Dans l’ombre et la peur, des Iraniens saluent la chute des généraux du régime. Pour eux, Israël agit là où l’Occident a failli.
Le 17 juin 2025, j’ai reçu une vidéo envoyée par une femme vivant à Téhéran. Le visage dissimulé, la voix volontairement altérée, elle déclarait : « Même sous les bombardements israéliens, je me sens davantage menacée par la République islamique que par Israël. »
Les voix clandestines
J’ai passé la moitié de ma vie en Iran. Depuis mon départ, j’ai consacré beaucoup de temps à échanger avec ceux qui vivent encore sous le régime. Je fais partie de réseaux militants depuis de longues années. En plus de mes chaînes YouTube en persan et en anglais, j’anime une chaîne Telegram en persan particulièrement active, ainsi qu’une communauté Discord, elle aussi en persan, toutes deux dédiées à la lutte contre la République islamique. Sur mes réseaux en anglais, je dialogue avec des Israéliens ; sur ceux en persan, avec des Iraniens. J’ai également voyagé en Israël et en Palestine, et j’entretiens des liens étroits avec de nombreux Israéliens.
Les Occidentaux ont tendance à oublier que ce n’est pas Israël qui a déclenché la guerre. Depuis 1979, la République islamique mène une guerre contre les Iraniens et les Israéliens. Des exécutions massives et des pendaisons publiques ont été perpétrées. Des enfants ont été abattus en pleine rue. Des femmes ont été violées en détention. Des manifestants ont été éborgnés. Et pendant tout ce temps, le régime n’a cessé de promettre, sans aucune provocation, l’anéantissement total d’Israël.
Une femme m’a écrit pour remercier Israël d’avoir éliminé les assassins de Kian Pirfalak, un enfant de 9 ans. Une autre m’a dit : « Ce qu’Israël a accompli en quelques jours, nous n’avons pas réussi à le faire en quarante-six ans. »
Quarante-six ans de terreur
Depuis des décennies, les manifestants en Iran s’efforcent de renverser le régime. Ils ont été abattus dans les rues pour leur engagement. En 2019, le régime a massacré plus de 1 500 personnes en l’espace de trois jours, sans jamais avoir à rendre de comptes ni à faire face à la moindre forme de justice. Pourtant, la population n’a pas cessé de lutter. Aujourd’hui, pour la première fois, elle voit ceux qui ont ordonné ces crimes – les généraux, les commandants – être éliminés. Pas par des hashtags ni des résolutions onusiennes, mais par de véritables frappes aériennes. Par Israël. Et elle en éprouve de la gratitude.
Le régime n’a construit aucun abri anti-aérien à destination du public. Il n’y a eu ni sirènes ni alertes. Ils n’ont rien entrepris pour prévenir la population quand les bombes ont commencé à tomber. Par contre, ils ont coupé l’accès à Internet. Alors que les habitants avaient un besoin vital de savoir où tombaient les bombes, où se mettre à l’abri et où trouver de la nourriture et du carburant, le gouvernement a plongé tout le pays dans le noir. Ils redoutent tellement les manifestations qu’ils préfèrent voir les gens mourir dans le chaos plutôt que de risquer un nouveau soulèvement. Un homme a appelé ma chaîne pour dire : « C’est incroyable que vous [Israël] nous informiez des zones à évacuer avant de frapper. Nos propres dirigeants ne prennent même pas cette peine. »
Voici quelques-unes des remarques adressées directement aux Israéliens : « Ce n’est pas une guerre entre Israël et l’Iran. C’est une guerre entre Israël et la République islamique. »
« Cyrus a libéré les Juifs de Babylone. Aujourd’hui, ce sont les Juifs qui nous libèrent de nos propres tyrans. »
« Merci, Bibi. Continue. » « Tranchez la tête du serpent. Nous nous chargerons du reste. » « Nous sommes vos alliés naturels. De Téhéran à Tel-Aviv. »
Un couple a enregistré un message de remerciement depuis une pièce plongée dans le noir, en Iran. Ils ont commencé par énumérer les noms des victimes du régime – filles, garçons, manifestants, artistes – avant de remercier Israël d’avoir abattu leurs bourreaux.
L’une des vidéos les plus surréalistes que j’ai reçues montrait un homme en uniforme militaire complet de l’Artesh. Son visage était dissimulé, mais sa voix restait calme. Il déclarait : « Il n’y a rien de pire que la survie de ce régime. »
L’Artesh est le vestige de l’armée nationale iranienne d’avant 1979. Elle se distingue du corps des gardiens de la Révolution islamique, le CGRI. Elle est moins idéologique et certains de ses membres nourrissent, en secret, une certaine sympathie pour le peuple iranien. Ce soldat n’était pas seulement animé par la colère contre le régime : il souhaitait sa chute. Et affirmait que la seule véritable compétence du régime résidait dans la propagande, et que celle-ci était désormais en train de s’effondrer.
Comme plusieurs personnes l’ont rappelé dans leurs vidéos, en 2019, le régime a tué 1 500 manifestants en trois jours, sans aucun avertissement avant que les balles ne commencent à siffler. Une femme a déclaré : « Israël ne nous tuera jamais plus que le régime. » Une autre a ajouté : « Au moins, Israël vise les chefs du CGRI. Il ne bombarde pas les civils. »
Sous les bombes
Même lorsque des civils perdent la vie, ces Iraniens savent parfaitement qui porte la responsabilité. « C’est le régime qui a déclenché cette guerre. Il se cache derrière nous. Il se fiche de nous voir mourir », m’a confié l’un d’eux. « Si nous l’avions renversé plus tôt, nous n’en serions pas là aujourd’hui », a commenté un autre.
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles je souhaite ardemment la chute de ce régime. Cela signifierait la fin du financement du terrorisme, l’arrêt des livraisons de missiles au Hezbollah et de drones aux houthis, ainsi que la fin des versements au Hamas. Quatre-vingt-dix millions d’Iraniens pourraient réintégrer la communauté internationale. Il n’y aurait plus de diplomatie des otages. La fuite des cerveaux cesserait, et les esprits les plus talentueux resteraient dans leur pays. Le CGRI ne pourrait plus détourner l’argent du pétrole pour le convertir en roquettes. Israël pourrait enfin respirer, débarrassé de cette menace existentielle à ses frontières. Le Moyen-Orient ne serait plus pris en otage par un État voyou : un changement de régime à Téhéran est une condition préalable à la paix et à la prospérité régionales. Comme l’a écrit l’un de mes correspondants : « Lorsque le régime aura disparu, Israël et l’Iran ramèneront la paix au Moyen-Orient. »
Israël est en train de démanteler la République islamique sous nos yeux. Trente hauts commandants du CGRI ont été éliminés. Les tentacules du régime – le Hamas, le Hezbollah, les houthis, Kataeb Hezbollah en Irak, les PMF (les Forces de mobilisation populaire, une milice chiite opérant en Irak) – ont tous été décapités ou mis en déroute. Les réseaux de défense aérienne du régime ont été neutralisés, leurs lance-missiles réduits en cendres, leurs systèmes de communication piratés. Israël est en train d’effacer méthodiquement l’État le plus dangereux au monde en matière de soutien au terrorisme, et il le fait avec une clarté morale que le reste de la planète lui a externalisée depuis des décennies.
Trente hauts commandants ont été tués. Chacun de ces officiers contrôlait une partie de l’infrastructure terroriste mondiale de l’Iran : les cellules de la Force Al-Qods en Europe, les ateliers de fabrication de drones au Yémen, les circuits d’acheminement de fonds vers Gaza. Privé d’eux, le régime voit sa coordination paralysée, ses financements taris et ses agents sur le terrain opèrent à l’aveugle.
La pieuvre décapitée
Les relais de l’Iran sont eux aussi en déroute. Le Hamas a perdu les hommes qui avaient cartographié les capteurs de la frontière israélienne. Les dépôts de munitions du Hezbollah ne sont plus que des cratères visibles depuis l’espace ; leurs stocks d’armements de précision ont été méthodiquement dispersés. Les houthis ne peuvent plus lancer de drones sans les pièces détachées que la République islamique leur envoyait, ce qui devient beaucoup plus difficile maintenant que tant de responsables du transport maritime ont péri et que les entrepôts partent en fumée. Kataeb Hezbollah a tenté de combler le vide en Irak, mais les frappes américaines et israéliennes ont réduit leurs postes de commandement en cendres. Tous les tentacules de la pieuvre de la République islamique sont soit cautérisés, soit en train de s’agiter comme des bras bientôt morts.
À l’intérieur de la République islamique, la situation du régime est encore plus désastreuse. Les sites radar autour d’Ispahan, de Shiraz et de Bandar Abbas ont été brouillés ou détruits, laissant les équipes chargées des missiles face à des écrans vides. Le régime a beau se vanter de ses missiles supersoniques, on ne peut pas tirer ce qu’on ne voit pas et qu’on est incapable de coordonner. La défense aérienne a été paralysée, tandis que les drones israéliens tournent au-dessus de nos têtes, transmettant en direct des images aux pilotes qui sirotent leur café dans le Néguev.
L’Occident absent
Alors que l’Occident préférait confier sa clarté morale à des processus – déclarations de l’ONU, communiqués de presse de l’UE, discussions sans fin à Vienne –, la République islamique armait des milices qui ont bombardé un centre communautaire juif à Buenos Aires, tué des Marines américains à Beyrouth et fourni les EFP (explosifs à effet de souffle) qui ont décimé des patrouilles américaines en Irak.
Renverser le régime iranien, c’est priver le djihadisme de sa principale source de financement. Chaque opération réussie de l’armée israélienne aujourd’hui empêche un attentat contre un bus ou une ambassade demain. C’est le compromis stratégique : des frappes ciblées aujourd’hui plutôt que des funérailles de masse plus tard. Que vous appeliez cela de la prévention ou de la légitime défense, ce qu’Israël accomplit mènera, espérons-le, au démantèlement d’une mafia théocratique qui asphyxie le Moyen-Orient depuis quarante-six ans.
Cette hiérarchie d’objectifs explique pourquoi Israël se trouve en première ligne d’un conflit mondial que Washington et Bruxelles continuent, à tort, de présenter comme régional. Si Israël devait tomber, le régime iranien gagnerait une profondeur stratégique, établirait des corridors terrestres incontrôlés et profiterait d’un élan idéologique pour poursuivre sa guerre vers l’ouest. La défense d’Israël est le principal rempart contre les prochaines phases d’un projet clairement affiché : démanteler le système même de stabilité dont bénéficient toutes les nations commerçantes, y compris les États-Unis.
Les isolationnistes, qu’ils soient de la droite « America First » ou de la gauche progressiste, affirment qu’en se tenant à l’écart de la guerre contre la République islamique, les États-Unis réduiront les risques. Mais ce raisonnement passe sous silence les nombreuses attaques visant les intérêts et les capacités américaines, menées par la République islamique et ses supplétifs. Le coût marginal du soutien à Israël est quasiment nul pour les États-Unis, alors que le gain stratégique est considérable.
Et n’oublions pas le coût humain de l’agression de la République islamique : les 241 Marines tués à Beyrouth en 1983, les 85 victimes de l’attentat contre le centre culturel juif Amia à Buenos Aires, les dix-neuf aviateurs morts dans l’attaque des tours Khobar en 1996, et les centaines de soldats américains tombés en Irak sous les EFP fournis par le CGRI – sans compter tous les attentats qui ont échoué. Chaque haut responsable du CGRI éliminé par Israël, c’est un architecte de futures attaques en moins.
Les réseaux terroristes liés au régime s’étendent systématiquement jusqu’à ce qu’ils soient stoppés. Missiles balistiques, drones, unités cyber et milices supplétives projettent déjà la puissance iranienne jusqu’à la Méditerranée et aux Caraïbes. Les deux océans qui séparent les États-Unis de l’Iran ne suffisent plus à garantir leur sécurité. Ce sont toujours les adversaires qui décident du moment où la guerre éclate. S’engager aux côtés d’un allié de première ligne pour contenir la menace aujourd’hui, c’est réduire le risque d’un conflit futur qui exigerait une intervention directe des États-Unis.
Quand – et je suis convaincu qu’il ne s’agit que d’une question de temps – le régime finira par s’effondrer, la feuille de route pour la transition pourrait être relativement simple. Concrètement, voici ce qui pourrait se produire.
Dans un premier temps, le pays pourrait organiser un référendum national sur le système politique. Deux grandes options devraient figurer sur le bulletin de vote : (a) une république sans monarque ou (b) une monarchie constitutionnelle maintenant la couronne comme garant symbolique de l’unité. Ces deux modèles sont, dans les faits, laïques et démocratiques. Un scrutin clair, placé sous observation internationale, pourrait ainsi clore quatre décennies de confrontation entre la République islamique et le peuple iranien.
Deuxièmement, les Iraniens pourraient élire un conseil fondateur. Une fois la structure gouvernementale définie par un consensus majoritaire, les électeurs pourraient désigner un organe de rédaction non partisan, composé d’avocats, d’universitaires, de représentants syndicaux et de dirigeants des minorités, chargé de rédiger une constitution laïque. Une fois cette constitution ratifiée, le pays pourrait organiser des élections régulières pour élire les députés d’un nouveau parlement et un nouvel exécutif.
Un effondrement inéluctable
Ma préférence irait vers une solution qui allie continuité symbolique et gouvernance effective : Noor Pahlavi, la fille de Reza Pahlavi, serait reine, tandis que Reza Pahlavi assumerait les fonctions de Premier ministre, chargé des affaires exécutives et de la diplomatie internationale. Mais je respecterai le résultat du référendum ; l’essentiel est de conduire le pays à travers une transition claire et crédible.
Les manifestants qui scandent « Palestine libre » semblent oublier qu’aucune armée moderne n’a fait davantage que l’armée israélienne pour libérer le peuple de Gaza du Hamas. Pendant ce temps, un véritable empire du mal a vacillé sur ses bases. Lorsqu’il s’effondrera, la chaîne d’approvisionnement mondiale du djihad perdra son banquier, son armurier et son phare idéologique. Privé de l’argent du pétrole chiite et de ses entrepôts, le camp djihadiste sunnite se fragmentera ou disparaîtra. Le Kremlin perdra un partenaire déstabilisateur, et le Parti communiste chinois, une distraction bien commode.
La bonne décision est ici évidente. Nous devons soutenir les efforts d’Israël pour affaiblir le régime et offrir au peuple iranien une chance de renverser un gouvernement oppressif et honni. Si vous lisez ces lignes depuis un pays occidental où vous dormez en paix, vous profitez déjà d’une guerre que vous n’avez pas eu à mener. Le minimum que vous puissiez faire, c’est reconnaître qui l’a menée à votre place, et pourquoi.
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