L’annonce d’une trêve limitée entre la Russie et l’Ukraine, conclue à l’issue d’un appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine, continue de diviser la communauté internationale.
Tandis que certains saluent une avancée diplomatique, d’autres redoutent des concessions excessives à Moscou, sans réelles garanties. On vous explique.
« Il n’y a pas de confiance envers Poutine »
L’accord entre les présidents américain et russe prévoit une suspension des frappes russes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes pour une durée de 30 jours. Présentée par le Kremlin comme une ouverture à des négociations plus larges, cette trêve ne répond toutefois pas aux attentes de Kiev, qui exige un arrêt total des hostilités.
Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a exprimé de vives réserves quant aux intentions réelles de Moscou. « Il n’y a pas de confiance envers Poutine », a-t-il affirmé, pointant la poursuite des bombardements sur plusieurs villes ukrainiennes, notamment à Kiev et Soumy, et ce, malgré la déclaration de trêve. Par ailleurs, Moscou impose des conditions jugées inacceptables par l’Ukraine, parmi lesquelles l’arrêt de toute aide militaire occidentale à Kiev. Pour Zelensky, ces demandes ne sont rien de moins qu’une stratégie visant à affaiblir son pays avant de reprendre les combats dans des conditions plus favorables pour la Russie.
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La nécessité d’une « paix juste et durable »
Au sein des capitales européennes, la réaction oscille entre prudence et soutien mesuré. Le Royaume-Uni s’est démarqué en saluant « les progrès réalisés par le président Trump en vue d’un cessez-le-feu », selon une porte-parole du Premier ministre Keir Starmer. Londres insiste néanmoins sur la nécessité d’une « paix juste et durable » et affirme sa volonté d’accompagner Kiev jusqu’à ce que « la Russie ne puisse plus jamais lancer une invasion illégale ».
Dans la foulée de l’échange entre Trump et Poutine, Keir Starmer s’est entretenu avec Zelensky afin de discuter des avancées du processus de négociation. Par ailleurs, le gouvernement britannique a révélé qu’un « nombre significatif » de pays se disent prêts à déployer des troupes afin de garantir un éventuel cessez-le-feu, dans le cadre d’une « coalition des pays volontaires » portée par Paris et Londres. Une initiative qui, bien que symboliquement forte, suscite des interrogations quant à ses modalités d’intervention et aux risques encourus. Si le Royaume-Uni se veut optimiste, d’autres capitales européennes se montrent bien plus prudentes.
« Poutine veut toute l’Ukraine, en totalité, une domination totale »
Dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, les déclarations du Kremlin sont accueillies avec un profond scepticisme. Baiba Braže, ministre lettonne des Affaires étrangères, a été claire : « Il n’y a pas le moindre signe que la Russie veuille la paix. » Constat partagé par son voisin estonien, Jonatan Vseviov : « La Russie n’a changé aucun de ses objectifs. Poutine veut toute l’Ukraine, en totalité, une domination totale. »
Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Espen Barth Eide, a quant à lui alerté sur le danger d’accorder trop de concessions pour amener Moscou à la table des négociations. « Ils savent parfaitement jouer ce jeu. Ils prendront tout ce qu’ils peuvent obtenir », a-t-il averti.
« L’art du deal » ?
Un autre sujet d’inquiétude réside dans la capacité de Donald Trump à négocier face à un adversaire aussi expérimenté que Vladimir Poutine. « Poutine fait cela depuis des décennies. Il ne faut pas le sous-estimer », a rappelé Vseviov. « Il est très habile pour manipuler l’opinion publique et les dirigeants occidentaux. Nous devons être extrêmement prudents avec des gens comme Poutine », a-t-il ajouté, insistant sur le passé d’agent du KGB du président russe.
Aux États-Unis, les réactions à cet accord sont contrastées. Les républicains ont salué la capacité de Donald Trump à établir un dialogue direct avec le Kremlin, en opposition avec la posture plus rigide de Joe Biden. « Je suis encouragé par la volonté du président Trump de négocier la paix entre l’Ukraine et la Russie », a déclaré Scott Perry, élu républicain de Pennsylvanie. Les démocrates, en revanche, se montrent bien plus sceptiques. Le sénateur Chris Coons a souligné que « l’arrêt des frappes sur les infrastructures est un premier pas, mais les exigences de Poutine montrent qu’il cherche avant tout à neutraliser l’Ukraine ». De son côté, Donald Trump a lui-même défendu son initiative sur Truth Social, affirmant que « de nombreux éléments d’un accord de paix ont été discutés » et que les négociations allaient « immédiatement commencer au Moyen-Orient ».
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