Sivan, le pouvoir mystique du chiffre 3

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Le billet de Sivan Rahav-Meir : “Hodesh tov ! 3 rappels”

Aujourd’hui (mercredi jusqu’au soir) – c’est Roch ‘Hodech Sivan. Bon mois à tous !

Que fait-on à Roch ‘Hodech ? On ajoute une prière spéciale (« Ya’alé Véyavo ») dans la Amida et le Birkat Hamazon. Le matin, on récite aussi la prière de Moussaf et le Hallel (psaumes festifs). Il existe plusieurs lois et coutumes qui expriment la joie et le renouveau de ce jour.

Qu’a-t-il de particulier, le mois de Sivan ? Le 1er Sivan, les enfants d’Israël ont campé au pied du mont Sinaï. Les commentateurs expliquent qu’ils étaient unis comme “un seul homme avec un seul cœur”, en préparation du don de la Torah. Pour parvenir à l’unité, il faut une identité commune, une foi partagée, des mitsvot qui nous rassemblent.
Dans quelques jours, le 6 Sivan, nous célébrerons Chavouot – la fête du Don de la Torah.
Après 49 jours de la Sefirat HaOmer, nous nous tenons à nouveau symboliquement au pied du mont Sinaï pour recevoir notre identité. Sommes-nous prêts ? Attendons-nous ce moment ?
‘Hodech tov et, bientôt, ‘Hag Samea’h !

Nous entrons dans le mois hébraïque de Sivan. Le don que D.ieu a fait aux Juifs sur le mont Sinaï constitue l’événement culminant de ce mois, ainsi que de toute l’histoire connue.

Sivan, le pouvoir mystique du chiffre 3 par TZIPPORAH HELLER

Sivan est le troisième mois du calendrier hébraïque, si l’on commence, comme le fait la Torah, à compter à partir de Nissan, le mois de notre délivrance d’Egypte. Pour le Judaïsme, trois est un nombre prodigieux. Moïse était le troisième enfant de sa famille. Les Juifs commencèrent à se préparer pendant trois jours à recevoir la Torah le troisième jour de Sivan. D.ieu partagea les Juifs en trois groupes ayant des rôles différents : les Kohanim, les Léviim et le reste, Israël.

Avant d’explorer ce qu’implique du point de vue mystique le nombre trois, il nous faut comprendre ce qu’est réellement la « vérité ». Ce mot sous-entend beaucoup plus qu’une exactitude purement littérale. Le nom mystique de la vérité est Tiféret, qui signifie textuellement « harmonie » – terme que peu d’entre nous lui associent. Quel est le lien entre les deux ?

Pour le Maharal, le fameux Kabbaliste vivant à la période de la Renaissance, la vérité est définie comme étant l’image complète. Elle inclut aussi bien le passé que le présent et l’avenir. Elle comporte la réalité interne et son contrepoint externe. C’est la synthèse de la totalité, c’est-à-dire l’harmonie. Pour peu que quelque chose soit vrai, il doit l’être du point de vue spirituel, physique, mathématique et philosophique. Si une idée « marche » à un certain niveau mais non pas à d’autres, elle n’est pas vraie dans le pur sens du mot.

Le fait que nous autres humains soyons mortels, nous empêche pratiquement d’avoir une vision infaillible de l’avenir. L’accès que nous avons à toute chose qui s’est passée avant notre naissance est faussé par les interprétations du passé qu’en ont les autres personnes. Ajoutons une bonne pelletée de subjectivité émotionnelle même en ce qui concerne les observations que nous portons sur le présent et il semble que notre recherche de la vérité est vouée à l’échec.

La vérité transcendante, par définition, provient d’un endroit qui se trouve au-dessus du temps et de l’espace. Le Maharal considère la vérité transcendante comme la seule vérité authentique. L’unique fois où nous y eûmes accès fut sur le mont Sinaï., lorsque nous entendîmes la voix de D.ieu.

Au-dessus et au-delà

Plaçons-nous sous cet angle et commençons à examiner la signification du nombre trois. D’après le Maharal, il nous faut imaginer une chaîne. Lorsqu’on la lève, le premier maillon touche le deuxième. Celui-ci touche à la fois le premier et le troisième. Le troisième anneau touche le deuxième mais pas le premier. Ainsi, le troisième anneau est le premier de la série qui n’a aucune connexion avec le premier. Le nombre trois symbolise donc quelque chose de nouveau qui, néanmoins, n’est pas débranché.

Maharal qualifie cette propriété (nouveau mais non pas déconnecté) de nivdal , ce qui veut dire en hébreu séparé ou transcendant ; elle fait partie intégrante d’un processus tout en en étant au-delà. Ainsi, par exemple, Moïse, troisième enfant de sa famille, avait reçu en héritage le monothéisme dont Abraham était à l’origine mais fit un pas supplémentaire en donnant à son peuple le sens de la nation fondé sur la Torah.

Le mois de Sivan est lié historiquement à Nissan, le mois de la délivrance. En Sivan, cependant, les Juifs gravirent une marche au-delà de la liberté physique et devinrent spirituellement autonomes, se définissant seulement au moyen de la Torah, la parole de D.ieu. Nivdal .Connectés mais nouveaux. Partie d’un processus mais également au-delà.

Sur le quai de la gare

Que cela signifie-t-il de vivre avec le concept de transcendance ? L’expérience que j’ai vécue récemment m’a montré combien profondément cette notion apparemment abstraite influait sur ma pensée de tous les jours.

J’étais dans le New Jersey, en route pour Sequacus à la gare de Metrotrack. Il était environ deux heures de l’après-midi et le quai était presque vide. Les seuls voyageurs présents étaient deux femmes et un homme. Soudain, une des femmes, debout près de moi, perdit l’équilibre et tomba à la renverse. Je me suis immédiatement penchée afin de l’aider à se relever. Bien que ses yeux fussent ouverts, elle ne réagissait pas. Elle avait perdu connaissance.

La seconde femme s’approcha. Elle me demanda si je savais pratiquer le secourisme. Je répondis que je ne savais pas et elle affirma qu’elle non plus. Mais elle se baissa et prit le pouls de la femme évanouie. Quand elle vit qu’il n’y avait pas de pouls, elle recourut aussitôt à la réanimation cardio-pulmonaire (RCP). Evidemment, elle savait ce qu’elle faisait.

Entre temps, j’appelais les Services d’aide médicale urgente. Cinq minutes s’écoulèrent. La femme me regarda ; elle était exténuée. En copiant ce que je lui avais vu faire, je prenais sa place. Bientôt, un agent de police arriva. J’étais consternée. Nous avions besoin d’un médecin et non pas d’un policier ! Il se mit à pratiquer le bouche à bouche, manifestement les seuls soins de premiers secours qu’il connût.

Le quai se mit subitement à trembler car un train entrait en gare. La seule personne qui savait vraiment quoi faire, la femme qui avait entrepris le RCP, marmona quelque chose au sujet d’intubations et monta dans le train. Je regardai la scène horrifiée. Une personne était en train de mourir et elle estimait nécessaire de prendre le train !

Au bout de quelques minutes, l’équipe de secours arriva. Plus tard, en narrant l’événement, je me sentais gênée par le fait que cette femme qui, par la force des choses, avait dirigé les secours, avait tout bonnement quitté les lieux afin d’attraper son train. En quoi une réunion d’affaires ou un rendez-vous personnel ou même une séance de chimio pouvait être plus important que de sauver une vie ?

La réponse montre ce qu’est le contraire de nivdal. Si je lui avais posé cette question la veille, elle m’aurait répondu que de sauver une vie humaine est le plus important. Elle est certainement consciente de ce qu’est la vérité transcendante. Le problème est que, quand le train est réellement entré en rugissant dans la gare, elle fut saisie par la réalité d’ici et maintenant. La réalité physique est si vivante et immédiate qu’elle éclipse la réalité transcendante.

A quoi donc ressemble nivdal ? Supposons que cette femme qui connaissait les méthodes de réanimation, se rendait à une interview pour un travail dont elle rêvait. Imaginons que le train pour cette destination ne passait qu’une fois toutes les trois heures. Imaginons qu’elle était au chômage depuis six mois et qu’elle avait vraiment besoin de cet emploi.Et maintenant supposons qu’il était si évident pour elle que de sauver une vie l’emportait sur tout, qu’elle décida, lorsque le train entra en gare, de rester avec la femme jusqu’à ce que les secours arrivent ; elle savait, sans hésitation et sans regret, que c’était le bon choix. C’est cela nivdal. C’est de vivre en étant relié à une vérité plus élevée que celle que la pure réalité extérieure transmet.

Recevoir la Torah, c’est le nivdal ultime. C’est s’engager à aller au-delà de l’immédiat, de l’évidence et du réel apparent pour atteindre l’image transcendante et sans limites qui est l’essence de la vérité.

Signe du mois : les Gémeaux

Moïse ne fut pas le seul qui amena les Juifs à un endroit où ils purent entendre la vérité. Son frère Aaron a été son porte-parole dès le début en Egypte lorsqu’ils arrivèrent dans la palais du pharaon et formulèrent la demande exorbitante de libérer les Juifs. Chacun d’eux joua un rôle et développa notre conscience d’une manière spécifique et unique. Moïse fut le législateur suprême. Il transmit les commandements qui nous montrent où sont les limites qu’il nous faut franchir si nous devons passer de la pseudo vérité à la vérité absolue transcendantale. Son frère Aaron s’est adressé à chaque Juif avec amour et a suscité l’aspiration profonde et cachée à vivre une existence plus élévée et plus englobante que celle du quotidien. La justice et l’amour furent entremêlées ; ce n’est pas une coïncidence que le signe du mois soit les Gémeaux, les jumeaux.

Le livre de Ruth

Chaque fête de pèlerinage (Pessah, Chavouot et Souccot, célébrés autrefois par tout le peuple qui se rendait à Jérusalem) a une caractéristique qui lui est propre. On y lit une Mégilah différente qui raconte un aspect particulier de notre relation avec D.ieu.

A Chavouot, on lit l’histoire de Ruth, princesse moabite qui abandonna richesse et sécurité et suivit sa belle-mère en Israël pour une vie de rigueur physique et de vérité spirituelle. Ce mois-ci, son histoire c’est la nôtre ; nous essayons d’aller au-delà de la compréhension limitée que nous avons de la vérité et de nous rapprocher de l’image complète que nous vîmes au mont Sinaï.

TZIPPORAH HELLER

Yeru et Shalem – Yerushalayim

Par Rabbin Yonatan Kirsch

Il y a beaucoup à apprendre du nom Yerushalayim, qui est en fait une combinaison de deux noms différents de la ville sainte.

Crédit photo : AI Golem

Alors, quand Jérusalem est-elle mentionnée pour la première fois dans la Torah ?

Après avoir vaincu quatre puissantes armées et libéré les otages (cela vous rappelle quelque chose ?), Avraham Avinou retourne à un endroit appelé « Emek Shaveh Hu Emek Hamelech » – la Vallée du Roi. Il y rencontre le roi de Shalem, Malkitzedek. Onkelos traduit le lieu appelé « Shalem » par Yerushalayim, comme le font de nombreux commentateurs.

Alors si Jérusalem s’appelait « Shalem », comment est-elle devenue « Jérusalem » ?

La réponse apparaît dans la paracha qui suit cette série d’événements. Dans la paracha Vayera, nous lisons l’histoire de l’Akeida: Abraham emmena son fils Its’hak au mont Moriah pour le sacrifier, conformément à l’ordre divin, afin de mettre sa foi à l’épreuve. Après cet événement, Abraham nomma le lieu « Behar Hashem Yera’eh » (Hachem sera vu), en référence au futur Beth Hamikdash et à l’aliya la’regel (voir Bereshit 22:14 et Rachi).

Ce nom utilise les lettres racines Yud, Resh, Alef et Heh — « Yeru ».

Le Midrash (Bereishit Rabbah 56:10) nous apprend qu’Hachem était en train de décider du nom à donner à la ville : « Shalem », comme Malkitzedek l’avait appelée, ou « Yera’eh » (ou Yeru), comme Avraham l’avait nommée. Finalement, Hachem choisit de combiner les deux noms, créant ainsi Yerushalayim. En français, elle est connue sous le nom de Jérusalem, préservant ainsi les voyelles Shalem originales (voir Tosafot Taanit 16a).

Ce Midrash nous montre que chaque nom a sa propre signification profonde. Jérusalem était et sera toujours une ville d’unité – mais d’unité de quoi ? Que représentent « Yeru » et « Shalem » ?

Voici quelques explications qui ont été suggérées :

Yeru exprime Yirah, la crainte ou la crainte de Hachem. Lors de l’Akeida, Avraham a prouvé sa crainte de Dieu : « Maintenant, je sais que tu crains Hachem », car il était prêt à sacrifier son fils. Shalem représente l’amour de Hachem. La ville réunit les deux éléments clés de notre relation avec Hachem : l’amour et la crainte.

Shalem représente l’éthique interpersonnelle — bein adam le’chavero — la bonté et la justice entre les gens. Ceci est implicite dans le nom Malkitzedek — « Roi de Justice ».
Plus loin, dans le Sefer Yehoshua, nous rencontrons « Adoni-Tzedek », un roi de Jérusalem. Le Malbim explique (Tehillim 110) que tous les rois de Jérusalem étaient appelés « Tzedek » (tout comme tous les rois égyptiens étaient appelés Pharaon). Cela suggère que la justice était un thème central dans la ville.
Le Beit Hamikdash a été détruit à cause de l’injustice, comme l’avaient prévenu les prophètes, et sera reconstruit lorsque la justice sera rétablie.
En revanche, « Yeru » ou « Yera’eh » représente bein adam la’Makom — la relation avec Hachem.
Certains expliquent que Shalem fait référence à l’affinement des traits de caractère (tikkun ha’middot), tandis que Yeru exprime l’avodat Hachem — le service de Dieu.

Yerushalayim shel mata — la Jérusalem terrestre inférieure — est associée à Shalem. La rencontre avec Malkitzedek eut lieu dans une vallée, « Emek Shaveh ». Yerushalayim shel ma’alah — la Jérusalem céleste supérieure — est représentée par l’Akeidah, qui eut lieu au sommet d’une montagne, où des anges apparurent à Abraham (voir Ramban sur Bereshit 14).

Shalem représente le rôle universel de Jérusalem. Rachi explique qu’Emek Shaveh est le lieu où les nations du monde se sont réunies et ont convenu de désigner Abraham comme leur chef. Yeru, quant à lui, représente la mission spirituelle unique du peuple juif. Lors de l’Akeida, Abraham demanda à Éliézer et à Ismaël de rester et de ne pas continuer avec lui (Béréshit 22:5 ; Kiddouchin 68a), indiquant que cette rencontre était réservée à lui et à Isaac seuls.

Shalem signifie entier, complet – de la racine « shalom », paix. Il représente l’état futur idéal, où la mission est accomplie et le monde en paix. Abraham revient de la guerre victorieux, après avoir libéré les otages – un aperçu de la fin des temps.
Yeru, en revanche, reflète l’aspiration et l’effort – le désir de réparer le monde, de surmonter les difficultés et de grandir spirituellement. Rav Kook appelle cela « shleimut » – achèvement – ​​et « hishtalmut » – le processus continu de devenir.

En bref, le nom Yerushalayim combine et unit deux valeurs et missions profondes de la ville sainte :

Amour et émerveillement.

Justice entre les hommes et service de Hachem.

Le ciel et la terre.

Une mission universelle et une vocation nationale unique.

La paix — et la recherche de sommets spirituels plus élevés.

Puissions-nous mériter de voir tout cela s’accomplir de nos jours.

ותחזינה עינינו בשובך לציון ברחמים

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