L’attaque du 7 octobre a laissé Nir Oz sans protection
Le 7 octobre 2023 restera gravé comme l’un des jours les plus sombres pour l’État d’Israël. Parmi les lieux durement frappés par l’assaut terroriste du Hamas, le kibboutz Nir Oz symbolise de façon poignante l’ampleur des failles sécuritaires et humaines de cette journée tragique.
Dès les premières heures de l’attaque, environ 300 à 500 terroristes, principalement membres du Hamas mais également rejoints plus tard par d’autres groupes et civils armés venus de Gaza, ont envahi Nir Oz. En quelques heures seulement, 47 civils ont été tués, dont des enfants et des travailleurs étrangers, 76 personnes ont été enlevées, et presque toutes les habitations du kibboutz ont été endommagées ou détruites. Seules six maisons ont échappé à la dévastation.
L’enquête interne de Tsahal, publiée récemment, révèle que le kibboutz a été laissé à lui-même pendant toute la durée de l’attaque. Aucun soldat israélien n’est intervenu à Nir Oz avant que les derniers terroristes ne se soient déjà repliés à Gaza. Cette absence de réponse rapide s’explique par plusieurs facteurs : la mort précoce des commandants locaux, une désorganisation complète de la chaîne de commandement, la perception que Nir Oz était une cible secondaire en raison de sa petite taille (environ 400 habitants contre 1 300 à Be’eri, village voisin mieux défendu), et sa position géographique plus éloignée, au sud, parallèle à Khan Younès.
Le bataillon 450, arrivé à proximité de Nir Oz vers 9h45, aurait pu changer le cours de la journée s’il avait été déployé sur place. Au lieu de cela, il a été réparti entre Kissufim et Kerem Shalom, eux aussi attaqués, mais sans subir un tel carnage. Pire encore, deux chars positionnés non loin de Nir Oz n’ont pas pénétré dans le kibboutz. L’un d’eux a même rebroussé chemin après avoir constaté l’ampleur de l’assaut.
L’armée de l’air israélienne a bien engagé quelques frappes autour du kibboutz, principalement sur la route dite « Dallas » reliant Gaza à Nir Oz. Si ces frappes ont permis d’éliminer des dizaines d’assaillants – 64 corps ont été retrouvés autour de cette route – elles n’ont toutefois pas empêché le massacre ni secouru les habitants. Aucun tir n’a été effectué à l’intérieur même de Nir Oz, les pilotes redoutant de frapper des civils israéliens sur leur propre sol.
La désorganisation des forces armées a été aggravée par la perte du commandant de brigade Asaf Hamami avant même 7h du matin, suivie rapidement de la mort de son adjoint et d’autres officiers. Privée de commandement, Tsahal a été incapable de coordonner une réponse efficace. Trente-quatre soldats retranchés dans le réfectoire du kibboutz ont été neutralisés dès les premières heures de l’attaque, certains tués, d’autres blessés et réduits à l’impuissance.
Pendant ce temps, les habitants du kibboutz, livrés à eux-mêmes, se sont battus comme ils ont pu. Certains ont pris les armes pour défendre leur famille, d’autres ont tenté d’éteindre des incendies provoqués par les terroristes avec leur propre urine, faute d’eau. Des messages de détresse ont été envoyés sans jamais recevoir de réponse.
L’ampleur de l’invasion était pourtant connue à différents niveaux de l’armée. Huit rapports ont été transmis aux échelons supérieurs, dont quatre directement au commandement central, mais noyés dans les 115 rapports d’attaques simultanées dans tout le sud d’Israël. L’unité 8200, spécialisée dans le renseignement, disposait d’indications sur l’assaut de Nir Oz, mais ces données n’ont pas été exploitées à temps.
Les premières forces d’élite ne sont arrivées à Nir Oz qu’entre 13h10 et 14h50, bien après le retrait des assaillants. Trop tard pour sauver des vies.
Le kibboutz Nir Oz a réagi avec dignité à la publication du rapport de Tsahal, qualifiant les conclusions de « déchirantes et profondément troublantes ». Il a toutefois salué le courage des membres de son équipe d’intervention d’urgence, qui ont tenu tête aux terroristes dans des conditions extrêmes. Le chef du conseil régional d’Eshkol, Michal Uziyahu, a également dénoncé le sentiment d’abandon ressenti par les habitants.
Le kibboutz demande désormais non seulement une réforme de la sécurité des communautés frontalières, mais aussi une enquête nationale plus large sur les failles structurelles qui ont conduit à cette catastrophe.
Pour autant, dans cette douleur immense, le courage et la résilience des habitants de Nir Oz demeurent un exemple admirable. Leur combat pour la vie, leur dignité et leur détermination à reconstruire leur foyer incarnent l’esprit israélien face à l’adversité. Malgré l’abandon temporaire, Israël, uni, ne laissera plus jamais ses citoyens seuls face à la barbarie.
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