Israël Hi Tech; les juniors menacés par l’IA

L’avenir incertain des jeunes diplômés en informatique

Un marché de l’emploi saturé
Le rêve d’une carrière florissante dans le secteur des hautes technologies semble s’éloigner pour de nombreux jeunes diplômés en informatique. Alors que l’intelligence artificielle redéfinit les méthodes de travail et automatise une partie des tâches autrefois réservées aux développeurs, plusieurs nouveaux entrants sur le marché du travail se retrouvent confrontés à des difficultés inattendues.

Yahav Nir, un jeune diplômé de l’Open University, illustre cette réalité. Malgré une formation solide et une expérience dans l’analyse de données et l’administration système, il peine à décrocher un poste en tant que développeur. Le principal obstacle ? Des exigences de plus en plus élevées, notamment en matière d’expérience dans le domaine de l’intelligence artificielle.

De son côté, Aharon Sinai, étudiant en dernière année à l’Université hébraïque, a déjà envoyé plus de 150 candidatures sans succès. La tendance actuelle montre une diminution des opportunités pour les jeunes diplômés, une situation aggravée par l’essor des outils d’intelligence artificielle capables d’automatiser certaines tâches de codage.

L’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi
Les experts du secteur s’accordent à dire que nous ne sommes qu’au début d’une transformation majeure du marché de l’emploi. Mark Zuckerberg, PDG de Meta, prédit qu’en 2025, l’intelligence artificielle pourra remplacer les ingénieurs logiciels de niveau intermédiaire. De même, Marc Benioff, PDG de Salesforce, a annoncé une réduction drastique des embauches dans le développement logiciel, attribuant cette décision à l’augmentation de la productivité de l’IA.

Plusieurs entreprises, comme Lemonade et TabNine, adoptent déjà des moteurs d’intelligence artificielle capables de générer du code, optimisant ainsi le processus de développement tout en réduisant le besoin d’embaucher de nouveaux programmeurs. Dans ce contexte, les développeurs juniors sont les plus vulnérables, car leurs tâches sont souvent celles qui peuvent être facilement automatisées.

Vers une transformation des métiers de l’informatique
Face à cette évolution, les experts recommandent aux jeunes professionnels de repenser leur approche du métier. Dror Weiss, PDG de TabNine, souligne l’importance pour les programmeurs de se différencier de l’IA en adoptant une approche plus analytique et en se concentrant sur la conception et l’architecture logicielle. Selon lui, la simple exécution de tâches de codage est une compétence de plus en plus facilement remplacée par les machines.

Une enquête menée auprès de 100 entreprises technologiques révèle que 92 % d’entre elles utilisent déjà l’intelligence artificielle pour générer du code, contre seulement 50 % l’année précédente. Toutefois, certains domaines restent protégés, notamment la gestion de projet et les infrastructures DevOps, qui nécessitent une expertise humaine plus poussée.

Comment s’adapter à cette nouvelle réalité ?
Pour les jeunes diplômés, il devient essentiel de se repositionner sur le marché du travail. Lotan Levkovich, du fonds de capital-risque Grove, recommande aux ingénieurs de développer des compétences en résolution de problèmes et en planification architecturale, deux domaines où l’humain garde un avantage sur la machine. Il prédit également une évolution des métiers du développement, où les programmeurs pourraient rapidement se transformer en architectes logiciels, jouant un rôle plus stratégique dans la conception des systèmes.

Miriam Shtilman, associée chez Tal Ventures, partage cet avis et insiste sur l’importance de la polyvalence. Selon elle, les nouveaux entrants sur le marché du travail devront être capables d’exploiter les outils d’intelligence artificielle plutôt que de les voir comme une menace. La capacité à intégrer l’IA dans le développement de solutions complexes deviendra un atout clé.

Une transformation inévitable du secteur
Les institutions académiques commencent elles aussi à adapter leurs formations. L’Université Reichman a récemment lancé une école dédiée aux technologies de pointe en partenariat avec Google, proposant des formations intensives en intelligence artificielle et développement logiciel. De même, l’Université de Tel Aviv a renommé son département informatique en « École d’informatique et d’intelligence artificielle », illustrant la mutation en cours.

Alors que l’intelligence artificielle continue de transformer le secteur, les futurs ingénieurs devront faire preuve d’adaptabilité et acquérir des compétences qui leur permettront de compléter et superviser l’IA plutôt que de la concurrencer directement. La clé du succès résidera dans leur capacité à s’insérer dans un marché en pleine mutation, où la simple maîtrise du code ne suffira plus.

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