«Quand vous verrez ce que j’ai vu sur Brigitte Macron, vous allez tomber de vos chaises comme je suis tombé de ma chaise. Vous en saurez plus la semaine prochaine, je ne veux pas vous spoiler. » A la manière d’une téléréalité, Candace Owens, journaliste complotiste, tient ses suiveurs en haleine, après quatre épisodes de « révélations exclusives » sur le « passé » de la première dame de France, dont le dernier a été diffusé ce mardi.
Une vraie série, dont les complotistes attendent avec impatience chaque épisode, avec à chaque fois la promesse de nouvelles informations inédites. Un feuilletonnage comparable à ce que propose la téléréalité, ou plus globalement les séries télévisées, depuis la démocratisation de la diffusion hebdomadaire. Pour Refka Payssan, doctorante chercheuse en sciences de l’information et de la communication, ce sont des « mécanismes de suspens » que le complotisme a appris à utiliser depuis le début des années 2000. Créer de l’attente, du suspens, une mécanique qui permet aux contenus complotistes d’engendrer plus de réactions, et donc d’être mis en avant par les réseaux sociaux.
Le complotisme copie le petit écran
Au-delà du feuilletonnage, c’est selon elle tout un ensemble de codes qui ont été repris : « Un montage dramatique, des interviews face caméra, des confessionnaux… » Le complotisme a compris selon elle l’importance de créer un vrai storytelling, une intimité avec le spectateur.
Suffisant pour garder en haleine les passionnés ? Pas selon Julien Giry, chercheur en sciences de l’information et spécialiste du complotisme : « Pour maintenir l’intérêt, il faut aller de plus en plus loin dans l’extravagance. » Des scènes chocs, des révélations inattendues, tout est bon pour fidéliser ceux qui s’intéressent aux aliens ou aux dernières embrouilles des « Marseillais au Mexique ».
« Regardez par exemple les théories qui circulent autour de l’assassinat de Kennedy. Toutes les décennies apparaissent de nouvelles théories, de nouveaux acteurs, qui pourraient être la clé de sa mort », poursuit Julien Giry.
Le complot dont vous êtes le héros
Et en attendant le prochain épisode, le complotisme, comme les séries télévisées, peut compter sur ses fans pour combler les blancs, créer de nouvelles théories, là où les producteurs souhaitent laisser court à l’imagination. Pour Refka Payssan, ces programmes utilisent les réseaux sociaux pour créer des « chambres d’échos, où les spectateurs peuvent devenir acteurs ». Une communauté se crée pour évoquer les dernières révélations, théories, que l’on parle de la zone 51 ou de la dernière tromperie sur « L’Île de la tentation ».
Pour s’appuyer sur ces nouveaux groupes d’échanges, les producteurs de contenu n’hésitent pas à laisser planer le doute, le mystère, ce qui permet pour la chercheuse de déclencher chez les lecteurs un « appel à l’autopersuasion ». « Être acteur permet de plus facilement rationaliser ce qui peut ne pas l’être. » Entre Montoya, la star de « L’île de la tentation » espagnole, Big Foot ou le monstre du Loch Ness, difficile de savoir ce qui est le plus fou…
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