Syrie : Chlore, sarin, gaz moutarde… Mais qui détient les armes chimiques aujourd’hui ?

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L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) enquête sur le stock syrien depuis 2013, se heurtant à des retards, des obstructions et des soupçons selon lesquels Damas ne donne pas une image complète de la situation. Ce lundi, après le renversement du dirigeant syrien Bachar al-Assad, elle a ainsi demandé aux autorités syriennes de s’assurer que les stocks d’armes chimiques étaient en sécurité. L’OIAC a déclaré avoir contacté la Syrie « afin de souligner l’importance primordiale de garantir la sûreté et la sécurité de tous les matériaux et installations liés aux armes chimiques » dans le pays.

De son côté, Israël a annoncé avoir mené des frappes pour détruire des « armes chimiques » en Syrie, afin d’éviter que celles-ci ne tombent « aux mains d’extrémistes ». 20 Minutes fait le point sur les armes chimiques en Syrie, alors que le flou persiste autour du contrôle de cet arsenal présumé.

Qu’en est-il des armes chimiques en Syrie ?

Depuis 2014, l’OIAC a signalé 26 sujets non résolus en ce qui concerne le stock d’armes chimiques en Syrie, dont seulement sept ont été résolus. « Malgré plus d’une décennie de travail intensif, le dossier des armes chimiques de la République arabe syrienne ne peut toujours pas être clos », a-t-elle déclaré lors d’une réunion annuelle.

Et ce 25 novembre, le directeur général de l’OIAC a exprimé sa « grave préoccupation » concernant le stock potentiel de la Syrie. Fernando Arias a déclaré qu’il pourrait rester « de grandes quantités d’agents de guerre chimique et de munitions chimiques potentiellement non déclarés ou non vérifiés » dans ce pays. Lundi, l’organisation a déclaré dans un communiqué avoir contacté les autorités syriennes pour souligner « l’importance primordiale » de sécuriser les armes chimiques.

La Syrie a-t-elle vraiment utilisé les armes chimiques ?

En 2014, l’OIAC a mis en place une mission pour enquêter sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Cette équipe a publié 21 rapports couvrant 74 cas présumés d’utilisation d’armes chimiques, selon l’OIAC. Les enquêteurs ont conclu que des armes chimiques avaient été « utilisées ou probablement utilisées dans 20 cas ».

À l’aide d’analyses médico-légales, d’entretiens avec des témoins et de tests médicaux sur les victimes, l’OIAC a conclu que dans 14 de ces cas, le produit chimique utilisé était le chlore. Le sarin a été utilisé dans trois cas et le gaz moutarde a été employé dans les trois autres. Les analyses ont également démontré que l’armée syrienne est responsable d’une attaque au chlore dans la ville rebelle de Douma en 2018 qui a tué 43 personnes. L’OIAC a également établi que l’État islamique en Irak et au Levant avait mené une attaque aux armes chimiques en septembre 2015 dans la ville syrienne de Marea.

Qu’a déclaré la Syrie ?

Sous la menace de frappes américaines en septembre 2013, la Russie de Vladimir Poutine avait affirmé avoir convenu avec la Syrie qu’elle accepte de rejoindre l’OIAC et de déclarer et de remettre son stock d’armes chimiques.

En janvier 2016, l’OIAC a, elle, annoncé le retrait et la destruction complets de 1.300 tonnes d’armes chimiques de Syrie déclarées par les autorités. Mais dès le début, l’OIAC a soupçonné que la déclaration initiale de la Syrie en 2013 était pleine de « lacunes et d’incohérences ». « À ce jour […] la déclaration syrienne de son programme d’armes chimiques ne peut toujours pas être considérée comme exacte et complète », avait à l’époque déclaré l’OIAC. Elle ajoute aujourd’hui que de « graves inquiétudes subsistent quant à l’exhaustivité de la déclaration initiale de la Syrie et au sort d’importantes quantités d’armes chimiques non comptabilisées ».

« Il est assez clair que la déclaration n’a jamais été complète et qu’ils ont toujours des armes chimiques stockées quelque part », observe aujourd’hui Lennie Phillips, chercheur à l’institut Royal United Services Institute cité par l’AFP.

C’est quoi cette histoire de suspension de l’OIAC ?

En 2021, les membres de l’OIAC ont suspendu les droits de vote de la Syrie après une enquête accusant Damas d’avoir utilisé des armes chimiques. L’OIAC a établi que l’armée de l’air syrienne a utilisé l’agent neurotoxique sarin et le gaz chloré lors de trois attaques à Latamné en 2017. La pression s’est encore accrue lorsqu’une deuxième enquête de l’OIAC a établi qu’un hélicoptère syrien avait largué une bombe au chlore sur la ville rebelle de Saraqeb en 2018.

Damas n’a ensuite pas respecté le délai de quatre-vingt-dix jours pour déclarer les armes utilisées dans les attaques, révéler son stock restant et se conformer aux inspections de l’OIAC.

Et maintenant, qui détient ces armes ?

Washington a affirmé que les Etats-Unis faisaient tout ce qu’ils pouvaient « pour s’assurer prudemment » que ces armes ne tombent dans les mains de personne.

Toute notre actu sur la

Le chef de la diplomatie israélienne a, lui, confirmé ce lundi que son pays avait mené des frappes ces jours-ci pour détruire des « armes chimiques » en Syrie, afin d’éviter que celles-ci ne tombent aux mains des rebelles islamistes radicaux ayant renversé Bachar al-Assad dimanche. Le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui a renversé Assad a déclaré qu’il n’avait aucune intention d’utiliser le stock d’armes chimiques. « Je pense qu’ils souhaiteraient une sorte d’aide extérieure pour les aider à retirer ces armes chimiques ou à les détruire », note Lennie Phillips, toujours cité par l’AFP.

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