Le Chiffre. 82 700 Israéliens ont quitté le pays contre 23 800 citoyens qui sont revenus au pays.

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Il était temps : 2024 restera dans les annales de la démographie israélienne comme une mauvaise année, les naissances et immigrants ne parvenant plus à combler le départ d’Israéliens.

La commission de la Knesset en charge de l’Immigration, Intégration et Diaspora, vient de tenir un débat urgent sur le thème « la préparation du pays à la migration négative et ses conséquences ».

Migration négative

Une des retombées significatives de la guerre actuelle sur la société israélienne sera sans aucun doute l’augmentation significative du volume de migration négative ; en 2024, 82 700 Israéliens ont quitté le pays contre seulement 23 800 citoyens qui sont revenus au pays.

Israël a donc perdu 58 900 habitants uniquement par le biais des migrations des Israéliens vers des pays plus accueillants.

Pour la première fois depuis longtemps, le mouvement migratoire vers l’État juif reste très inférieur aux départs ; en 2024, 32 800 nouveaux immigrants se sont installés en Israël, contre 47 000 en 2023, soit une chute de 30% en un an.

Autre sujet de préoccupation : beaucoup de nouveaux immigrants quittent Israël quelques années après leur installation. C’est ainsi que 15% des nouveaux immigrants arrivés en Israël entre 2019 et 2023 ont quitté Israël en 2024. En 2022, ce sont 50% des immigrants sortants qui étaient nés à l’étranger.

Les chiffres présentés à la Knesset indiquent aussi que les émigrants de 2022 se caractérisent par un niveau d’éducation plus élevé que la population générale : 54% des partants totalisaient 13 ans d’études ou plus contre 44 % de la population générale, et 26 % des partants ont plus 16 ans d’études contre 19 % de la moyenne générale.

Moteur de croissance

Certes, le pays a enregistré 181 000 naissances en 2024, soit un peu plus que les 179 000 enfants nés en 2023 ; or la bonne tenue de la natalité ne suffit pas à compenser les pertes de la forte émigration et du ralentissement de l’immigration.

Résultat : le taux de croissance démographique en Israël a connu une baisse significative en 2024, s’établissant à seulement 1,1 % (contre 1,6 % 2023).

La démographie israélienne est un des principaux moteurs de la croissance économique qui repose sur la matière grise de sa population.

Les conséquences négatives de l’émigration sont très vastes et préjudiciables à l’économie. De nombreux domaines sont touchés, en passant du marché du travail au PIB et à la croissance annuelle, sans compter les conséquences sociales et les implications en matière sécuritaire.

Après plus d’une année de guerre, il était temps de se réveiller et d’agir : sans scientifiques, techniciens et chercheurs, Israël ne cessera de prospérer.

à propos de l’auteur

Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : « Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël » (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.

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