Elon Musk est en train de coloniser l’espace. 7000 de ses satellites Starlink tournent autour de la terre.

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Elon Musk est en train de coloniser l’espace. 7000 de ses satellites Starlink tournent autour de la terre, ce qui représente les deux tiers des satellites actuellement en orbite. Et ce n’est qu’un début : à court terme, il en lancera 12 000, et à long terme, 30 000.

On peut se demander de quel droit. Car si ces satellites en orbite basse (300 à 500 km) ont une utilité indéniable – ils donnent accès à internet dans des zones peu couvertes du monde -, les chercheurs qui travaillent sur l’espace lointain sont très inquiets. En effet, ces engins empiètent de plus en plus sur leur capacité à étudier le cosmos. Ils craignent à juste titre une congestion de l’orbite terrestre basse. Par ailleurs, la durée de vie moyenne d’un satellite Starlink étant de 5 à 7 ans, les satellites obsolètes pourraient polluer notre ciel et multiplier les risques de collision orbitale même si théoriquement il existe une norme internationale sur la fin de vie des satellites que Musk doit respecter (c’est à dire contrôler leur désorbitation, sachant que 95% de l’engin brûlera en rentrant dans l’atmosphère).

Mais qui pourrait arrêter Elon Musk ? La réglementation de l’espace est totalement obsolète. En droit international, le Traité de l’espace de 1967 est toujours en vigueur : il stipule que chaque État est responsable des activités spatiales menées par ses entreprises publiques ou privées. Donc ce sont les autorités américaines qui donnent à Elon Musk le droit de s’installer dans cet espace qui appartient à tout le monde. La NASA doit aussi théoriquement le surveiller car les Etats-Unis sont responsables des dégâts qu’il créerait.

Rien ne nous empêche de faire la même chose, me direz-vous, car c’est pareil pour les autres pays : une entreprise française sera autorisée par l’Etat français, une entreprise chinoise par l’Etat chinois etc. Sauf qu’aujourd’hui Elon Musk – mais aussi Jeff Bezos avec sa constellation Kuiper – prennent toute la place. En 1967, l’espace était presque vide, et il n’y avait guère que les Américains et les Soviétiques pour mener des missions spatiales. Personne n’imaginait qu’une entreprise privée lancerait des milliers de satellites à elle seule, personne n’imaginait que l’absence de concertation internationale se ferait aussi cruellement sentir. Aujourd’hui, l’Europe voudrait évidemment mettre en place une régulation plus contraignante mais Washington s’y refuse.

L’Europe, qui s’inquiète aussi de devenir dépendante de l’internet haut débit américain, va lancer le projet IRIS 2, qui devrait être opérationnel en 2027. Il prévoit 170 satellites au départ, sur orbite basse et moyenne, ainsi que quelques satellites géostationnaires pour une couverture fixe stratégique. IRIS 2 possèdera beaucoup moins d’engins que Starlink, mais il fournira un Internet sécurisé et souverain pour les gouvernements européens, leurs armées, les services d’urgence, et aussi le grand public dans certaines zones reculées.

Quand Trump revendique le Groenland ou le Canada, Ottawa et Copenhague s’opposent à lui. Mais les oligarques américains s’emparent de l’espace sans que le reste du monde ne proteste – ou si peu.

CHRISTINE KERDELLANT

XERFI. COPYRIGHTS.

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