Les Émirats arabes unis démentent une offensive terrestre au Yémen

Les Émirats arabes unis ont formellement nié toute participation à des discussions visant à soutenir une opération terrestre contre les Houthis au Yémen. Cette déclaration intervient en réponse à plusieurs publications de médias occidentaux affirmant le contraire. Lana Nusseibeh, vice-ministre des Affaires politiques émiratie, a qualifié ces allégations de « récits sans fondement », lors d’un entretien accordé à l’agence Reuters.

Selon le Wall Street Journal, des groupes armés yéménites envisageraient de mener une offensive le long de la mer Rouge, profitant des récentes frappes américaines ciblant les positions houthies. Le quotidien affirmait que les Émirats arabes unis auraient évoqué cette initiative avec des représentants de Washington. De son côté, Bloomberg rapportait que des forces opposées aux Houthis étaient engagées dans des pourparlers avec les États-Unis ainsi qu’avec certains pays du Golfe en vue de lancer une action terrestre coordonnée.

En réponse à ces rumeurs, les autorités d’Abou Dhabi ont catégoriquement rejeté toute implication actuelle dans de telles discussions. Pour les Émirats, ces affirmations relèvent de la spéculation et ne reflètent en rien leur position diplomatique ou militaire actuelle.

Historiquement, les Émirats arabes unis ont bel et bien joué un rôle important dans le conflit yéménite. Membre central de la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite, le pays a participé à la campagne militaire lancée en 2015 pour soutenir le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale, après la prise de la capitale Sanaa par les Houthis en 2014. Cependant, à partir de 2019, Abou Dhabi a progressivement réduit sa présence militaire directe dans le pays, recentrant sa stratégie sur le soutien logistique et politique.

Depuis 2022, le conflit a connu un net ralentissement. Une trêve fragile et des pourparlers de paix ont contribué à suspendre les combats majeurs, même si la situation humanitaire reste critique. Les Houthis, qui conservent le contrôle de l’ouest du Yémen – une région densément peuplée –, sont toujours en position de force sur le terrain.

La dynamique régionale a cependant évolué ces derniers mois. En novembre 2023, les Houthis ont commencé à cibler des navires transitant par la mer Rouge, affirmant agir en soutien à la population palestinienne de Gaza. Ces attaques ont provoqué une réaction militaire de la part des États-Unis, qui ont intensifié les frappes contre les infrastructures et positions houthies, notamment en mars.

Ce contexte géopolitique complexe alimente les spéculations sur une possible relance des opérations terrestres, notamment par le biais de forces locales appuyées discrètement par des puissances régionales ou internationales. Toutefois, la position officielle des Émirats reste celle d’une distanciation prudente, soucieuse de ne pas relancer un cycle d’escalade dans un pays déjà ravagé par une décennie de guerre.

Abou Dhabi cherche par ailleurs à préserver une image de médiateur pragmatique dans les dossiers régionaux, tout en maintenant des alliances solides avec ses partenaires occidentaux. Son retrait progressif du théâtre yéménite s’inscrit dans une stratégie plus large de réorientation diplomatique et sécuritaire.

Dans ce contexte tendu, les démentis émiratis visent à désamorcer toute interprétation qui pourrait suggérer une reprise de leur engagement militaire direct au Yémen. Le pays insiste sur l’importance d’une solution politique durable au conflit, en coordination avec les efforts diplomatiques internationaux.

Il est donc peu probable, à ce stade, que les Émirats arabes unis s’engagent de nouveau dans une offensive terrestre, même indirectement, sans clarification officielle ni coordination régionale plus large. Les déclarations de Lana Nusseibeh traduisent la volonté de son pays de se désolidariser de tout scénario qui relancerait les tensions sur le terrain.

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