De 300 podcasts participants en 2023 à plus de 1.600 deux années plus tard, le Podcasthon est des mots même de son coorganisateur, Jérémie Mani, « un bel exemple de viralité positive ». Ce mouvement 100 % bénévole, qui connaîtra demain sa troisième édition, est l’équivalent sonore des marathons caritatifs (Streams for Humanity, SpeeDons, Z Event…) sur Twitch. Sauf qu’en lieu et place des vedettes du gaming, ce sont des podcasteurs qui se mobilisent du 15 au 21 mars en faveur de l’association de leur choix. Point de millions à la clé, mais une belle exposition, et potentiellement de nouveaux donateurs parmi les auditeurs. « Les associations ont du mal à élargir leur vivier de sympathisants, elles ont besoin de communication, souligne Jérémie Mani. Par le temps accordé et la qualité de l’écoute, le podcast est le meilleur média pour un collectif de se raconter. »
Mobilisation générale
Clémentine Sarlat (La Matrescence), Julien Devaureix (Sismique), Fab Florent (Histoires de mecs), Clémentine Galey (Bliss)… Qu’ils cumulent des centaines de milliers d’écoutes chaque mois, comme Matthieu Stefani (Génération Do It Yourself) parrain de l’édition 2025, ou beaucoup moins, podcasteurs indépendants, studios mais aussi médias, dont 20 Minutes, offrent, le temps d’un épisode, une caisse de résonance à des causes très différentes. Dans notre cas, nous avons choisi de consacrer un hors-série de notre programme Sixième Science (coréalisé avec le magazine Sciences et Avenir) à Diversidays.
D’autres s’attarderont sur le travail de Lazare, qui met sur pied des colocations solidaires entre jeunes actifs et sans-abri, des ONG reconnues comme ATD Quart-Monde ou intervieweront une asso de quartier. Une diversité (près de 800 associations francophones ont été répertoriées par le Podcasthon via les réseaux HelloAsso et France Générosité pour faciliter la mise en relation avec les podcasteurs) à l’image de l’engagement associatif en France, particulièrement vivace. Tant qu’elles font du bon boulot, Jérémie Mani et son associé Yves Delnatte ne ferment aucune porte : « On essaye d’être le plus ouvert possible, le plus important c’est de mettre en avant le plus d’assos. »
Cette année, le mouvement traverse la mer et l’océan
Mais aussi la façon de le faire. Parmi les nombreux créateurs à se joindre à la fête cette année, Jérémie Mani a repéré Encore une histoire produit par Benjamin Muller. « Si j’ai bien compris, il va intégrer l’univers de l’association qu’il a choisie à une histoire pour enfant. C’est ça qui est intéressant. Ce podcast a une audience comparable à Génération DIY de Matthieu, mais ce n’est pas du tout la même cible. » Sans doute porté par le succès des deux premières éditions, Jérémie Mani ne cesse de vouloir agrandir la sienne.
Si le Podcasthon a pris une telle ampleur cette année, c’est d’abord et avant tout parce qu’il s’est mis à parler la langue de l’Oncle Sam. Sur les 1.600 créateurs à participer, 1.000 le font en anglais. En s’attaquant à ce nouveau territoire, le co-papa de ce téléthon sans l’image se lançait dans le noir : « Le marché est nettement plus vaste. Et personne ne nous connaissait. Malgré ça, on a eu bcp de “oui” tout de suite. Les Anglo-saxons ont intégré la notion de give back (de redonner) à la communauté. Comme en France, on a bien été aidés par nos partenaires (Acast, Spotify…), qui ont fait parler de l’initiative. »
En revanche, là où les grandes voix du podcast natif français décrochaient volontiers le téléphone, il a été nettement plus compliqué d’entrer en contact avec les stars du podcast system américain. « C’est vraiment un autre monde. Beaucoup plus fragmenté. Là-bas, tu peux être une célébrité dans un Etat et totalement inconnu dans un autre. Finalement, ils ne sont pas tant que ça à être connus sur tout le continent. » A l’exception peut-être du sulfureux Joe Rogan. Approché par l’équipe de bénévoles, l’ancien champion de MMA devenu l’animateur d’un des shows les plus écoutés et décriés au monde, n’a pas donné suite. Loin de s’en formaliser, le Podcasthon pense déjà à l’après et se prépare à ajouter en 2026 une nouvelle langue à son répertoire : l’espagnol.
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