Selon www.slate.fr:
« L’application pourrait-elle être tenue responsable des différents accidents mortels survenus dans le pays ces dernières années?
Dimanche 24 novembre, dans l’État indien de l’Uttar Pradesh, une voiture a emprunté un pont inachevé, finissant par tomber dans le lit d’une rivière, ce qui a causé la mort de ses trois occupants. Selon la police locale, indique la BBC, cet accident fatal est dû à une mauvaise indication de Google Maps, qui a suggéré au conducteur d’emprunter ce pont alors que l’ouvrage en question est actuellement inutilisable.
Courant 2024, une partie de ce pont s’était effondrée à cause de fortes inondations. Les habitants de la zone, parfaitement au courant de la situation, avaient alors bien évidemment cessé de l’emprunter; hélas, les trois hommes morts dimanche ne faisaient pas partie de la population locale et ont été trompés par Google Maps, à qui ils ont fait une confiance aveugle –comme beaucoup d’entre nous l’auraient fait.
Google Maps est l’application de navigation la plus populaire en Inde: l’immense majorité de la population qui a besoin d’un GPS fait appel à cette appli. Celle-ci alimente également les services de nombreuses plateformes de covoiturage, de commerce électronique et de livraison de repas. Selon certaines informations, elle compte environ 60 millions d’utilisateurs actifs rien que dans le pays et enregistre près de 50 millions de recherches par jour.
D’autres victimes connues
Ce n’est hélas pas la première fois que l’application est critiquée pour avoir fourni des indications incorrectes. Par le passé, elle a même déjà provoqué des accidents mortels. C’est ainsi qu’en 2021, un habitant de l’État du Maharashtra s’est noyé après avoir emprunté un barrage avec sa voiture comme Google Maps le lui avait indiqué. En 2023, deux jeunes médecins du Kerala sont aussi morts après avoir conduit leur voiture dans une rivière. La police a déclaré qu’ils avaient suivi un itinéraire indiqué par l’application et a mis en garde les utilisateurs contre le fait de trop s’y fier lorsque les routes étaient inondées.
Quand tout fonctionne normalement, Google Maps procède de la façon suivante pour prendre en compte les changements. Les signaux GPS des applications des utilisateurs suivent les variations de trafic le long des itinéraires: une augmentation indique une congestion, tandis qu’une diminution suggère qu’une route est moins fréquentée. L’application reçoit également des mises à jour des gouvernements et des utilisateurs sur les embouteillages ou les fermetures.
Les plaintes liées au trafic intense, ou celles notifiées par les autorités, sont prioritaires, car Google n’a pas la main-d’œuvre nécessaire pour traiter les millions de plaintes qui affluent quotidiennement. C’est ce qu’explique Ashish Nair, fondateur de la plateforme de cartographie Potter Maps et ancien employé de Google Maps: «Un opérateur de carte utilise ensuite l’imagerie satellite, Google Street View et les notifications gouvernementales pour confirmer le changement et mettre à jour la carte.»
Selon Ashish Nair, les applications de navigation ne peuvent être tenues responsables des accidents, car leurs conditions de service indiquent clairement que les utilisateurs doivent appliquer leur propre jugement sur la route et que les informations fournies par l’application peuvent différer des conditions réelles. Il souligne qu’il est tout simplement très difficile pour une plateforme comme Google, qui gère les cartes du monde entier, de suivre tous les changements qui se produisent sur une route.
Ajoutons que contrairement à d’autres pays, l’Inde ne dispose pas non plus d’un système fiable permettant de signaler ces problèmes à temps. «Les données demeurent un défi majeur en Inde. Il n’existe pas de système permettant d’enregistrer les changements d’infrastructure dans une interface web, qui pourrait ensuite être utilisée par des applications comme Google Maps», explique Ashish Nair, qui cite Singapour comme un exemple à suivre. «Les cartes de mauvaise qualité ne seront pas près de disparaître tant que les gouvernements ne seront pas plus proactifs dans la collecte et le partage des données.»
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