Pourquoi la campagne israélienne contre l’Iran reste incomplète
L’opération militaire menée par Israël contre l’Iran en juin 2025 restera, sans nul doute, l’une des actions les plus audacieuses et stratégiquement marquantes de l’histoire contemporaine du Moyen-Orient. En quelques heures, les forces israéliennes ont frappé au cœur des capacités nucléaires et militaires de la République islamique, infligeant des pertes humaines et matérielles significatives à son appareil de sécurité.
Mais derrière ce succès apparent, deux erreurs majeures entachent ce qui aurait pu être un triomphe stratégique total. La participation américaine aux frappes et la survie du guide suprême Ali Khamenei laissent planer un doute : Israël a-t-il véritablement atteint ses objectifs ou a-t-il manqué l’occasion de neutraliser une menace existentielle ?
Une frappe fulgurante, une surprise totale
Dès les premières heures de l’offensive, l’armée israélienne a pris l’ascendant sur le ciel iranien. Les sites de Natanz et d’Ispahan, pierres angulaires du programme nucléaire iranien, ont été sévèrement endommagés, et des figures centrales de l’état-major iranien éliminées. L’ampleur et la précision des frappes ont démontré la capacité technologique et opérationnelle de Tsahal, notamment dans des environnements défensifs parmi les plus sécurisés au monde.
Cette supériorité temporaire a permis de frapper en profondeur l’industrie de l’armement iranienne et de désorganiser le commandement militaire. Le monde entier a assisté, stupéfait, à l’ampleur des dégâts causés par cette opération éclair, exécutée sans précédent dans l’histoire régionale récente.
La participation américaine : un précédent risqué
Cependant, un tournant s’est produit le 22 juin, lorsque les États-Unis ont participé, même de manière limitée, à certaines frappes. Si cette coopération a été médiatisée comme une démonstration d’unité, elle a aussi rompu avec le principe fondamental qui fonde la doctrine israélienne de défense : l’autonomie absolue dans l’action militaire.
La frappe américaine sur le site de Fordow, pourtant considéré comme la cible la plus critique, a été jugée moins efficace que prévu. Des sources internes iraniennes, interceptées après l’attaque, ont laissé transparaître un certain soulagement dans les rangs de Téhéran, évoquant même un impact limité. Cela a contribué à brouiller le message de dissuasion qu’Israël souhaitait envoyer, surtout que le site en question représentait le cœur le plus protégé du programme nucléaire iranien.
Historiquement, Israël s’est illustré par sa capacité à mener seul des actions militaires complexes, de l’opération Entebbe à l’attaque du réacteur nucléaire d’Osirak en 1981. L’intervention américaine dans ce contexte, même partielle, peut être perçue comme une faille dans cette posture d’indépendance stratégique.
Khamenei : l’erreur fatale ?
La seconde erreur, plus grave selon plusieurs analystes, réside dans le fait qu’Ali Khamenei, guide suprême iranien, et son fils Mojtaba, pressenti comme successeur, ont survécu à l’offensive. Pour un régime dont la légitimité repose sur une figure religieuse et idéologique, leur disparition aurait eu une portée bien au-delà du militaire. Elle aurait été perçue comme un désaveu spirituel et politique, potentiellement déstabilisateur pour le régime théocratique.
Téhéran s’appuie sur une idéologie millénariste, considérant son programme nucléaire comme un outil sacré. Ne pas frapper à la tête du régime laisse intacte sa capacité à se régénérer idéologiquement et à reconstituer, à moyen terme, ses moyens militaires.
Une victoire partielle, un avenir incertain
Ce que certains voyaient comme la première guerre israélo-iranienne pourrait n’avoir été qu’un prélude. Bien que des résultats spectaculaires aient été obtenus, l’opération n’a pas permis de porter un coup définitif aux ambitions régionales et nucléaires de l’Iran. Fordow n’a pas été complètement neutralisé, Khamenei reste au pouvoir, et le front du Yémen, où l’Iran dispose d’alliés influents, demeure actif.
Pour Israël, la nécessité de corriger ces erreurs est urgente. Il en va de sa crédibilité stratégique, de la solidité de sa dissuasion régionale, et de sa capacité à se défendre sans soutien extérieur. L’histoire jugera peut-être cette opération comme une victoire, mais une victoire incomplète. Et en géopolitique, ce qui reste inachevé peut vite se transformer en menace persistante.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site