Gaza: le Hamas secoué par l’essor de clans hostiles

Les dirigeants du Hamas secoués par l’émergence de clans hostiles à Gaza

« Du point de vue d’Israël, c’est actuellement la solution préférée, car personne ne veut du Hamas ou de l’AP », a déclaré un ancien commandant du 8200 à JNS.

YAAKOV LAPPIN

Selon certaines informations, Israël armerait et soutiendrait activement de nombreux clans et milices locaux anti-Hamas dans la bande de Gaza, dans le cadre d’un effort plus large visant à cultiver une nouvelle source de pouvoir local pour le « lendemain » de la guerre.

Selon les estimations en Israël, le Hamas a été considérablement ébranlé par ces efforts.

Des rapports récents indiquent que cette politique, qui comprend le soutien israélien à une milice dirigée par Yasser Abu Shabab dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, s’étend. Selon un rapport du 3 juillet Ynet , Israël arme et coordonne ses actions avec deux autres clans : le clan Khalas, opérant dans le quartier de Shejaiya à Gaza, et une faction dirigée par Yasser Khanidak à Khan Younès.

Cet effort représente une tentative significative de remodeler le paysage politico-sécuritaire d’après-guerre. Le général de brigade (à la retraite) Hanan Geffen, ancien commandant de l’unité d’élite 8200 des renseignements des Forces de défense israéliennes, a déclaré au JNS ces derniers jours qu’Israël s’efforçait de tirer les leçons des expériences négatives passées en matière de création de groupes.

« Nous avons eu de mauvaises expériences au fil des ans avec les groupes que nous avons tenté de créer sous l’égide d’Israël », a déclaré Geffen à JNS. « Le simple fait qu’ils soient parrainés par Israël incite l’opinion publique palestinienne à se méfier et à les rejeter, les présentant comme des traîtres. Par conséquent, ces groupes ont été condamnés de diverses manières au fil des ans. L’histoire n’est donc pas encourageante. »

Malgré cela, Geffen estime que la situation actuelle dans l’enclave côtière est sans précédent et peut offrir une nouvelle opportunité, ancrée dans la démographie spécifique de Gaza.

Il a expliqué que la bande de Gaza est composée de trois populations principales : les habitants d’origine, les tribus bédouines arrivées du Sinaï et une très grande population de réfugiés de 1948 venus dominer Gaza.

« Les descendants des réfugiés des camps ont pris le contrôle de la bande de Gaza. Finalement, c’est le Hamas qui a pris le pouvoir », a déclaré Geffen.

« Si nous arrivons à une situation où le Hamas – c’est-à-dire les réfugiés dans la traduction gazaouie – à un point où ils comprennent qu’ils ont causé un terrible désastre pour Gaza, pour 2 millions de personnes qui ne voient pas la reconstruction à l’horizon, s’ils voient cela et que cela pénètre leur conscience, alors des groupes comme Abu Shabab et d’autres qui disent : « Nous venons vous sauver de la catastrophe », pourront établir une base pour exister et pourront survivre », a-t-il estimé.

« Du point de vue d’Israël, c’est actuellement la solution préférée, car personne ne veut du Hamas, et personne ne veut de l’Autorité [palestinienne] parce que l’Autorité elle-même est un organisme complètement hors de propos qui n’apportera rien », a ajouté Geffen.

Un outil essentiel pour renforcer ces nouveaux groupes, a-t-il suggéré, sera l’effort de reconstruction massif dont Gaza aura besoin. En donnant à ces nouveaux chefs de clan le contrôle des entreprises de construction locales, du recrutement de la main-d’œuvre et de la sécurité des chantiers, Israël et ses partenaires internationaux pourraient contribuer à créer une nouvelle base de pouvoir organique, offrant des avantages tangibles à la population, remettant directement en cause le contrôle politique du Hamas, a-t-il soutenu. Cet effort visant à cultiver des alternatives locales au Hamas pourrait être soutenu et financé par les États modérés du Golfe.

« Je les poursuivrai »

Dans une interview accordée le 6 juillet à Kan News , Yasser Abu Shabab a déclaré que sa milice de Gaza avait reçu des armes d’Israël pour tenir tête au Hamas, ajoutant : « Nous avons goûté à l’amertume et à l’injustice que le Hamas nous a causées, et nous avons pris sur nous de faire face à cette agression.

Il a ajouté que son organisation se déplace facilement à Rafah et se trouve dans une zone entièrement sous contrôle de Tsahal. Abu Shabab a décrit le Hamas comme « un ballon gonflé. Le Hamas lutte pour sa survie. Il se dirige vers un accord qui est sa dernière voie vers la fin de son existence, la fin de l’organisation sur le plan moral et physique. Physiquement, je les poursuivrai. »

Geffen a interprété cette interview comme un message d’Abou Shabab adressé au Hamas et aux Gazaouis, leur signifiant qu’il bénéficiait de la protection de Tsahal. « Cela signifie que si je suis menacé, que les FDI, les avions de chasse sont menacés, quelqu’un viendra me protéger. C’est ce qu’il semble dire, car il s’exprime de manière très explicite et ouverte. »

Geffen a également ajouté qu’il pourrait y avoir plusieurs autres groupes soutenus par Israël de manière cachée, potentiellement par l’intermédiaire du Shin Bet ou du Coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires.

Ce sont des processus. Nous en voyons le début. Nous avons vu un reportage sur l’exfiltration d’une cellule de Gazaouis par Tsahal, dont un a été emmené à l’hôpital. Il semble qu’il s’agisse de personnes activées par Tsahal ou le Shin Bet. Autrement dit, nous pouvons estimer qu’il existe différentes manières de s’intégrer ou de coopérer à de telles activités, tant par le combat que par la reconstruction.

Alors qu’Israël voit cela comme une voie à suivre, l’Autorité palestinienne y voit un scénario qui l’exclut de l’avenir de la bande de Gaza. Jibril Rajoub, secrétaire général du Comité central du Fatah, a déclaré le 13 juillet lors d’une interview accordée à une chaîne de télévision égyptienne que tout cessez-le-feu sans direction palestinienne unifiée serait une « recette pour la guerre civile ».

Il a accusé Israël de « créer et d’armer des milices pour l’après-guerre » et a affirmé qu’un futur État palestinien devait reposer sur « une seule autorité, une seule arme, une seule loi, un seul policier » sous l’autorité de l’Autorité palestinienne. Pourtant, le décalage entre les propos de Rajoub et la réalité à Gaza ne pourrait être plus grand.

Le Hamas, pour sa part, traite les clans et milices rivaux comme une menace directe. Le 3 juillet, il a lancé un ultimatum de dix jours, ordonnant à Yasser Abou Shabab de se rendre et d’être jugé pour trahison.

« Une force de combat considérable »

Joe Truzman, analyste principal au Long War Journal de la Fondation pour la défense des démocraties, basée à Washington , a déclaré : « L’armement israélien des clans n’a pas exercé une pression suffisante sur le Hamas pour provoquer une crise. Bien que considérablement affaibli, le Hamas demeure l’organisation dominante à Gaza. […] La principale préoccupation du Hamas est que plusieurs groupes d’opposition armés se développent et deviennent une force de combat considérable. »

Ahmad Sharawi, analyste de recherche au FDD, a ajouté que le Hamas utilisera l’étiquette de « collaborateur » pour justifier ses actions.

« Les médias palestiniens se sont déjà retournés contre ces individus, les qualifiant de traîtres et de collaborateurs. Le Hamas, quant à lui, justifie souvent sa répression contre les dissidents locaux en les présentant comme responsables de cette prétendue trahison », a-t-il déclaré.

Yaakov Lappin est un correspondant et analyste militaire basé en Israël. Il est analyste interne à l’Institut Miryam, chercheur associé au Centre de recherche et d’éducation Alma et chercheur associé au Centre Begin-Sadat d’études stratégiques de l’Université Bar-Ilan. 

Source:jns

Yasser Abu Shabab, chef du clan et de la milice Abu Shabab basés à Rafah. Source : Réseaux sociaux.

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