Radio J à 7H05 le lundi en direct. Une émission d’Ilana Ferhadian.
Chronique de Daniel Rouach.
Je connais très bien cet univers du « Salon du Bourget » car mon expertise se situe dans le monde des transferts de technologie (plusieurs livres que j’ai écrit sur ce thème dont le Que Sais-Je? « transferts de technologie ») dans le domaine civil et militaire. Pendant 8 ans j’ai sillonné les entités de Airbus en Europe pour donner des conférences. Le monde de la défense est un univers à part et les avis à l’emporte pièce n’ont pas de sens.
Contrairement à ce qui est dit Français et Israéliens travaillent dans le domaine aéronautique de manière étroite.
L’ambassadeur israélien en France, Joshua Zarka, a dénoncé de manière véhémente « une certaine hypocrisie autour de l’exclusion des industries d’armement israéliennes du Salon du Bourget ». Il a parfaitement raison!
Mais il faut rajouter aussi que les israéliens ne sont pas des Saints. Tous les coups sont bons car les israéliens, très pro-américains n’hésitent pas à être très durs.
Yair Lapid, Chef de l’opposition, a raillé la décision de la France. « Puisqu’ils ne nous ont pas permis de les montrer, les possibilités et les capacités de la défense israélienne sont démontrées à Téhéran et le monde entier les voit. Donc, si certains veulent cacher nos capacités, maintenant ils savent ».
Un clash France-Israël a eu lieu au Salon du Bourget pour 7 raisons:
1. Les israéliens ont fait comme d’habitude au Salon du Bourget. Ils présentent des armes qui permettent de gagner des guerres. Cette année le contexte est très différent : la guerre de Gaza et ses morts ont marqué les esprits.
Les Autorités françaises, contrairement à ce qui a été affirmé, n’ont jamais donné un feu vert définitif à la présence des israéliens au Bourget. La France a toujours laissé un flou qu’on pouvait comprendre comme « oui » et « non » aux israéliens.
2. Les israéliens ont toujours annoncé que « légalement le Bourget ne pouvait pas dire non aux israéliens (un lourd a-priori) ». En réalité les israéliens savaient très bien que la France pouvait dire non. Quitte à avoir des procès.
3. Les équipes d’avocats qui ont aidé les israéliens en France sont excellentes mais les décisions finales ont toujours eu lieu en Israël. Et les avocats français n’ont pas eu un rôle capital au final des négociations. Des enjeux politiques ont bien façonné les relations.
4. Les Autorités françaises ont dévoilé des cartes maitresses (semi-fermeture des stands et des expositions cachées par des toiles noires) en dernière minute et ceci a déstabilisé la défense israélienne qui n’avait pas vu venir le coup.
4. La position anti-israélienne de nombreux industriels Français est bien plus forte que ce que pense en général les industriels du secteur militaire israélien. Des contrats énormes ont été soufflés aux français en Allemagne, Maroc, Pologne, Inde… Un sentiment de revanche existe du côté français.
5. Pourquoi des firmes israéliennes ont pu présenter leurs produits sans difficultés, alors que d’autres non? Les israéliens sont allé au Bourget d’une manière désunie.
Il faut savoir que des firmes comme Rafael, Elbit… ont des unités de produits civils. Elles auraient pu, sans difficulté, valoriser les produits civils. Elles ont fait un choix : présenter des armes.
7. Le syndrome anti-Israël a frappé au Bourget. Une guerre médiatique a entouré ce salon. L’Ultra-Gauche n’a pas été cool avec les organisateurs et des manifestations ont bien eu lieu.
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