Depuis les événements dramatiques d’octobre 2023 et les mois de conflit qui ont suivi, Israël fait face à une vague sans précédent de traumatismes psychologiques et de besoins en rééducation physique. Dans ce contexte, les startups de la healthtech israélienne, traditionnellement dynamiques, connaissent une accélération notable, en particulier dans les domaines de la santé mentale et de la réhabilitation.
Une réponse technologique à une crise humaine
L’après-guerre a mis en lumière les lacunes des systèmes de santé traditionnels face à des milliers de civils, soldats et réservistes confrontés à des troubles post-traumatiques (TSPT), des dépressions, ou à des blessures nécessitant une rééducation intensive. De nombreuses startups israéliennes ont rapidement orienté leurs solutions vers ces nouveaux besoins.
C’est le cas de XRHealth, spécialisée dans la réalité virtuelle thérapeutique, qui a vu la demande de ses solutions de rééducation neurologique et motrice augmenter fortement. Grâce à des casques VR et une plateforme cloud, la société permet aux patients d’effectuer leur rééducation depuis chez eux, tout en étant suivis à distance par des thérapeutes.
De son côté, Eleos Health, qui utilise l’intelligence artificielle pour analyser et améliorer les séances de psychothérapie, a été intégrée dans plusieurs cliniques de soins post-traumatiques. Leur technologie aide les thérapeutes à détecter les signes de détresse profonde parfois invisibles à l’œil nu.
L’armée comme catalyseur d’innovation
Comme souvent en Israël, les besoins de Tsahal et des anciens combattants agissent comme moteur d’innovation. Le ministère de la Défense a lancé des appels à projets spécifiques pour soutenir le développement de solutions numériques de santé mentale, notamment à destination des unités de combat et des réservistes. Des accélérateurs comme 8200 HealthTech ou le programme INNO4Crisis du gouvernement ont vu affluer des projets liés à la résilience psychologique.
Des applications mobiles comme MindReset, développée par des vétérans de l’unité 8200, proposent des programmes de méditation, de suivi de l’humeur et d’interventions cognitivo-comportementales validées scientifiquement. L’application a été massivement téléchargée depuis le conflit.
Un enjeu sociétal et économique majeur
Outre l’urgence humanitaire, le traitement des traumatismes psychiques et physiques est devenu un enjeu économique. Selon l’Institut Taub, les coûts liés à l’incapacité de travail post-traumatique pourraient représenter plusieurs milliards de shekels dans les années à venir. Le soutien aux startups de la e-santé est donc perçu comme un investissement stratégique pour alléger le fardeau sur le système public.
Le gouvernement israélien, via l’Autorité de l’Innovation, a augmenté les fonds alloués aux jeunes pousses du secteur médical, favorisant les collaborations avec les hôpitaux et centres de rééducation comme Sheba, Ichilov et Rambam.
Vers une exportation mondiale du modèle israélien ?
Avec l’augmentation des conflits dans le monde et la montée en flèche des troubles anxieux post-pandémie, les solutions israéliennes sont désormais courtisées à l’international. La Banque mondiale et plusieurs ONG européennes ont exprimé leur intérêt pour ces technologies adaptables à des zones de guerre ou de post-catastrophe.
L’écosystème israélien, fort de son agilité, de son expertise militaire et de sa culture de l’innovation, semble prêt à s’imposer comme un leader mondial de la santé mentale numérique et de la rééducation assistée par la technologie.
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