Israël a gagné du temps
Comment l’élimination ciblée du père du programme nucléaire iranien a changé la donne.
Le 27 novembre 2020, un assassinat ciblé a secoué l’Iran et résonné dans toute la région : celui de Mohsen Fakhrizadeh, scientifique de premier plan et cerveau du programme nucléaire iranien. Bien que Téhéran ait rapidement accusé le Mossad israélien, l’État hébreu n’a jamais officiellement revendiqué l’opération – pas même après les tensions militaires de juin dernier. Pourtant, de nouvelles informations révèlent que cette opération avait un objectif bien plus large qu’un simple acte de sabotage : elle visait à offrir du temps stratégique à Israël.
Selon les sources du Jerusalem Post, l’assassinat de Fakhrizadeh fut bien plus complexe qu’il n’y paraissait. Ce n’est pas un tir isolé ou une frappe expéditive : il s’agissait d’une opération méticuleusement planifiée, impliquant plus de 20 agents sur le terrain, l’introduction clandestine de matériel militaire sophistiqué et une surveillance de longue haleine.
Ce 27 novembre, alors que Fakhrizadeh circule en voiture à l’est de Téhéran avec son épouse, il est pris pour cible. D’abord touché, il parvient à sortir du véhicule, visiblement encore en vie. C’est alors que les tireurs, maintenus en position malgré les risques, l’abattent de manière définitive. Le danger d’être découverts était réel, mais l’ordre était clair : s’assurer que la cible ne survive pas.
Trois jours plus tard, le 30 novembre, la République islamique organise des funérailles nationales pour Fakhrizadeh. Son cercueil, enveloppé du drapeau iranien, est porté avec les honneurs. Pour les autorités iraniennes, il est un « martyr », victime d’un acte de guerre technologique. Le général Ali Shamkhani affirme que l’arme utilisée – une mitrailleuse télécommandée par satellite – relevait de la science-fiction. Pourtant, les services israéliens ont confirmé discrètement que ce système de tir à distance, ultra-précis, était bien réel.
L’opération aurait nécessité huit mois de préparation. Les composants de l’arme ont été introduits en Iran en pièces détachées, puis assemblés sur place. Une Nissan Zamyad bleue, modifiée pour accueillir une mitrailleuse M240C, avait été positionnée le long du trajet de Fakhrizadeh. Une autre voiture en panne, équipée de caméras, servait à confirmer l’identité de la cible en amont.
Derrière cette opération chirurgicale se trouve Yossi Cohen, alors directeur du Mossad. Son prédécesseur, Meir Dagan, avait envisagé une attaque dès 2009, mais avait renoncé, considérant le coût opérationnel trop élevé. Ce n’est qu’en 2020 que l’ordre fut exécuté, à un moment jugé crucial pour la sécurité israélienne.
En apparence, l’Iran était déjà avancé sur le plan nucléaire : des milliers de centrifugeuses en service, y compris de modèles avancés, et une équipe de scientifiques capables de poursuivre le programme en l’absence de leur leader. Pourtant, Fakhrizadeh détenait un rôle unique. Il avait la confiance directe de l’ayatollah Khamenei, coordonnait les recherches sensibles, et maîtrisait l’art de dissimuler les infrastructures nucléaires aux inspections occidentales.
Tamir Pardo, autre ancien patron du Mossad, reconnaît qu’en 2020, Fakhrizadeh était « techniquement remplaçable », mais politiquement et stratégiquement irremplaçable. Son influence au sommet du régime en faisait un obstacle majeur.
Avec sa mort, Israël a gagné du temps.
Du temps pour freiner l’enrichissement à 60 %, pour renforcer ses capacités de renseignement, et pour se préparer à une éventuelle frappe contre les installations nucléaires iraniennes. Certains experts estiment que cette opération a offert à l’État hébreu plusieurs années de répit, précieuses dans la course contre la montre que constitue la prolifération nucléaire dans la région.
En juin dernier, Israël a de nouveau frappé des cibles iraniennes, montrant que la menace persiste. Mais le vide laissé par Fakhrizadeh a permis de désorganiser temporairement les efforts nucléaires iraniens, retardant la construction d’une bombe.
Le successeur de Cohen, ainsi que les chefs militaires israéliens, héritent désormais de cette mission : empêcher l’Iran d’accéder à l’arme atomique. Un objectif que les analystes militaires jugent plus urgent que jamais, dans un contexte où l’équilibre stratégique au Moyen-Orient reste extrêmement fragile.
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