Le 24 février 2025, le Pavillon de l’Arsenal a présenté sa première exposition sous le parvis de Notre-Dame de Paris et le projet architectural Nouveau Copernic y a été présenté. Mais celui-ci intègre un projet d’agrandissement qui vise à détruire l’édifice pour en reconstruire un nouveau.
Malgré les vives oppositions et les recours pour faire classer le site, le permis de démolition déposé par son association propriétaire, l’Union libérale israélite de France (ULIF), a été accepté par la Ville de Paris et le projet vise à moderniser le bâtiment et ses installations dont les conditions d’accueil des fidèles ne sont pas suffisantes pour assurer la sécurité, le confort et l’accessibilité.
« La démolition est indispensable car la réhabilitation et l’extension du lieu actuel n’est pas possible compte tenu des exigences à respecter sur les lieux recevant du public. La nouvelle synagogue respecte les exigences règlementaires de sécurité et d’accessibilité tout en proposant un programme adapté aux besoins des fidèles, aux générations actuelles et futures », indique la Ville qui rappelle toutefois son intérêt pour l’aspect patrimonial et historique du site.
« Plusieurs choix ont été faits pour sauvegarder l’identité de la synagogue », assure-t-elle avant de lister les éléments de décors qui devront être réintégrés dans le nouveau bâtiment. Parmi eux notamment, la Ville a fait adopter l’esthétique Art Déco dans l’édifice culturel. « Une étude complémentaire fine a été développée pour s’assurer de la faisabilité de la dépose et repose de ces éléments de décors », ajoute la municipalité.
La synagogue de la rue Copernic est en effet différente des autres pour son style et son histoire. Bâtie en 1924 par Marcel Lemarié, elle se veut discrète de l’extérieur mais impressionnante de l’intérieur. Cachée derrière une façade haussmannienne plutôt commune, elle est baignée de lumière avec une verrière-vitrail et un lanterneau de huit baies dressés au-dessus de la salle de culte. Son esthétique Art Déco qui se devine avec les stucs blancs et or ornés de motifs végétaux géométrisés rend cet édifice unique en son genre en France.
Il est en outre chargé d’histoire après les actes terroristes qui ont visé ce lieu de culte juif.
Le 3 octobre 1941 d’abord, Paris se trouve sous l’occupation allemande durant la Seconde guerre mondiale, plusieurs synagogues sont visées et une bombe explose rue Copernic. Une partie de l’établissement est détruite avant d’être reconstruit en 1946. Quelques années plus tard, le 3 octobre 1980, c’est aussi une bombe qui cause la mort de quatre personnes et faisant de nombreux blessés. L’attentat de la rue Copernic est le premier attentat visant la communauté juive en France depuis la guerre.
C’est par ailleurs dans cette synagogue qu’a été lancé le premier lieu du judaïsme libéral dans le pays en 1907 par le rabbin Louis-Germain Lévy.
L’association Judaïsme en mouvement (JEM), aussi propriétaire, veut justement regarder dans le passé pour remodeler cet immeuble. À l’image de Louis-Germain Lévy, qui « détruisit puis reconstruisit la synagogue pour disposer d’un lieu de culture plus grand et plus moderne », elle ambitionne de telles manœuvres pour son projet architectural actuel. « Il y a ici, à Copernic, une âme qui sera conservée dans la nouvelle synagogue », souligne l’organisation.
Cependant, ce projet est vivement contesté par l’Association pour la protection du patrimoine de Copernic (APPC) et après plusieurs recours, dont certains sont toujours en cours de traitement, elle espère faire plier les propriétaires. « Cela fait huit ans et la synagogue est toujours debout », constate sa présidente, Eva Hein-Kunze, qui se réjouit presque de la lenteur des procédures administratives, retardant l’arrivée des bulldozers.
Source : Le Parisien
Partager :
La source de cet article se trouve sur ce site