L’Iran est la risée de la rue arabe

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Israël-Iran : les opinions publiques arabes se moquent du régime iranien, 

Après les frappes israéliennes contre l’Iran, les populations arabes au Moyen-Orient ont accueilli l’événement avec sarcasme, et parfois même jubilation…

Les frappes israéliennes contre le régime iranien ouvrent un nouvel épisode qui pourrait redessiner durablement le visage de l’Iran. Non seulement elles ont gravement affaibli les capacités militaires du pays, mais elles ont aussi porté un coup sévère à l’image de la république islamique. Depuis sa fondation en 1979, celle-ci fonde sa légitimité sur une idéologie religieuse intégriste, résolument engagée dans la destruction de l’Etat hébreu, qualifié de « petit Satan ». Les responsables militaires iraniens répétaient inlassablement que leur armée pouvait « rayer Israël de la carte ». Or, ces mêmes dirigeants ont été éliminés en une seule nuit. Partout au Moyen-Orient, les populations arabes ont accueilli l’événement avec sarcasme, et parfois même une jubilation à peine dissimulée.

Une attaque contre l’Iran était envisagée depuis le refus iranien de négocier avec les Etats-Unis pour geler son programme nucléaire. Mais le niveau de réussite et le nombre de commandants tués ont surpris. Tout comme les attaques de bipeurs et talkies-walkies en septembre ayant entraîné l’élimination massive d’officiers du Hezbollah au Liban, ces frappes au cœur du régime de Téhéran sont le résultat d’une longue opération de renseignement et d’espionnage. Israël a piraté une base militaire de drones en Iran, qu’il a utilisée pour cibler plusieurs centres militaires stratégiques.

Critiques contre l’appareil sécuritaire iranien

L’Iran semble désormais totalement exposé aux yeux de Tsahal. « Il ne restera bientôt plus aucun dirigeant iranien en vie, à l’exception du vieillard Khamenei ! Ils le laisseront en vie, tout comme ils ont laissé Naim Qassem, pour semer le désespoir et servir de leçon », écrit Maher Sharaf Al-Din, journaliste syrien très suivi dans la région. Secrétaire général du Hezbollah depuis octobre, Naïm Qassem reste le dernier haut responsable du bras armé iranien au Liban encore en vie.

Le fait que le chef de l’unité de renseignement secret iranienne, chargée de traquer les agents du Mossad, aurait lui-même été un agent du Mossad a suscité une vague de moqueries. Selon l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad, une vingtaine de membres de cette unité seraient également des espions doubles. Ils auraient transmis à Israël des informations sensibles, notamment des détails sur le programme nucléaire iranien. Bien que cette déclaration ait été faite lors d’un entretien accordé à CNN Türk en juin 2021, elle tourne en boucle sur les réseaux sociaux depuis hier, ravivant les critiques contre l’appareil sécuritaire iranien. Sur Facebook, plusieurs militants ont vivement fustigé cette faille majeure dans le système sécuritaire iranien. « Quel chaos ! Des installations piratées jusqu’à la moelle, et ils parlent encore de « riposte » ? A qui comptez-vous répondre ? A vous-mêmes ou à vos agents infiltrés ? », fait savoir Mohammad Salah depuis l’Egypte. « En neuf minutes, Israël a éliminé la première ligne de la direction iranienne. Il a détruit la plupart des réacteurs inutiles et frappé toutes les cibles. Pendant ce temps, l’Iran a lancé cent drones volant à 200 kilomètres-heure… ce qui signifie qu’on pourrait les devancer en voiture ! », ironise Muftah Ghumaid depuis la Libye.

Les plus ravis sont les Syriens

Ceux qui se réjouissent le plus de ces frappes sont les Syriens. Ils gardent en mémoire l’intervention du Hezbollah et du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) aux côtés du régime de Bachar el-Assad. Avec l’appui de la Russie, ces forces ont rasé les quartiers historiques d’Alep et les banlieues de Homs, commis des massacres contre des civils, et poussé des centaines de milliers de Syriens à l’exil ou au déplacement. Aujourd’hui, c’est surtout l’impuissance du Hezbollah à intervenir dans cette nouvelle guerre qui les satisfait. Le parti chiite libanais s’est contenté de condamner timidement les frappes israéliennes, les qualifiant d’ »attaques dangereuses et criminelles, soutenues par l’administration américaine », sans évoquer une quelconque riposte ni participation. Un contraste saisissant avec les communiqués tonitruants publiés avant l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, qui regorgeaient de menaces contre Israël. « Imaginez que la Syrie soit aujourd’hui un pays en paix, dont le peuple observe de loin, avec une forme d’exaltation, ce qui arrive aux pays qui, hier encore, le massacraient… Aujourd’hui, l’ennemi sioniste a bombardé l’Iran, détruit, tué, écrasé, et les a rendus la risée des risées. Quant au Hezbollah, bombardé chaque jour, il en est réduit à répéter mille fois : « Nous n’avons rien à voir avec l’Iran ! » », écrit le Syrien Nasser Chelache sur les réseaux sociaux. Certains missiles iraniens sont tombés en Syrie, où des habitants les ont accueillis en dansant. « La réplique iranienne contre Israël est comme d’habitude : des missiles en carton, des pétards », ironise Jarah Aldhafeeri, militant koweïtien, sur X.

Quand Israël a attaqué l’ambassade iranienne à Damas en avril 2024, tuant deux généraux iraniens, l’Iran a levé le drapeau rouge au cœur de Téhéran : un signe traditionnel de vengeance publique. Peu après, il a lancé une offensive majeure, baptisée « Promesse honnête ». Environ 300 projectiles, drones kamikazes, missiles de croisière et balistiques, ont été tirés depuis l’Iran, l’Irak, le Liban et le Yémen vers Israël. La majorité a été interceptée par le Dôme de fer israélien, les restes ont causé des dommages matériels mineurs. Aujourd’hui, le même drapeau rouge est de nouveau levé. Mais cette fois, face aux frappes massives d’Israël, la vengeance iranienne doit être à la hauteur si le régime veut sauver son image. Nous sommes désormais dans une guerre ouverte entre les deux territoires.

L’impasse pour Khamenei

Parallèlement, l’Iran souffre d’une économie fragilisée par des sanctions internationales sévères, une inflation élevée et une mauvaise gestion interne. Militairement, le pays fait face à des limites en matière de technologie avancée et de capacités conventionnelles devant des puissances comme Israël. Et pour la première fois, il est contraint de se battre seul contre Israël, ses relais régionaux ont été anéantis. Pour le guide suprême Khamenei, c’est une véritable impasse. « Evidemment, tout le monde attend la réaction iranienne. Je vous promets une comédie qui la ridiculisera aux yeux de tous », assure Abdelwahab, un ingénieur yéménite sur Facebook. « Pour moi, cette attaque a révélé que l’Iran est un Etat fragile qui ne maîtrise que les déclarations creuses. Quand on entend parler des services de sécurité, des forces militaires et de leurs appellations en Iran, on a l’impression d’être confronté à un immense empire. Mais en réalité, ce ne sont que des noms sans substance », commente Hani Al Shouri, avocat lui aussi yéménite.

Des centaines de missiles ont été lancées depuis l’Iran vers Israël, visant principalement des ensembles urbains, notamment à Tel-Aviv. Mais cette réaction a elle aussi suscité la moquerie sur les réseaux sociaux de la région. Bien que les Etats arabes aient officiellement condamné les frappes israéliennes, leurs populations ne manifestent guère de sympathie pour l’Iran. Cela ne signifie pas qu’elles soutiennent Israël, mais plutôt qu’elles ont perdu toute empathie pour le régime de Téhéran, notamment après la répression du Printemps arabe et les interventions militaires iraniennes en Syrie, au Yémen et en Irak. L’Iran apparaît désormais affaibli : son programme nucléaire a été anémié et des dizaines de commandants ont été éliminées. Mais plus encore, c’est la propagande des ayatollahs qui semble aujourd’hui plus menacée que jamais, cette même propagande qui est la pierre angulaire de l’existence du régime islamiste.

*Ecrivain et poète né près de Damas en 1987, Omar Youssef Souleimane a participé aux manifestations contre le régime de Bachar el-Assad, mais, traqué par les services secrets, a dû fuir la Syrie en 2012. Il vient de publier L’Arabe qui sourit (Flammarion).

par Omar Youssef Souleimane

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