAD
Défense américaine sous tension
Missiles THAAD : un quart du stock américain épuisé face à l’Iran
L’opération militaire « Rising Lion », déclenchée en réponse à une attaque massive de l’Iran contre Israël, a mis en lumière une faiblesse inattendue dans l’arsenal de défense américain. Selon plusieurs experts et anciens responsables militaires, près d’un quart du stock de missiles intercepteurs THAAD aurait été utilisé au cours du conflit, suscitant des inquiétudes croissantes sur la capacité des États-Unis à maintenir un niveau de dissuasion suffisant face aux menaces mondiales.
Le système THAAD (Terminal High Altitude Area Defense), conçu pour intercepter les missiles balistiques à haute altitude dans la dernière phase de leur trajectoire, a été largement sollicité pour repousser les salves iraniennes. Entre 100 et 150 missiles de ce type auraient été tirés, dépassant largement les niveaux habituels d’utilisation et les capacités actuelles de production américaine. Deux batteries sur les sept possédées par les États-Unis ont été engagées dans cette opération.
Chaque batterie THAAD est gérée par environ 95 soldats et comprend six lanceurs, pour un total de 48 intercepteurs. Le coût unitaire d’un de ces missiles avoisine les 12,7 millions de dollars, ce qui en fait un dispositif stratégique aussi onéreux que rare. Malgré l’intensité de la réponse défensive, des dizaines de missiles iraniens ont atteint le territoire israélien, notamment dans des zones urbaines comme Tel Aviv, où de lourds dégâts ont été recensés. L’armée israélienne estime que l’Iran a tiré plus de 500 missiles balistiques longue portée, dont 86 % ont été interceptés. Mais cette efficacité a baissé au fil du temps : alors que seulement 8 % des missiles passaient les défenses au début de la guerre, ce taux a atteint 25 % lors des derniers jours du conflit.
L’augmentation de la complexité des attaques iraniennes — avec notamment l’usage de missiles équipés de têtes multiples ou de leurres — a mis à rude épreuve les systèmes de défense. Certains analystes avancent que cette baisse d’efficacité pourrait aussi être le fruit d’une stratégie d’interception plus sélective adoptée par Israël, pour économiser ses munitions ou protéger des cibles précises.
Le Pentagone, interrogé sur la question, a refusé de révéler le niveau actuel du stock de THAAD, évoquant des raisons de sécurité. Il a cependant assuré que les États-Unis « restaient pleinement prêts à faire face à toute menace, n’importe où, à tout moment ». Un haut responsable militaire a confirmé que les efforts étaient en cours pour reconstituer les stocks, avec 12 nouveaux intercepteurs attendus en 2026 et un objectif d’accroître la production annuelle. Le budget 2026 prévoit également 1,3 milliard de dollars pour renforcer la chaîne d’approvisionnement et 2,5 milliards pour élargir la capacité industrielle de production de missiles.
Cette situation n’est pas née de la guerre récente. Plusieurs anciens hauts responsables de la Défense avaient déjà alerté, bien avant l’opération Rising Lion, sur la fragilité des réserves de missiles et la lenteur de la production. Certains expriment leur surprise face aux faibles niveaux de préparation et appellent à une accélération immédiate des livraisons. Mara Karlin, ancienne sous-secrétaire américaine à la Défense, rappelle que la défense aérienne est un enjeu central dans tous les théâtres d’opération actuels, mais que les États-Unis souffrent d’un manque de systèmes, d’intercepteurs, de capacités industrielles… et de personnel qualifié.
Parallèlement, la position stratégique américaine est scrutée à l’international. L’utilisation massive du THAAD pourrait être perçue comme un signal de vulnérabilité, notamment par des adversaires potentiels, alors que le pays s’efforce de maintenir une posture de dissuasion globale. Le soutien militaire aux alliés, en particulier Israël, reste une priorité, mais il soulève des dilemmes sur la gestion des stocks à long terme.
Le fabricant Lockheed Martin indique que neuf batteries THAAD sont actuellement déployées dans le monde, certaines étant positionnées au Moyen-Orient pour la protection d’Israël, d’autres dans les Émirats arabes unis pour intercepter les missiles des Houthis.
Selon des estimations basées sur des images et vidéos circulant sur les réseaux sociaux, au moins 80 missiles THAAD ont été utilisés au cours du conflit. Ce chiffre corrobore l’estimation d’une consommation de 25 % des stocks totaux américains. Un ancien officier supérieur, s’exprimant anonymement, juge que la situation actuelle doit conduire à une refonte urgente des politiques de stockage et de production en temps de guerre.
Dans ce contexte, les États-Unis se retrouvent confrontés à un défi stratégique majeur : assurer leur rôle de puissance militaire tout en sécurisant l’avenir de leur propre défense aérienne. Un rééquilibrage entre engagements extérieurs et préservation des moyens internes semble désormais inévitable.
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