Intel se réorganise avec un ancrage israélien

Intel réorganise sa division communication, avec un ancrage israélien
Intel réorganise sa stratégie

Confronté à une conjoncture difficile et à une réorganisation majeure de ses activités, Intel entame une nouvelle phase de restructuration en scindant sa division dédiée aux processeurs de communication, un secteur clé pour les technologies de l’intelligence artificielle (IA) et les fermes de serveurs. Cette division, qui emploie notamment des centaines de collaborateurs en Israël, est désormais envisagée comme un levier financier plus qu’un pilier stratégique pour le géant américain.

Une division technologique à la vocation financière
Intel a confirmé la scission prochaine de sa troisième division, celle des processeurs de communication – anciennement connue sous le nom de NEX. Celle-ci conçoit des cartes réseaux et des solutions de communication essentielles aux performances des serveurs, notamment dans le secteur en plein essor de l’IA. Toutefois, contrairement à ses divisions phares que sont les puces pour ordinateurs personnels et les processeurs serveurs, Intel ne semble pas considérer cette activité comme cruciale pour son avenir stratégique.

Dans sa déclaration, l’entreprise précise vouloir attirer des investisseurs pour créer une entité indépendante, tout en gardant une participation majoritaire, sur un modèle similaire à ceux des sociétés israéliennes Mobileye et Altera. Aucune date de mise en œuvre n’a pour l’instant été annoncée, ni d’évaluation précise de la valeur de cette division.

Une présence forte en Israël
Parmi les quelque milliers d’employés concernés par cette division, environ 400 sont basés en Israël, répartis entre Petah Tikva, Haïfa et Jérusalem. Le développement local est supervisé par Sharon Almoznino-Almog, vice-présidente chez Intel Israël. Cette implantation illustre l’importance du savoir-faire israélien dans les domaines des semi-conducteurs et de l’ingénierie réseau.

Intel, qui coopère depuis plusieurs années avec des géants du cloud comme Google, a vu sa division communication jouer un rôle dans la conception de technologies liées à l’intelligence artificielle. Néanmoins, les leaders du secteur – comme Marvell, Broadcom ou encore Nvidia – ont largement pris l’ascendant dans le domaine des serveurs IA, notamment grâce à leur capacité à intégrer des processeurs de communication puissants dans leurs solutions clés en main.

Des résultats financiers contrastés
En 2024, la division a généré 5,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires, soit une modeste progression de 1 % par rapport à l’année précédente. Ce chiffre reste toutefois inférieur aux revenus des divisions serveurs (12,8 milliards) et ordinateurs personnels (30,3 milliards). Mais fait notable : cette division a été la seule des trois à afficher une croissance sur le quatrième trimestre, avec une hausse de 10 %.

Malgré cette performance, Intel semble préférer capitaliser sur cette branche en tant qu’actif de placement, dans l’optique de redresser ses finances et de redonner de la valeur à son action. Ce positionnement diffère de celui de Nvidia, qui considère l’entreprise israélienne Mellanox comme un atout stratégique structurant dans sa domination du marché des serveurs IA.

Une entreprise en turbulence
Intel vit une période de profonds bouleversements internes. Depuis deux ans, le groupe enchaîne les réorganisations, sans parvenir à redynamiser son secteur manufacturier. Dernièrement, l’entreprise a annoncé un plan de licenciement touchant 15 % de ses effectifs, et l’abandon de ses projets d’usines en Allemagne et en Pologne, préférant recentrer ses investissements industriels aux États-Unis.

Son avenir technologique semble également compromis : selon le PDG Lip-Bo Tan, Intel pourrait devoir renoncer à son processus de fabrication de puces 1,4 nanomètre (14A), pourtant considéré comme l’un des plus avancés, faute de client majeur pour le rentabiliser. Cette incertitude a conduit à une chute de 8,5 % de l’action de l’entreprise en fin de semaine.

Une tentative de rebond
La scission annoncée de la division communication représente donc une tentative de repositionnement. Intel mise sur une approche financière et une nouvelle structure de gouvernance pour tirer parti de ce segment en croissance, tout en s’éloignant d’un engagement direct dans le développement technologique à long terme dans ce domaine précis.

Reste à savoir si cette stratégie de recentrage, combinée à des réductions de coûts et à des cessions partielles d’actifs, permettra à Intel de retrouver sa place de leader incontesté dans l’industrie des semi-conducteurs, un secteur en perpétuelle évolution, dominé de plus en plus par des acteurs agressifs et intégrés comme Nvidia.

Jforum.fr

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