L’Iran a plusieurs fois menacé de bloquer la circulation dans le détroit d’Ormuz, où transite 20% de la consommation mondiale de pétrole, si ses intérêts vitaux étaient menacés.
C’est l’un des endroits les plus stratégiques de la planète. Le détroit d’Ormuz, entre l’Iran et les Émirats arabes unis, fait l’objet de toutes les attentions, après des frappes israéliennes de grande ampleur sur le sol iranien, visant notamment des sites nucléaires et des dirigeants militaires.
« Je pense que le marché s’inquiète de la fermeture du détroit d’Ormuz », a indiqué un négociant de pétrole à l’agence Reuters, alors que les prix des hydrocarbures ont grimpé.
À de multiples reprises, et surtout depuis l’aggravation des sanctions américaines en 2018, l’Iran a menacé de bloquer ce détroit si ses intérêts vitaux étaient menacés, sans toutefois le faire.
Cette perspective est qualifiée de « cauchemar absolu » par Arne Lohmann Rasmussen, chef analyste chez Global Risk Management, cité par l’AFP.
La porte de sortie de l’or noir
21% de la consommation mondiale de pétrole et un quart des échanges de gaz naturel liquéfié (GNL) transitent par ce détroit, d’une largueur minimale de 55 kilomètres, selon l’EIA (Agence d’information sur l’énergie).
Il s’agit de la porte de sortie de l’or noir produit par 5 des 10 plus gros producteurs mondiaux (Arabie Saoudite, Iran, Irak, Émirats Arabes Unis et Koweït). Ils y font passer 20 millions de barils par jour via deux étroits couloirs de navigation.
Son bon fonctionnement est donc essentiel pour l’approvisionnement énergétique mondial, en particulier de l’Europe et de la Chine.
Un blocus pénaliserait aussi l’Iran
Pour l’heure, le risque d’un blocage de ce détroit reste théorique. Au moins deux raisons pourraient dissuader l’Iran de mettre ses menaces à exécution. D’abord, cela provoquerait probablement une grave escalade de la guerre.
« Une telle action entraînerait l’Amérique directement dans le conflit », estime Meghan L. O’Sullivan, ancienne conseillère adjointe à la sécurité nationale américaine spécialisée dans le Moyen-Orient, au New York Times.
De plus, un blocus aggraverait vraisemblablement les difficultés économiques de l’Iran, visé par des sanctions internationales et très dépendant de ses exportations d’énergie.
« L’Iran a plusieurs fois menacé de bloquer le détroit d’Ormuz mais ne l’a jamais fait car cela gênerait ses propres exportations d’hydrocarbures ainsi que celles de deux pays proches de lui, l’Irak et le Qatar », observait ainsi l’historien Jean-Paul Burdy, dans la revue Questions Internationales en 2019.
Téhéran est jusqu’ici parvenu à maintenir des exportations élevées en contournant les sanctions. Selon The Economist, le secteur des hydrocarbures aurait rapporté entre 35 et 50 milliards de dollars au pays en 2023 (soit entre 8,7 et 12,3% de son PIB). 95% de ses exportations de pétrole brut sont destinées à la Chine d’après l’hebdomadaire économique.
La fermeture du détroit d’Ormuz est une crainte de longue date des pétromonarchies du Golfe, en particulier depuis la guerre Iran-Irak (1980-1988).
Certains pays ont déployé des investissements importants pour s’en prémunir comme l’Arabie Saoudite, qui a construit un réseau d’oléoducs reliant les champs pétroliers de l’est du pays à la mer Rouge (à l’ouest), d’où les hydrocarbures peuvent être exportés en cas de difficulté dans le golfe Persique.
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