Charlie Hebdo : quand la mémoire fait peur
ÉDITO. Dix ans après les attentats de Charlie Hebdo, un film retraçant le procès est annulé à Saint-Ouen. Officiellement pour éviter tout débat politique. Officieusement ? Par peur. Un renoncement de plus, dans un pays où même la mémoire devient “trop sensible”.
Jules Torres
Ils sont morts pour qu’on puisse en parler. Et dix ans plus tard, on annule la projection d’un film qui raconte ce qu’ils ont vécu. Pas en Iran. Pas au Pakistan. À Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Le documentaire Dieu peut se défendre tout seul, centré sur le procès des attentats contre Charlie Hebdo et la plaidoirie de Richard Malka, devait être projeté ce mercredi. Mais la salle “Commune Image” a subitement déprogrammé l’événement. Motif officiel : leur charte interdit les « manifestations politiques ». Motif réel ? La trouille. La lâcheté.
Car ce film n’est pas un brûlot militant. C’est un acte de mémoire, une parole de vérité sur ce qu’il s’est passé en janvier 2015. Un hommage, aussi. À ceux qui ont été assassinés pour des dessins : Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré… et avec eux, douze morts au total, journalistes, policiers, employés. À ceux qui ont tenu bon, malgré les menaces. Et aujourd’hui, ce simple rappel est devenu indésirable. Ce n’est pas un incident, c’est un glissement. Une salle qui recule, un film qu’on évacue, une voix qu’on étouffe. Rien de spectaculaire. Juste ce qu’il faut de silence pour que l’oubli s’installe.
La censure douce
Bienvenue dans l’ère de la censure douce. Le film n’a pas été interdit par l’État. Personne n’a menacé officiellement la salle. Il a juste disparu du programme. Rayé. Comme ça. Par précaution. Par peur d’un incident. Aujourd’hui, il suffit qu’un sujet trouble l’ordre confortable pour qu’il devienne toxique. Charlie Hebdo, l’islamisme, la liberté d’expression ? Trop clivant. Trop compliqué. Mieux vaut éviter.
Et c’est ainsi qu’on s’habitue à l’autocensure. À ce qu’un film ou un discours deviennent trop “sensibles” pour être montrés sans gilet pare-balles culturel. Ce n’est plus la peur d’un attentat qui paralyse — c’est l’intériorisation de la menace.
Ce climat n’est pas né tout seul. Il a ses pompiers pyromanes : ceux qui passent leur temps à minimiser le terrorisme, à crier à l’islamophobie dès qu’on ose nommer l’ennemi. Oui, il y a une complaisance. Et vous savez très bien de quels élus il s’agit. Quand on passe des années à justifier l’indicible, on ne s’étonne pas que d’autres choisissent de se taire plutôt que de résister.
Face à l’entrisme islamiste, l’heure du sursaut
Heureusement, certains résistent. D’abord, qu’on se le dise : ici, sur CNEWS, Europe 1 et dans les colonnes du JDD, on ne baissera jamais les yeux. L’autocensure n’est pas notre réflexe. Et encore moins quand il s’agit de rappeler les horreurs commises sur notre sol, contre nos concitoyens.
Et nous ne sommes pas seuls. D’autres relèvent la tête. La Licra et Vigilance Collèges-Lycées ont dénoncé cette capitulation. Valérie Pécresse, elle, a proposé de reprogrammer le film dans l’auditorium du Conseil régional. Une offre claire, cohérente avec le combat qu’elle mène depuis des années : faire de l’Île-de-France un rempart contre l’islamisme, là où tant d’autres baissent les yeux.
Montrer un film sur Charlie Hebdo est devenu un acte de bravoure
En réalité, ce film devrait être montré partout. Dans les lycées, les universités, les médiathèques. Non pas pour créer la polémique, mais pour transmettre. Pour dire ce qu’il s’est passé. Pour rappeler ce qu’est la liberté : un droit qui s’use quand on ne s’en sert pas.
En annulant cette projection, “Commune Image” a peut-être cru éviter un problème. En réalité, elle a confirmé un basculement : celui d’un pays où même les évidences tremblent. Montrer un film sur Charlie Hebdo est devenu un acte de bravoure. En France. En 2025. Ce n’est pas seulement un renoncement. C’est une reddition.
Source: www.lejdd.fr
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