Malgré la guerre, le shekel a surperformé en 2024, signe de la résilience de l’économie israélienne.
En 2024, le shekel est resté relativement stable vis-à-vis du dollar et il s’est apprécié par rapport à l’euro (4,07 ILS/EUR en janvier et 3,80 ILS/EUR en décembre). L’année 2024 s’est conclue avec un déficit budgétaire de 6,9% du PIB, nettement inférieur aux 7,7% enregistrés fin novembre en g.a, grâce à une hausse des recouvrements fiscaux et à la disparition de l’effet de base du mois de décembre 2023.
L’accroissement de l’endettement semble jugulé (69% du PIB) et la croissance a dépassé les attentes à 1% en 2024, du fait de la hausse des dépenses publiques. Une forte reprise est attendue en 2025, le gouvernement prévoyant une croissance de 4,6%. La Banque Centrale Israélienne (BOI) maintient le taux directeur inchangé à 4,5% depuis janvier 2024, ce qui rend les actifs financiers israéliens attractifs pour les investisseurs et permet de contenir l’inflation, renforçant la confiance dans la monnaie locale.
Enfin, de solides exportations (145,7 Mds USD) ont contribué à l’excédent de la balance des paiements, créant une pression structurelle à la hausse sur le shekel. Trois postes y concourent : la haute technologie (60% des exportations de service), la défense et le gaz naturel (les exportations de gaz pourraient avoir atteint 13 à 14 Mds de m3 en 2024).
Un marché boursier local performant et une exposition importante de l’épargne israélienne aux actions américaines. Malgré la guerre, 2024 a constitué une année favorable pour l’épargne en Israël, la meilleure année depuis 2021 et la deuxième meilleure année depuis 10 ans.
Les indices Tel Aviv 25 et Tel-Aviv 125 ont tous deux augmenté de 28% l’an dernier. Les grandes banques ont par ailleurs observé un déplacement significatif de l’épargne israélienne vers les actions et fonds indiciels du S&P 500 (environ 250 Mds ILS – 68 Mds USD) depuis 2021, augmentant la composante en devises étrangères du portefeuille des épargnants, sociétés d’investissement et compagnies d’assurance. Toute hausse sur les marchés américains augmente l’ampleur de leurs investissements en dollars. Pour maintenir leur allocation d’actifs cibles, les institutions financières israéliennes vendent des dollars, ce qui renforce mécaniquement le shekel.
Les investisseurs ont accueilli favorablement les cessez-le-feu au Liban et à Gaza. Les trêves ont engendré une réduction significative de la prime de risque exigée par les investisseurs, qui demeurait à un niveau élevé depuis les dégradations successives de la note souveraine de l’État hébreu par les trois agences de notation. Les CDS à 5 ans ont diminué de moitié en trois mois et se situent à environ 80 points de base. Depuis l’élection de Donald Trump, les marchés nourrissent des attentes élevées sur un prolongement des accords d’Abraham et une normalisation de la relation entre l’Arabie Saoudite et Israël, favorables aux investissements et aux échanges.
Des achats de devises étrangères par la BOI ont contribué à la récente dépréciation du shekel. La Banque Centrale israélienne dispose d’une réserve excédentaire de devises étrangères à 220 Mds USD en février 2025, soit 40,6% du PIB ou l’équivalent de 2 ans et demi d’importations. Selon le FMI, le niveau des réserves de change d’Israël (ARA) est 3,12 fois supérieur au minimum recommandé pour faire face aux chocs économiques. Ce coussin financier offre une flexibilité dans la politique monétaire conduite par la BOI pour stabiliser l’économie et permet de réguler le taux de change du shekel. La hausse actuelle des réserves de devises (+4,2 Mds USD entre janvier et février) résulte des activités de change du gouvernement pour un montant total de 2,5 Mds USD et d’une réévaluation qui a augmenté les réserves d’environ 1,7 Md USD. Elle a contribué à la récente dépréciation en mars du shekel vis-à-vis du dollar (3,65 ILS/USD) et de l’euro (3,95 ILS/EUR).
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