La Grande-Bretagne est en colère contre la France
Immigration : l’accord franco-britannique bousculé par des traversées massives
Au moment même où le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président Emmanuel Macron annoncent un nouvel accord bilatéral sur l’immigration, la situation sur le terrain semble échapper à tout contrôle. Des centaines de migrants ont franchi la Manche depuis les côtes françaises, remettant en question l’efficacité et la crédibilité du dispositif annoncé.
Ce nouveau programme, surnommé « un entrant, un sortant », vise à permettre un retour rapide en France des migrants interceptés en mer, en contrepartie de l’accueil régulé par le Royaume-Uni de demandeurs d’asile sélectionnés selon des critères stricts. Mais la traversée de jeudi, en plein sommet politique, a mis à mal cette intention.
Une traversée qui fait polémique
Jeudi matin, plusieurs embarcations ont quitté les plages autour de Gravelines, dans le nord de la France. Des journalistes du Telegraph ont observé l’un des canots pneumatiques contenant près d’une cinquantaine de migrants, majoritairement des jeunes hommes venus d’Afrique de l’Est. Trois policiers français présents sur les lieux ont été accusés de passivité, n’intervenant pas pour empêcher la traversée.
L’un des bateaux a même chaviré, nécessitant une intervention de sauvetage. Au total, 74 hommes, une femme et trois enfants ont été remis à la police des frontières britannique après une assistance de la marine française. Fait inhabituel, les autorités françaises ont réclamé la restitution des gilets de sauvetage prêtés lors de l’opération.
Starmer lance un programme pilote
Face à l’augmentation des arrivées – près de 33 200 traversées recensées entre janvier et juin – le Premier ministre britannique a annoncé un plan pilote de retours accélérés, qui devrait entrer en vigueur « dans les prochaines semaines ». Starmer a insisté sur l’importance d’une réponse conjointe :
« Il n’existe pas de solution miracle. Mais avec un effort collectif et des mesures renouvelées, nous pouvons changer la donne. »
Selon les termes du projet, un migrant intercepté serait renvoyé en France, et en échange, un autre serait accueilli légalement au Royaume-Uni. L’idée est de bloquer les filières illégales tout en maintenant une porte ouverte aux vrais demandeurs d’asile par des canaux encadrés.
Cependant, le dispositif a ses limites : seulement 50 migrants pourraient être renvoyés en France chaque semaine, ce qui correspond à un sur 17 des arrivées de l’an dernier. Un chiffre jugé largement insuffisant par l’opposition conservatrice britannique.
Macron critique le Brexit
Lors de leur conférence de presse conjointe, Emmanuel Macron n’a pas hésité à pointer du doigt le Brexit comme responsable d’une partie du problème :
« Le Brexit promettait de rendre la gestion de l’immigration plus efficace. En réalité, le Royaume-Uni n’a plus d’accord de réadmission avec l’Union européenne. »
En l’absence de cadre européen, Londres doit désormais négocier individuellement avec chaque État membre, ce qui complexifie la gestion des retours. Ce désengagement européen prive aussi le Royaume-Uni des mécanismes communautaires de répartition des demandeurs d’asile.
Inquiétudes européennes
L’accord franco-britannique soulève également des tensions en Europe. Dans une lettre conjointe adressée à la Commission européenne, cinq pays en première ligne sur la question migratoire – Italie, Espagne, Grèce, Malte et Chypre – ont exprimé leur opposition à cette initiative bilatérale. Ils redoutent qu’un afflux de migrants refoulés depuis le Royaume-Uni leur soit imposé indirectement.
Selon eux, un tel mécanisme « crée un précédent dangereux » et met en péril l’équilibre déjà fragile de la gestion migratoire sur les côtes sud de l’Europe.
Vers une coopération renforcée ?
Malgré ces critiques, les deux dirigeants ont affiché leur volonté de travailler main dans la main, affirmant que ce sommet marquait un tournant dans la relation franco-britannique. Starmer a déclaré :
« Nous devons affronter ces défis avec unité, pour garantir la sécurité et la prospérité de nos populations. »
Au-delà de la question migratoire, un entretien stratégique est prévu avec d’autres partenaires européens pour coordonner une mission de dissuasion face à la Russie, notamment dans le contexte ukrainien.
Alors que le projet « un entrant, un sortant » débute à peine, les événements de ces derniers jours illustrent l’ampleur du défi. Les flux migratoires incontrôlés, les désaccords diplomatiques et les limites opérationnelles du nouveau plan mettent déjà à rude épreuve la coopération entre Paris et Londres.
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Pas contre la France, mais contre le gouvernement macron. Comme beaucoup de français.