Heures de travail : les Français toujours derrière leurs voisins européens.
Depuis la mise en place de la retraite à 60 ans par Mitterrand en décembre 1981, suivie de l’ordonnance du 13 janvier 1982 qui réduit la durée du travail à 39 heures hebdomadaires et introduit une cinquième semaine de congés payés, le temps de travail des Français a continué à diminuer. En 1998, sous le gouvernement de Lionel Jospin, la durée légale du travail a été réduite à 35 heures hebdomadaires par la loi Martine Aubry. Ces réformes, portées par des socialistes qui semblaient déconnectés des réalités économiques, ont, selon certains, contribué à transformer les Français en une nation de fainéants. Pour les syndicats, ces avancées sont perçues comme des acquis irréversibles. Parallèlement, les écologistes ont entrepris de détruire la filière nucléaire, en faveur d’énergies dites vertes, mais dont l’instabilité est un handicap majeur : lorsque les éoliennes produisent de l’électricité, elle coexiste souvent avec celle produite par le nucléaire, rendant l’équilibre énergétique difficile à maintenir.
Selon l’OCDE, en 2024, la France demeure l’un des pays les moins performants avec seulement 666 heures travaillées par habitant, bien loin de la moyenne européenne qui avoisine les 770 heures.
La tendance semble inchangée. Quand on rapporte le nombre total d’heures travaillées à l’ensemble de la population, la France est systématiquement en queue de peloton des grandes nations développées. L’OCDE a encore une fois pointé cette contre-performance, soulignant que, en 2024, le nombre d’heures travaillées par habitant en France s’élevait à 666 heures, tandis que la moyenne dans l’Union européenne atteignait 776 heures. Pour la zone euro, ce chiffre se situe à 750,32 heures, soit un écart de 16,5 % par rapport à la France.
Des écarts encore plus marqués à l’international.
La comparaison avec nos voisins est également sans appel. En 2024, un Italien a travaillé 767 heures, un Espagnol 731 heures, un Allemand 724 heures. Plus loin encore, au Canada, ce chiffre atteint 870 heures. Et dans des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni, même si les chiffres de 2024 ne sont pas encore disponibles, la tendance des années précédentes montre des durées de travail respectivement de 847 et 888 heures.
Pourquoi la France est-elle le pays de l’OCDE où l’on travaille le moins ? Ce n’est pas tant parce que les travailleurs français font moins d’heures que leurs homologues, même si c’est partiellement vrai, mais parce qu’il y a moins de personnes qui travaillent – particulièrement chez les jeunes et les seniors.
Certains avertissent qu’il faut être prudent avec ces données, notamment en raison de biais démographiques. Par exemple, la natalité et l’espérance de vie en France sont plus élevées que dans d’autres pays, bien que ces biais soient jugés faibles par l’OCDE. De plus, ces chiffres ne disent rien de la durée réelle de travail de ceux qui sont employés, alors que d’autres données montrent régulièrement que la durée hebdomadaire des salariés à temps complet en France est généralement plus courte que dans d’autres pays.
Un léger mieux, mais insuffisant.
Le gouvernement pourra se consoler en notant que, bien que la France reste à la traîne, le nombre d’heures travaillées par habitant a légèrement augmenté en 2024. Il est même plus élevé qu’en 1995, année où cette statistique a été introduite, où la durée était de seulement 630 heures. Mais, à l’échelle internationale, cette amélioration semble bien modeste, surtout lorsque l’on voit que certains pays, comme l’Allemagne, ont vu leurs heures de travail baisser de façon marginale.
La gauche a-t-elle un problème avec le travail ?
Le débat sur le travail a connu des bouleversements importants ces dernières années. Marion Fontaine revient sur le célèbre pamphlet de Paul Lafargue, Le Droit à la paresse (1880), qui critique le « droit au travail » de 1848 et s’interroge sur son usage dans la politique contemporaine.
Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, aurait sans doute été surpris de voir son pamphlet aussi souvent cité dans les débats publics modernes. En 2024, Gabriel Attal a refusé l’idée d’un « droit à la paresse », tandis que la députée écologiste Sandrine Rousseau l’a revendiqué, notamment pour les plus pauvres et vulnérables. Cependant, ces discussions sont souvent mal interprétées. Dans son texte, Lafargue dénonçait la « maladie du travail » et imaginait un avenir où les machines et les gains de productivité réduiraient la durée du travail à trois heures par jour. Ce temps libéré serait consacré à des plaisirs simples, comme la nature et la fête. Mais il ne faut pas accorder trop de sérieux à ce pamphlet « marxo-rabelaisien », écrit pour provoquer et critiquer les conventions bourgeoises et républicaines.
Une gauche qui valorise le travail, mais dénonce l’exploitation.
La gauche du XIXe siècle, née avec l’industrialisation, a toujours célébré le travail comme une source de progrès et d’humanité, tout en dénonçant l’exploitation des ouvriers. De Marx à Jaurès, en passant par Zola, les intellectuels et écrivains ont salué le travail créateur, symbole d’émancipation et de dignité humaine. La bourgeoisie, quant à elle, était vue comme une classe parasitaire, opposée aux travailleurs qui portaient l’avenir.
À la fin du XIXe siècle, une inflexion apparaît : le temps libre, tel qu’imaginé par les socialistes, pourrait être un bien démocratique accessible à tous, et non un privilège bourgeois. Mais ce temps libre n’était pas synonyme de paresse. Il visait à offrir aux travailleurs la possibilité de se ressourcer, de cultiver leur corps et leur esprit, de s’épanouir dans des loisirs collectifs et de se consacrer à des projets sociaux et politiques.
Le temps libre : un droit, mais pas un droit à la paresse.
Dans le contexte moderne, la question du travail a évolué. Le Front populaire a apporté des avancées, mais les transformations économiques ont rendu les concepts d’un temps libre éducatif et collectif obsolètes. De plus, la montée des idées écologistes et antiproductivistes a remis en cause l’importance du travail salarié. Cependant, même dans les versions les plus radicales de ces courants, il n’est jamais question de revendiquer la paresse, mais plutôt une réappropriation du temps par tous – un travail libre et réduit, un temps de vivre qui soit émancipateur.
Aujourd’hui, la question du travail et du temps libre reste cruciale, mais il est peut-être temps de dépasser la polémique sur la paresse et de repenser sérieusement l’équilibre entre ces deux dimensions de la vie humaine.
La mondialisation et ses défis.
Le XIXe siècle et le début du XXe siècle ont largement ignoré les défis de la mondialisation, qui met aujourd’hui en concurrence les capacités de production et les coûts à l’échelle mondiale. Les erreurs stratégiques de la classe dirigeante, notamment concernant la nécessité de maintenir une production nationale vitale pour l’indépendance, se sont manifestées lors de la crise du Covid-19. Cette crise a révélé la dépendance de la France, non seulement financière, mais aussi en termes de production, ce qui a accentué la dette nationale et les faiblesses géopolitiques.
La solution : remettre les Français au travail.
Pour relever ces défis, il semble nécessaire que les Français prennent à nouveau leur travail au sérieux, afin de répondre aux enjeux économiques et géopolitiques actuels.
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