Johanna Afriat -Actualité Juive. « La coopération économique entre la France et Israël traverse une période difficile mais passagère ».
Julien Roitman, nouveau président de la CCIIF, espère donner un nouveau souffle à l’organisation.
AJ : Quelle vision avez-vous du rôle de la Chambre de Commerce et d’Industrie Israël-France ?
Julien Roitman : La CCIIF a pour vocation de favoriser les relations bilatérales économiques et commerciales en s’adressant essentiellement aux entreprises. Elle est binationale, c’est-à-dire que pour fonctionner elle a besoin de l’estampille des gouvernements israélien et français. Cela lui donne une position privilégiée puisqu’elle a accès aux ministères des deux pays, ce qui lui permet de peser sur nombre de sujets. Nous offrons aux entreprises un service de conseil et d’accompagnement, mais surtout un exceptionnel réseau de relations qui facilite énormément la mise en œuvre des projets. La Chambre vise à favoriser les rencontres, grâce auxquelles naissent les projets et les collaborations.
Quels sont les projets portés par la CCIIF ?
Depuis que je suis en poste avec ma nouvelle équipe, je m’efforce de porter l’attention de la CCIIF sur les sociétés israéliennes – généralement tournées vers les États-Unis – afin de les convaincre d’investir en France. Nous allons les voir et leur « vendons » l’Hexagone en insistant sur sa position stratégique au carrefour de l’Europe, sa dynamique d’innovation et sa proximité géographique avec Israël. Dans cette optique, nous sommes en train de mettre sur pied différents comités professionnels autour de la santé, la high-tech, le climat ou l’énergie, pour permettre aux entrepreneurs de se rencontrer. Nous voulons également créer des antennes de la CCIIF à Haïfa, Beer-Sheva et Jérusalem. Une autre de nos idées est d’organiser des speed datings professionnels dans la low-tech. Les projets ne manquent pas !
Êtes-vous témoin de la frilosité, voire du boycott qui gagne du terrain à l’égard d’Israël dans le contexte de la guerre à Gaza ?
Oui, la situation est difficile. Il y a encore quelques mois, nous estimions que les effets du boycott étaient indolores, mais depuis, les choses se sont dégradées. De nombreuses sociétés réduisent leurs investissements dans le pays, d’autres choisissent de les reporter. Quant à celles qui sont bien implantées en Israël, elles font profil bas et poursuivent leurs activités dans la plus grande discrétion. Il faut souligner que nous ne sommes vraiment pas aidés par les déclarations d’Emmanuel Macron sur le conflit… Je suis toutefois convaincu que les choses s’apaiseront dès que la guerre sera terminée, les entreprises elles-mêmes me l’assurent.
La CCIIF s’est-elle impliquée dans le dossier du boycott des entreprises israéliennes au salon de défense Eurosatory ?
Tout à fait. C’est notre chambre sœur, la Chambre de Commerce France-Israël (CCFI), qui a saisi la justice, mais nous avons également joué un rôle en organisant une réunion avec l’ambassadeur de France Frédéric Journès et Ron Tomer, le président de l’Association des fabricants d’Israël (l’équivalent du patron du MEDEF). Nous avons clairement exprimé notre désaccord avec la décision du gouvernement français, tout en essayant de trouver des solutions.
L’économie israélienne demeure-t-elle solide, d’après vous ?
Si elle a réussi à se maintenir jusqu’à maintenant, c’est qu’elle va tenir le coup jusqu’au bout. Je suis optimiste. Le déficit est évidemment très important en raison de la guerre, et il ne doit pas rester grand-chose du matelas financier conséquent dont disposait le pays avant le début des hostilités. Mais les choses rentreront dans l’ordre une fois le calme revenu, avec les notes de crédit d’Israël qui remonteront aussitôt. Je pense également que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche va être très bénéfique pour l’économie de l’État hébreu.
Johanna Afriat -Actualité Juive.
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