Le double jeu de l’Europe sur le conflit arabo-israélien
Freddy Eytan
Malgré la barbarie perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 et en dépit du massacre des alaouites en Syrie, l’Europe, la France en particulier, n’a pas modifié sa politique sur le terrorisme islamiste et demeure toujours favorable à la création d’un Etat palestinien, même si les conditions ne sont pas appropriées. La dernière déclaration commune de l’Union européenne à Bruxelles concernant le nouveau régime syrien et son approbation au plan de paix de la Ligue arabe pour Gaza, confirme l’ambiguïté de la politique européenne et prouve que son double jeu persiste sur la solution du conflit israélo-arabe. Quelques semaines seulement après la chute de Bachar el Assad, les Européens se sont précipités à rencontrer le nouveau maître de la Syrie, Abou Mohammed al Joulani. Comment croire que ce djihadiste notoire abandonnerait si rapidement la terreur islamiste et se transformerait en chef d’Etat modéré ?
Pire encore, les Européens ne sont pas capables de sauver les minorités du Moyen-Orient et abandonnent les chrétiens. Ils pardonnent systématiquement tous les crimes horribles commis par des dictateurs arabes tels que Saddam Hussein ou la famille Assad qui avaient utilisé, en toute impunité, des armes chimiques contre les minorités de leurs pays. En revanche, les Européens s’obstinent toujours à condamner Israël pour avoir osé se défendre contre ses ennemis, et tentent même à traduire en justice ses dirigeants devant un tribunal international.
Depuis la fameuse Déclaration de Venise adoptée le 13 juin 1980, l’Europe des Neuf comme celle aujourd’hui des 26 nous entendons la même rengaine et les mêmes leçons de morale. Et pourtant, certains pays en Europe gèrent des territoires outre-mer à des milliers de kilomètres de leurs capitales respectives…
(Steven Lek/CC-BY-SA-4.0)
Le double jeu fonctionne toujours : quand les Palestiniens violent le droit international et payent des salaires aux terroristes et à leurs familles c’est tout à fait légitime à leurs yeux ; mais quand l’Etat juif réagit après un attentat ou même construit des appartements dans sa propre capitale et dans un territoire qui demeure « disputé », eh bien, c’est toujours la condamnation unanime. Les Européens se fâchent en nous menaçant de rappel d’ambassadeurs et de rétorsions.
Non ! Nous ne céderons pas au terrorisme comme le font les Européens systématiquement et nous seront toujours les premiers au monde à venir au secours aux minorités en détresse tels que les Druzes, les Kurdes, les Yézidis ou les maronites du Liban.
De gauche à droite : les présidents Barroso, Prodi, Von der Leyen, Juncker et Santer en 2024 (European Union/CC BY 4.0)
Comment ne pas réagir face à des Islamistes qui véhiculent le culte de la mort, sèment la terreur et massacrent aveuglement des vieillards, femmes et enfants ?
Cette conduite immorale, révoltante, est manipulée particulièrement par des mouvements de gauche. Comment ne pas manifester dans les rues contre la barbarie des temps modernes et par contre soutenir aveuglement les Palestiniens du Hamas ? Pourquoi ce mutisme au sein des mouvements féministes quand des femmes israéliennes sont violées ? Pourquoi les écologistes ne condamnent pas les pyromanes du Hamas qui détruisent sauvagement des plantations verdoyantes des kibboutzim et des jardins fleurissants ?
Pourquoi les Européens n’ont pas le courage de dire clairement à l’opinion publique internationale : Nous sommes en désarroi face à la crise économique. Nous sommes impuissants devant les vagues d’immigration musulmanes qui envahissent nos pays. Nous craignons surtout des attentats si nous ne céderont pas au chantage des islamistes. Nous n’avons pas donc pas le choix de collaborer et mener une politique mercantile avec les pays arabo-musulmans.
C’est clair, quand l’Europe est faible les Islamistes triomphent.
Israël est lié à l’Europe depuis la nuit des temps, depuis les empires d’Athènes et de Rome. Les Juifs ont vécu sur le Vieux continent bien avant l’Inquisition et l’expulsion d’Espagne. Une grande partie de son peuple a été anéanti par des barbares européens. Nous sommes liés au nombril européen par l’Histoire et la géographie et par l’inséparable bassin méditerranéen. Nous partageons les mêmes valeurs démocratiques et judéo-chrétiennes que tous les extrémistes réunis de Gauche comme de Droite ne pourront jamais gommer.
Dans ce contexte, nous devrions réagir avec une realpolitik et observer tous les intérêts en cours avec discrétion et sans préjugés et préjudices. Certes, il est clair que le passé ne doit jamais être oublié ou gommé et nous devons combattre sans relâche contre le fléau de l’antisémitisme, mais nous devons aspirer à un avenir meilleur. Rappelons que nous avons obtenu des réparations de l’Allemagne, et cette décision déchirante et sensible a été prise lourdement justement pour tourner la page et établir des relations diplomatiques fructueuses avec le pays qui a permis le nazisme et la Shoah. Ces relations sont jusqu’à présent bénéfiques.
Pour améliorer les relations avec l’Europe, nous devons donc procéder à une révision complète et pragmatique.
Tout d’abord, les pays classiques d’Europe occidentale, tels que la France ou l’Espagne, devraient être séparés des pays anciennement contrôlés par le bloc communiste. Les populations sont diverses et les mentalités et intérêts sont différents. Ils sont moins impliqués et ne s’intéressent pas beaucoup au conflit au Moyen-Orient, comme la France par exemple. Nos liens avec les pays d’Europe centrale et orientale, notamment la Hongrie, la Roumanie et la République tchèque, demeurent solides. Nos relations avec la Grèce, la Bulgarie et Chypre, également. Cela signifie qu’il existe une tendance positive au sein de plusieurs pays européens pour consolider leurs relations avec Israël. Cette évolution est importante et devrait être saluée.
Deuxièmement, une distinction claire doit être faite entre les dirigeants européens et tous les fonctionnaires qui siègent à Bruxelles. Durant ces dernières années, une politique anti-israélienne et un boycott a été menée injustement par le chef de la diplomatie, Josef Borrell. Il est inadmissible que des décisions décisives et importantes sur les affaires étrangères liées au Moyen-Orient et la politique d’Israël, ne soient pas prises par des élus politiques.
Troisièmement, les relations diplomatiques bilatérales et multilatérales devraient être séparées, en particulier dans le processus de résolution du conflit israélo-arabe. On est conscient au sein des deux parties que la séparation est importante. Rappelons qu’Israël est membre de l’OCDE. Il a signé avec chacun des pays européens de nombreux accords et a des intérêts économiques, scientifiques, culturels, touristiques et stratégiques avec l’UE et avec chaque Etat séparément.
Devant la nouvelle donne géopolitique au Moyen-Orient, la faiblesse de l’Europe et la consolidation de nos relations avec l’administration Trump, le temps est donc propice pour relancer un dialogue franc et sincère avec les dirigeants européens.
JForum.fr avec jcpa-lecape.org
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