Dans le film récemment sorti, La Divine, de Guillaume Nicloux, qui relate une partie de la vie de Sarah Bernhardt figure une scène qui indique que c’est elle qui a convaincu Emile Zola de s’engager dans l’affaire Dreyfus.
La source des scénaristes est assurément le livre d’Henri Verneuil, La Vie merveilleuse de Sarah Bernhardt, publié en 1942 et où on y apprend que Sarah Bernhardt, convaincue par Octave Mirbeau, serait venue voir Zola le 15 novembre 1897 : « La façon claire, lumineuse, irréfutable dont Sarah lui exposa les faits, fut pour lui une révélation. Dès le lendemain, il rencontrait Scheurer-Kestner et trois jours plus tard, son parti était pris : interrompant toute autre activité, il n’aurait plus d’autre but, maintenant que de faire libérer l’innocent. » (p. 226).
Mais cette histoire est erronée car Mirbeau n’était alors pas engagé dans la défense de Dreyfus, Zola avait rencontré Scheurer deux jours plus tôt et cette visite de Sarah Bernhardt n’a jamais eu lieu…
Mais cela n’implique pas que Sarah Sarah Bernhardt ne s’est pas impliquée. Eprise de liberté et de justice, toujours prête à secourir les plus défavorisés, fut naturellement touchée par le sort de Dreyfus. Ainsi écrivit-elle une lettre de soutien à Zola, dès la publication de son premier article sur l’Affaire, lettre que Zola présentera à son épouse comme étant d’un « emballement absolument fou » puis une seconde au lendemain de la publication de son « J’Accuse… ! » :
Elle se brouilla même un temps avec son fils Maurice, alors antidreyfusard. Afin de marquer publiquement son engagement, elle décida, après avoir signé la protestation en faveur de Picquart, au moment du procès de Rennes, de ne pas donner la représentation prévue à Rennes, montrant ainsi clairement sa position et aussi son refus de risquer de créer une diversion.
Comme le souligne Jules Claretie : « C’est très beau ce qu’elle fait là ; elle perd une fort belle recette, et une ovation certaine ».
À la mort de Scheurer-Kestner, elle enverra une couronne portant ces simples mots : « Hommage à Scheurer, l’apôtre de la Vérité ») et, à celle de Zola, en 1902, elle souscrira à son monument.
De même, après l’attentat dont avait été victime Labori à Rennes, elle avait écrit à son épouse pour l’inciter au « courage » et l’assurer de « [s]a profonde douleur et de [s]on grand espoir ».
Et pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de cette affaire qui a marqué le XIXème siècle, une visite à la Maison Zola-Musée Dreyfus à Médan (Yvelines) ne pourra qu’être utile.
Tout un espace est réservée à l’Affaire Dreyfus à travers un parcours de documents, textuels et visuels, mais c’est aussi un musée du présent non seulement en vertu de cette évidence que le passé et sa connaissance éclairent le futur, mais encore tant que les questions que pose l’Affaire demeurent actuelles.
Source : Le dico de Sarah Bernhardt
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