New York contre l’antisémitisme

New York renforce sa vigilance face à l’antisémitisme
Dans un climat de tensions croissantes et de menaces persistantes contre les communautés juives, la ville de New York a franchi une étape majeure. Le maire Eric Adams a signé un décret municipal adoptant officiellement la définition élargie de l’antisémitisme proposée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Cette définition, déjà reconnue par plusieurs gouvernements et institutions à travers le monde, inclut des exemples précis permettant d’identifier des comportements et discours antisémites, y compris dans leur forme contemporaine.

La démarche intervient alors que les États-Unis, et particulièrement New York, sont confrontés à une recrudescence d’actes hostiles ciblant les Juifs. Le FBI et le Département de la Sécurité intérieure (DHS) ont d’ailleurs lancé une alerte spéciale le week-end dernier, signalant un risque accru pour les communautés juives et israéliennes sur le sol américain. Cette alerte survient dans le contexte des tensions au Proche-Orient et du conflit en cours dans la bande de Gaza.

Le décret signé par le maire Adams élargit donc la définition juridique de l’antisémitisme utilisée par les services municipaux. Il s’agit notamment d’inclure les discours qui nient le droit du peuple juif à l’autodétermination, qui assimilent l’ensemble des Juifs aux actions de l’État d’Israël, ou encore ceux qui remettent en question la réalité de l’Holocauste. Cette définition élargie s’applique à tous les départements municipaux, à la police, aux établissements scolaires publics et à toute instance impliquée dans le traitement des actes discriminatoires.

Eric Adams s’est montré ferme lors de l’annonce : « L’antisémitisme est une maladie sociale qui prolifère dans notre ville. Depuis les attentats du 7 octobre, nous constatons une banalisation inquiétante des discours haineux, notamment dans les universités, les quartiers et sur les réseaux sociaux. Il est temps d’agir avec clarté et détermination. »

La mesure a été saluée par de nombreuses organisations de lutte contre l’antisémitisme. Sasha Roitman, directrice générale d’un mouvement engagé sur ce front, a estimé que cette initiative de la mairie était « exemplaire » et « l’une des réponses les plus efficaces face à la vague actuelle d’intimidations, de violences et de discours antijuifs ». Elle a rappelé que plusieurs incidents graves avaient récemment secoué le pays, notamment à Washington et dans le Colorado.

À New York même, l’actualité récente témoigne de la montée des tensions. Il y a deux mois, une mobilisation de milliers de manifestants pro-palestiniens avait bloqué la gare Grand Central, la plus fréquentée de la ville, provoquant l’arrêt total du trafic ferroviaire et des scènes de chaos. Les slogans scandés, parfois hostiles à Israël voire aux Juifs, avaient suscité l’indignation de nombreux habitants.

Dans ce contexte, la mairie cherche à poser un cadre clair. Randy Maestro, maire adjoint, a rappelé que « plus de la moitié des crimes haineux enregistrés dans la ville sont dirigés contre des Juifs ». Il a insisté sur l’importance d’une définition précise pour permettre aux forces de l’ordre et aux institutions de mieux identifier les cas de haine antisémite et d’agir de façon cohérente.

Outre la dimension juridique, le décret vise également à renforcer la sensibilisation du public et des agents municipaux. Des formations seront organisées afin de familiariser les personnels concernés avec la nouvelle définition et de leur permettre de détecter plus rapidement les comportements problématiques.

Cette initiative municipale s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer la tolérance et la sécurité dans une ville qui abrite l’une des plus grandes communautés juives au monde. En adoptant un cadre de référence internationalement reconnu, New York entend envoyer un signal fort : la haine n’a pas sa place dans ses rues, quelles que soient ses formes.

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