Taux d’intérêt explosifs, pouvoir d’achat en chute libre, fuite des capitaux, le modèle économique turc est à bout de souffle.

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Quand Erdogan arrive au pouvoir, il a trois priorités : replacer la Turquie au centre du jeu mondial, réduire l’emprise de l’armée sur la vie politique pour devenir une démocratie moderne, vaincre l’hyperinflation. C’est indéniable, Ankara pèse à nouveau sur la scène internationale. Partenaire des BRICS, la Turquie joue les médiateurs dans le conflit ukrainien. Sur un plan régional, elle s’est quasiment vu offrir les clés de son voisin syrien… un vaste marché à reconstruire. Deuxième force militaire de l’Otan avec 350 000 hommes, le pays n’a jamais baissé la garde et a développé une base industrielle de défense puissante, levier stratégique majeur pour le leadership régional.

Un virage autoritaire inquiétant

Les deux autres objectifs posent problème. Manifestations réprimées, opposants arrêtés, maires destitués, remplacés par des administrateurs, le virage autoritaire est net. Même les milieux économiques sont visés. Le président de la Tüsiad, le Medef turc, a été arrêté ainsi que son bras droit pour avoir dénoncé l’absence d’état de droit. Or la Tüsiad rassemble les plus grandes entreprises du pays qui génèrent 85% des recettes extérieures turques hors énergie et 80% de l’IS. Bref, l’économie turque ne peut tourner normalement sans elles et la défiance s’est maintenant installée.

Une politique monétaire à contre-courant

L’association avait déjà été dans l’œil du cyclone pour avoir critiqué la politique monétaire non conventionnelle du Président : baisser les taux pour juguler l’inflation à rebours de toute logique économique. Résultat, l’hyperinflation n’a toujours pas disparu, officiellement autour de 40%, y compris sur l’alimentaire. Les pics à plus de 100% sont passés mais après avoir pris un virage à 180 degrés dans la conduite de la politique monétaire, soit au prix d’une flambée du taux directeur passé de 8,5 à 50% en 10 mois. Un record en si peu de temps qui trahit l’urgence absolue de la situation. L’assouplissement depuis est marginal et l’objectif de ramener la hausse des prix à 1 chiffre d’ici les prochains mois est hors de portée.

Une économie à la dérive

Ce contexte appelle trois constats :

1. Au bout d’une décennie de flambée des prix le pouvoir d’achat a été laminé.
2. La violente remontée des taux a cassé l’une des pierres angulaires de la croissance turque, le crédit, le plus court chemin pour obtenir des résultats car très efficace pour soutenir la consommation et l’investissement.
3. L’économie turque est aujourd’hui sur un fil. À tout moment, un choc externe ou une perte de confiance peut la faire basculer. Le risque de collapse n’est pas une hypothèse à éliminer.

Une dépendance qui fragilise tout

Deux indicateurs en témoignent : la chute de la livre s’accélère depuis le début des tensions sociales qui a contraint la banque centrale à intervenir énergiquement en vendant plus de 10 milliards de dollars de réserves de change. L’affaiblissement de la livre pèse sur le prix des produits importés. Ce n’est pas bon pour l’inflation à venir. La bourse d’Istanbul a décroché et la confiance des chefs d’entreprise est entamée. Et c’est bien là le problème de l’économie turque. Compte tenu de son déficit courant, la Turquie est dépendante des financements externes. Son importante diaspora est un atout. Mais il lui faut aussi attirer les investisseurs étrangers.

Or, le climat économique, financier, politique et social peuvent les faire fuir comme dissuader les touristes de venir, une source de devises pourtant indispensable mais qui s’épuise. Entre taux d’intérêt explosifs, pouvoir d’achat en chute libre et fuite des capitaux, le modèle économique turc semble à bout de souffle.https://

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