Honneur au journaliste Jean-Michel Aphatie, qui démissionne de RTL

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Le journaliste Jean-Michel Aphatie, mis en cause pour des propos sur les massacres de la France en Algérie, a annoncé dimanche sa démission de la radio RTL, qui lui avait infligé une semaine de suspension à l’antenne.

Le 25 février dernier, à l’occasion de l’évocation du massacre de centaines d’habitants du village d’Oradour-sur-Glane  (Haute-Vienne) perpétré en juin 1944 par une unité de la division SS Das Reich, le journaliste avait observé que la France avait pour sa part commis un nombre incommensurable d’atrocités de ce type au cours des 132 ans de la colonisation de l’Algérie.

« Chaque année, en France, on commémore ce qui s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience ? », avait notamment déclaré Aphatie au cours de l’émission. Ce qui est absolument incontestable.

Mais un tir de barrage de tous les négationnistes, nostalgiques de l’Algérie française, était aussitôt déclenché contre le journaliste, et la direction de RTL, dans un souci « d’apaisement » selon ses dires, décidait de le priver d’antenne pendant une semaine.

Jean-Michel Aphatie ne l’accepte pas, et il s’en est expliqué dimanche, dans la déclaration ci-dessous.

« Je ne reviendrai pas à RTL. C’est ma décision. Voici pourquoi.

Il y a quinze jours, mes propos sur la colonisation algérienne ont créé le débat. La direction de la radio m’a dit avoir enregistré de nombreuses protestations de la part des auditeurs. Pour faire droit à l’émotion suscitée, il m’a été demandé de ne pas me présenter la semaine suivante, en m’indiquant que je serai le bienvenu, ensuite, pour continuer à défendre mes points de vue sur l’antenne. 

J’ai compris et admis la démarche des dirigeants de RTL. Je l’ai trouvé équilibrée et respectueuse à mon égard. Et puis, le jour de suspension est arrivé. C’était mercredi dernier. À partir de là, concrètement confronté à ce qu’il faut bien appeler une punition, ma perception de la situation s’est modifiée.

Même décidée dans le cadre d’un dialogue serein et compréhensif, une punition reste une punition. Si je reviens sur l’antenne de RTL, je la valide, donc je reconnais avoir fait une faute. C’est un pas que je ne peux pas franchir.

J’attache un prix particulier à la question de la présence française en Algérie entre 1830 et 1962. Je ne suis pas concerné personnellement. Ni mon père, ni mes oncles, ni d’autres membres de ma famille n’ont participé à la guerre d’Algérie. Je n’ai pas non plus de connexions ou de liens avec des Français rapatriés de ce pays. J’ai découvert cette histoire de manière banale. Je me suis intéressé, voilà déjà longtemps, aux conditions du retour au pouvoir du général de Gaulle, en mai 1958. La question du maintien de l’Algérie dans la France était au cœur de la crise politique. Je me suis alors demandé ce qu’était cette situation, quelle était la nature de la présence française et aussi celle de la cohabitation des communautés sur ce territoire.

Ce que j’ai lu dans les livres écrits par des historiens méticuleux m’a horrifié. Les massacres de musulmans se sont succédés tout au long des 132 ans d’occupation. Un statut dit d’indigénat, appliqué à partir de 1881, a privé les premiers occupants de l’espace de tous droits et leur a imposé des servitudes archaïques et injustes. Chassés des terres les plus riches, ils ont végété dans l’extrême pauvreté. La scolarisation des enfants a été parcimonieuse. Tout ceci dresse un tableau indigne de la France au regard des valeurs d’humanité qui font sa réputation dans le monde.

J’ai vécu comme une injustice maintenue l’absence de reconnaissance officielle par le colonisateur des traitements dégradants infligés à cette population. Les propos que je tiens sur ce sujet depuis des années sont liés à ce sentiment. Pour cette raison, et pour cette raison seulement, je ne peux pas accepter d’être puni pour les avoir répétés. 

Je regrette la situation qui s’est créée. J’ai passé de belles années professionnelles à RTL. C’est une radio que j’aime. Mais c’est ainsi. 

Une précision pour terminer, parce que j’ai vu à l’œuvre durant ces derniers jours ces faux nationalistes qu’effarouchent les vérités de l’histoire. Le pouvoir algérien d’aujourd’hui est une dictature. Il l’est depuis 1962. Le peuple algérien mérite, comme tous les peuples, la liberté et la justice. Il en est, hélas, privé depuis trop longtemps. Par ailleurs, je m’associe, comme je l’ai fait depuis le début, aux demandes de libération de Boualem Sansal, injustement emprisonné à Alger. 

Un jour, c’est mon espoir, la France, mon pays, conviendra de sa part d’inhumanité dans l’histoire. 

Etonnant, non ? » 

CAPJPO-EuroPalestine

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