Syrie : La chute d’Assad, un tournant historique au goût d’incertitude
Après plus de cinq décennies de pouvoir exercé par la famille Assad, la Syrie entre dans une ère de bouleversements majeurs. Le renversement spectaculaire du président Bachar al-Assad par des factions rebelles marque un tournant historique, mais soulève également de nombreuses interrogations sur l’avenir d’un pays profondément divisé et fragilisé par des années de conflit.
Dimanche, le président américain Joe Biden a salué cette « opportunité historique » pour la Syrie tout en reconnaissant les risques et les incertitudes qui accompagnent ce changement de régime. Assad, désormais réfugié à Moscou avec sa famille, laisse derrière lui un pays brisé sur les plans ethnique, religieux et politique, après des décennies de répression brutale.
Cependant, la victoire des rebelles n’apporte pas une solution immédiate aux fractures syriennes. Hayat Tahrir al-Sham (HTS), groupe islamiste à l’origine de cette insurrection, reste perçu comme une organisation terroriste par les États-Unis, ce qui complique tout dialogue international. Bien que le leader du HTS, Ahmed Sharaa, ait promis un État tolérant et inclusif, les précédentes actions de son organisation suscitent scepticisme et méfiance.
Ce bouleversement redessine la carte des alliances au Moyen-Orient. La chute d’Assad représente un revers stratégique pour ses alliés traditionnels, notamment la Russie, l’Iran et le Hezbollah. La Russie, embourbée dans le conflit ukrainien, voit son influence diminuer, tandis que l’Iran perd des routes stratégiques vers le Liban. De son côté, Israël, bien que satisfait du départ d’Assad, craint l’instabilité qu’un régime islamiste pourrait engendrer à ses frontières.
En revanche, la Turquie, soutien clé du HTS, sort renforcée. Elle pourrait devenir un intermédiaire essentiel entre les nouvelles autorités syriennes et les puissances occidentales, notamment les États-Unis. Toutefois, des affrontements entre les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par Washington, et les milices appuyées par Ankara, accentuent les tensions régionales.
Alors que le pays se dirige vers une transition, de nombreux défis demeurent. L’aide humanitaire s’annonce colossale pour reconstruire des infrastructures dévastées et accueillir les millions de réfugiés. Par ailleurs, le sort des stocks d’armes d’Assad, notamment des missiles et des armes chimiques, constitue une menace potentielle si ces arsenaux tombent entre de mauvaises mains.
Les minorités syriennes, en particulier les Alaouites, les Kurdes et les chrétiens, s’inquiètent de leur avenir sous un régime dominé par une majorité sunnite. Bien que Sharaa ait appelé à la coexistence, la réalité sur le terrain reste incertaine, et les tensions communautaires pourraient encore s’aggraver.
Le renversement d’Assad est un moment charnière, mais il ne garantit pas la stabilité. L’histoire de la région montre que les transitions de pouvoir sont souvent suivies de luttes intestines et de nouvelles dictatures. L’engagement international, bien que nécessaire, reste divisé, certains appelant à une implication accrue tandis que d’autres prônent la non-intervention.
Alors que les regards sont tournés vers Damas, le défi est immense : transformer une victoire militaire en une paix durable, tout en évitant de replonger le pays dans une nouvelle spirale de violence. La Syrie, après plus d’une décennie de guerre civile, a un besoin urgent d’unité et de reconstruction, mais l’instabilité actuelle rend cet objectif difficilement atteignable.
Le président Biden a résumé la situation avec justesse : « Ce moment est porteur d’espoir, mais il exige aussi vigilance et responsabilité. »
Jforum.fr
Articles similaires
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site