Une lourde peine pour Vladimir Poutine et ses troupes. Mais une victoire de prestige pour Volodymyr Zelensky. Mardi, le général Igor Kirillov a été tué dans un attentat rare perpétré dans Moscou. Le haut responsable de l’armée russe et son assistant sont morts dans l’explosion d’une trottinette où une bombe avait été cachée. Piloté à distance, l’explosif visait clairement le militaire, qui sortait d’un immeuble pour se rendre à sa voiture quand la détonation l’a soufflé.
Les services de sécurité ukrainiens ont immédiatement revendiqué cet assassinat. La veille, ils avaient accusé le haut gradé d’avoir perpétré des « crimes de guerre ». Selon l’armée de Kiev, le général aurait ordonné l’utilisation d’armes chimiques contre les troupes ukrainiennes. Le comité d’enquête russe a ouvert une enquête pour « assassinat », « attentat » et « trafic d’armes », afin de faire la lumière sur cette attaque très rare dans la capitale russe. « Un crime sans précédent a été commis à Moscou », a écrit le quotidien russe Kommersant sur son site.
Accusé d’actes « barbares » par le Royaume-Uni
Jamais, depuis le début du conflit, un officier de son rang n’avait été tué. Âgé de 54 ans, Igor Kirillov ne dirigeait pas l’arsenal nucléaire russe. Mais il avait la responsabilité de la défense « radiologique, chimique et biologique » de son pays. En octobre, il avait été accusé par le Royaume-Uni d’avoir déployé des armes chimiques « barbares » en Ukraine. En réponse, Kiev a décidé de s’en prendre au général.
Ces accusations sur l’utilisation d’armes chimiques sont récurrentes depuis la prise de poste d’Igor Kirillov en avril 2017. Elles ont été contestées à plusieurs reprises par le pouvoir russe, qui les juge « absurdes ». Selon les services de sécurité ukrainiens (SBU), plus de 4.800 cas d’utilisation de produits toxiques ont été recensés depuis février 2022. Mais là aussi, peu de preuves. Les armes considérées comme « biologiques » sont connues pour disséminer des toxines ou des agents pathogènes, dans le but d’infecter les populations. Une pratique évidemment interdite. La veille de la mort du général, les services secrets ukrainiens avaient annoncé l’ouverture d’une enquête contre Igor Kirillov.
Des drones chargés de moustiques infectés
L’homme est également connu pour de nombreuses prises de parole douteuses, où il commentait le soutien des Etats-Unis à l’Ukraine. L’an dernier, il avait évoqué devant la presse l’installation de laboratoires biologiques américains dans le but d’y développer « des virus à visée militaire ». Des plans montrant des drones transportant des moustiques infectés avaient notamment été dévoilés, sans qu’aucune preuve ne soit apportée.
Il avait également accusé les Américains d’avoir sciemment répandu le Covid-19, dans le but d’affaiblir le monde. Enfin, selon France Info, il avait avancé que des armes biologiques spécialement conçues pour anéantir les Russes avaient été développées à base de sérums de patients slaves fournis par l’Ukraine. Là encore, sans aucune preuve.
« Les assassins seront punis »
Dans son pays, la mémoire du général Kirillov a pourtant été saluée. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a déploré la perte d’un général « intrépide », qui luttait « pour la patrie et pour la vérité ».
Notre dossier sur la guerre en Ukraine
Le pouvoir russe n’a pas tardé à réagir, promettant une riposte. « Les assassins seront punis, sans aucun doute et sans pitié », a promis Konstantin Kossatchev, vice-président du Conseil de la fédération.
La source de cet article se trouve sur ce site