Les pourparlers secrets entre le Hamas et les États-Unis
Une libération orchestrée dans l’ombre
La récente libération d’Edan Alexander, un otage israélo-américain retenu par le Hamas, est le résultat d’une opération diplomatique secrète impliquant plusieurs États et figures intermédiaires. Ces discussions, qui ont mobilisé discrétion et coordination sur plusieurs fronts, ont vu converger les intérêts du Hamas, des États-Unis, d’Israël et du Qatar autour d’un objectif commun : faire aboutir la première phase d’un accord plus large en cours de négociation.
Tout a commencé lorsqu’un cadre influent du Hamas en exil a pris l’initiative, en avril dernier, de contacter Bishara Bahbah, un homme d’affaires et militant politique palestino-américain. Cette approche avait un but précis : permettre une mise en relation avec Steve Witkoff, envoyé spécial de l’ex-président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient. D’après plusieurs sources officielles, tant israéliennes que palestiniennes et américaines, ce contact marquait le début d’un canal officieux qui allait progressivement s’étoffer au fil des semaines.
Un canal diplomatique discret et déterminant
Durant deux semaines décisives, une vingtaine d’échanges – principalement par SMS et par appels téléphoniques – ont transité par Bahbah, qui aurait aussi échangé directement avec Khalil al-Hayya, le principal négociateur du Hamas. Ce dernier a refusé de commenter publiquement son rôle, tout comme Bahbah lui-même.
Sans jamais dialoguer directement avec le Hamas, Witkoff s’est appuyé sur la médiation de Bahbah et sur la coopération de responsables qatariens de haut rang. L’objectif affiché : convaincre les dirigeants du Hamas que la libération d’Edan Alexander, sans conditions, pourrait représenter un avantage stratégique important pour Trump et ses intérêts politiques.
C’est par leurs services de renseignement, et non via les autorités américaines, qu’Israël a pris connaissance de ces échanges confidentiels. Deux hauts responsables israéliens ont confirmé que des interceptions de communications avaient permis de lever le voile sur les tractations. Lors d’une visite à Washington du ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, les responsables américains n’avaient d’ailleurs pas immédiatement reconnu l’existence des négociations en cours. Ce n’est qu’après une discussion directe entre Dermer et Witkoff que ce dernier a confirmé leur réalité, tout en précisant que le Hamas n’avait alors encore donné aucun accord formel à la libération de l’otage.
Une proposition plus large en arrière-plan
Selon un haut responsable palestinien, l’équipe de Trump avait présenté au Hamas un scénario dans lequel la libération d’Alexander serait suivie d’un cessez-le-feu d’une durée de 70 à 90 jours, soit bien plus long que les trêves proposées auparavant. Dix autres otages auraient alors été libérés progressivement, dans le cadre d’une séquence sécurisée par des garanties internationales – notamment américaines, qataries et égyptiennes – afin d’empêcher une reprise immédiate des affrontements.
La partie américaine n’a pas officiellement confirmé ces conditions. Toutefois, des sources impliquées ont indiqué que la libération d’Alexander a ensuite permis de débloquer la situation. Une fois l’accord trouvé, Witkoff a personnellement contacté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le ministre Ron Dermer et la famille d’Edan Alexander pour les informer.
Un effort collectif et complexe
Un haut fonctionnaire américain a par ailleurs salué le rôle du Premier ministre qatari, estimant qu’il avait su convaincre les dirigeants du Hamas d’accepter les termes proposés. Il a également souligné que l’action militaire israélienne contre le Hamas avait pesé dans la balance, incitant ces derniers à faire des concessions. Selon lui, le Premier ministre Netanyahou a joué un rôle non négligeable dans la résolution de cette crise, même si l’implication de Bahbah a été qualifiée de « marginale » par la partie américaine, minimisant ainsi son influence dans la conclusion de l’accord.
Malgré les divergences sur l’appréciation des rôles respectifs, cette opération reste une illustration frappante de la complexité et de la discrétion des négociations internationales lorsqu’il s’agit de libérer un otage dans un contexte de guerre et de tensions diplomatiques. Le sort d’Edan Alexander pourrait ainsi marquer le début d’un processus de trêve plus large, toujours en cours de négociation à ce jour.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site