Le DOGE à l’américaine a vite conquis en Israël certains dirigeants politiques et économiques du pays.

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Le Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE) créé par Donald Trump pour simplifier l’administration et réduire les déficits fait des émules en Israël.

Dès son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a nommé Elon Musk à la tête d’une nouvelle instance fédérale (le Department Of Government Efficiency ou DOGE) qui a pour mission de moderniser la technologie afin de maximiser la productivité du gouvernement, supprimer des postes de fonctionnaires et donc de tailler dans les dépenses publiques.

Le DOGE à l’américaine a vite conquis en Israël certains dirigeants politiques et économiques du pays qui y voient un mécanisme idéal pour réduire les dépenses de l’État et combattre la bureaucratie.

La question est de savoir si, en Israël, il est nécessaire de créer une nouvelle administration pour couper les dépenses inutiles de l’État ; pas sûr. En revanche, il faudrait une bonne dose de volonté politique pour mettre en œuvre des mesures qui permettraient au budget de l’État d’économiser plusieurs milliards de shekels par an.

Voici quelques exemples de mesures d’économies budgétaires dont Israël a besoin en 2025 :

  • Réduire de façon drastique le nombre de ministères : en situation de guerre et de crise économique, Israël n’a pas besoin d’entretenir un gouvernement pléthorique de 33 ministres et 5 vice-ministres. Il faudrait limiter le nombre de ministères à un maximum de 20 – comme dans la plupart des pays avancés.
  • Réduire les fonds de la coalition qui profitent à des groupes d’intérêt, comme les réseaux de l’éducation ultra-orthodoxe et le nationalisme religieux : en supprimant les subventions publiques aux harédim qui ne travaillent pas, Israël contribuera à améliorer le niveau d’éducation et de productivité des populations qui ont un faible taux d’activité.
  • Supprimer les aides publiques aux étudiants talmudiques qui ne servent pas dans l’armée israélienne : ce soutien encourage la désertion de Tsahal et coûte cher aux caisses de l’État (allocations, réductions pour les crèches, taxes et impôts réduits, etc…).
  • Améliorer les services numériques des administrations : l’utilisation intense de l’internet et des technologies de pointe (comme l’intelligence artificielle) permettrait d’améliorer la qualité des services rendus aux usagers (particuliers et entreprises) et d’utiliser plus efficacement le travail des fonctionnaires, voire d’en limiter les effectifs.
  • Alléger la bureaucratie à laquelle font face les pouvoirs locaux : un processus de décentralisation permettrait à l’État de transférer certaines de ses compétences aux autorités locales (villes et conseils locaux) afin de leur conférer davantage d’autonomie pour agir indépendamment dans des domaines comme l’éducation ou le logement.

On le voit, les propositions ne manquent pas en Israël pour réduire les dépenses inutiles de l’État : il s’agit essentiellement des dépenses qui, à un moment donné, ne sont pas essentielles au pays et qui peuvent être aisément évitées, sans perte ni dommage.

Israël aurait-il besoin d’un organisme spécial, comme le DOGE américain, pour couper toutes les dépenses inutiles de l’État ? Non, pas vraiment…

Ce qu’il faut, et qui manque en Israël, c’est une volonté politique du gouvernement de se serrer la ceinture et d’affronter les groupes de pression…

Ce qui est bon pour les États-Unis n’est pas (forcément) bon pour Israël…

à propos de l’auteur

Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : « Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël » (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.

TIMES OF ISRAEL.

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