Emmanuel Razavi & Jean-Marie Monli, La pieuvre de Téhéran. Cerf
Cet ouvrage se veut une solide enquête sur les réseaux d’influence et d’espionnage de l’Iran en France et dans le monde. Tous ceux qui se sentent concernés par les secousses telluriques qui traversent notre monde actuellement devraient le lire. On y découvre dès les premières pages la justification du titre: l’écrasante majorité des attentats, des enlèvements et des troubles à l’ordre international trouvent leur origine, en effet, dans le pays des ayatollahs. Et Téhéran ne herche même plus à s’en cacher.
Le livre commence par une évocation glaçante du massacre du 7 octobre où la main du régime iranien est nettement visible. Même quand on a pris connaissance de toutes ces horreurs, on n’en ressort pas indifférent môme la première fois. Et de se poser la question, restée sans réponse satisfaisante : mais où était Tsahal ? Pourquoi a–t-il-mis des heures à intervenir, alors que les terroristes se déplaçaient sans entrave ans les agglomérions du sud du pays. Ce qui est à peine croyable, quand on y réfléchit après coup…
Je sais qu’on ne refait pas l’histoire mais tout de même la tuerie aurait pu être évitée, si l’on remontait aux années où l’âme de la République islamique d’Iran, KHomeyni vivait paisiblement en Irak avant de bénéficier , peu de stems après, de l’hospitalité d’une grande puissance européenne, la France. Les experts n’avaient pas correctement délimité le danger. Si l’on avait mis fin à cette ignorance du danger, on aurait évité d’innombrables malheurs : près d’un demi siècle de menaces, d’intimidations et de troubles en tout genre. Notamment les attaques à l’ordre international et les enlèvements de touristes innocents pour contraindre les Occidentaux à respecter la mollarchie…
Je pense au croisement des idéaux islamistes de Téhéran avec les mouvements palestiniens de libération, ou prétendus tels. Yasser Arafat a fait preuve d’inventivité et de beaucoup de pragmatisme en se rendant sur place le premier pour saluer le future guide suprême ; on n’y a pas vraiment prêté attention mais cette future alliance va influer de manière décisive sur la suite des événements. Les auteurs de ce livre clairvoyant l’éventent : désormais la route de la libération de la Palestine passe par Téhéran . Les deux auteurs démontent minutieusement ce mécanisme et montrent l’intrication des futurs alliés puisque la libération de la Palestine allait devenir le ciment de toute la politique iranienne au Proche Orient : désormais, tous les efforts de l’Iran se déploieront autour de la guerre contre le grand Satan (les USA) et le petit Satan (Israël). Comment la cause palestinienne a-t-idéelle eu prendre un tel ascendant sur l’imam Khomeyni au point de subordonner toute la politique du pays à cette cause alors que Israël n’a aucun conflit frontalier d’importance avec Téhéran ? On ne peut pas parler d’incurie de la part des puissances occidentales, incapables de comprendre l’incompréhensible discours de fanatiques religieux, convaincus d’avoir un accès direct et illimité à la science divine..
Cet exemple iranien a valeur de paradigme : les gens qui ont produit cette culture ou qui ont été produits par elle, ne réussissent pas à sortir de leur catégorises mentales, alors que l’on attend d’eux qu’ils le fassent… Ceux que l’Occident considèrent comme des experts de ce monde arabo-islamique se sont fourvoyés depuis des décennies. Aucune religion n’autorise de commettre des fautes sciemment : pour eux, leur foi autorise tout, elle permet tout, à la seule fin de remporter une victoire totale sur les mécréants.
Quand on lit le chapitre consacré aux relations de l’Iran avec la France, on se dit que la lune de miel aurait pu durer plus longtemps. Certes, il y avait le projet Eurodif et les réclamations du régime islamique… Mais bien auparavant, la France et la culture française étaient très appréciées. Mais les nuages s’accumulèrent sur les relations franco-iraniennes. La politique de la République islamique d’Iran suivra d’autres voies, commandaient même des attentats sanglants afin de parvenir à ses fins..
On pourrait encore discourir à perte de vue sur les institutions politiques et religieuses de cette république islamique, tant ses tentacules vont loin. Ce régime a fini par comprendre la parti qu’il pouvait tirer d’une lutte pour l’influence sur tous les corps d’État. Les mollahs ont infiltré de larges fractions des partis politiques du monde, les universités, les mouvement ta de jeunesse. Ils ont même, tout récemment réussi à recruter des espions à leur solde en Israël même, : des espions israéliens et juifs qui espionnent pour Téhéran. C’est à peine croyable.
On se demande si la meilleure des choses ne serait pas de hâter la chute de ce régime qui dilapide les revenus de la manne pétrolière ou gazière et laissent ses citoyens végéter.
Les prochain mois, ou les prochaines années apporteront des nouveautés. Car en se défendant férocement, le régime va en se renforçant, ce qui ne manquera pas d’accélérer sa chute.
Maurice-Ruben Hayoun est un philosophe, exégète et historien, spécialiste de la philosophie juive.
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