Vayetsé: le rêve de l’échelle, un message mystique?

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PARASHATH VAYETSE 5785 JACOB FACE A SON DESTIN

Le départ de Jacob de la maison paternelle est en soi un déchirement de la cellule familiale et Jacob tout au long de son chemin vers Haran va se retrouver face à lui-même. Il va se réfugier chez Sem et Ever de manière à se renforcer en Torah car il se doute bien qu’en s’exilant vers son oncle Laban il sera soumis à des tentations et à des pièges qu’il aura à déjouer pour rester fidèle à l’héritage d’Abraham.

Son âme, effrayée par la menace d’un frère dont la violence légendaire fut exacerbée par la vente d’un droit d’aînesse dont il ne voulait sous aucun prétexte par manque de goût pour les intérêts cultuels. Il savait, en réalité, nous enseignent les Sages qu’en étant jumeaux celui qui fut créé le premier est celui qui est sorti second à l’accouchement de la mère. En conséquence le droit d’aînesse ne lui revenait pas.
Se sentant prêt à affronter sa destinée, il quitte les tentes d’études de Sem et Ever. Il arrive en un lieu qu’il qualifiera, par la suite, de redoutable et c’est justement cet endroit qui va servir de théâtre au songe dans lequel Jacob verra une échelle atteignant le ciel et des anges « montant et descendant » et au sommet de cette échelle, Se tient D.

Les Sages enseignent qu’en langage mystique, le rêve de l’échelle de Jacob contient un message pour toutes les générations de l’Histoire du peuple juif car, pendant ce rêve, HaShem a montré à Jacob ce qui aura lieu: les quatre exils celui de Babel, celui de Maday (Médie) et des Perses, celui des Grecs et celui d’Edom (Esaü) tout comme IL a montré à Abraham lors du Brith beyn habetarim en précisant que Canaan sera la propriété du peuple juif bien que le peuple à cause de sa conduite sera épisodiquement chassé de ses frontières et que ce sera seulement à l’époque messianique que le peuple ne sera plus ni chassé ni pourchassé.


Et ce n’est pas tout écrit Nahmanide : HaShem a montré à Jacob que l’empereur de Babel après avoir gravi 70 échelons, s’effondrera, puis le dirigeant des Perses, après avoir gravi 52 échelons s’écroulera, l’empire grec après avoir gravi 180 degrés s’effritera et disparaîtra, lorsqu’arriva l’instant de montrer ce qui arrivera à Edom (Esaï), Jacob vit qu’Edom monte et monte sans cesse et il ne lui arrive rien : inquiet, Jacob interrogea HaShem qui le rassure en lui réitérant la promesse donnée par le passé à Abraham et à Isaac : D. rendra Sa Justice et , au moment voulu, fera s’effondrer ce règne.
Les symboles de trois empires sur les quatre cités plus haut ont disparu (veau pour Babel, une chèvre pour la Perse, un cerf pour la Grèce, néanmoins, le symbole d’Edom est un aigle qui a servi d’emblème à Rome, qui a servi d’emblème à l’Allemagne nazie, de mémoire maudite, qui sert, «  léhavdil » aussi d’emblème à l’Amérique et cet aigle est toujours vivant mais, un jour, la justice divine se fera et le jugement sera rendu !

Certains exégètes prétendent que les quatre échelons de l’échelle servent à illustrer à Jacob les 4 épreuves dont souffrira Jacob en parallèle aux 4 verbes utilisés dans le livre de Job (chapitre III, 26) et aux 4 exils :

לא שלוותי ולא שקטתי ולא נחתי ויבוא רוגז…..
« Je ne connais plus ni paix, ni sécurité, ni repos : les tourments m’ont envahi. »

Le Shem MiShmouel, tire un enseignement entre ces quatre verbes, les quatre épreuves auxquelles est soumis Jacob et les quatre exils :

BABEL LAVAN לא שלוותי
PERSE ESAU ולא שקטתי
GRECS DINA ולא נחתי
EDOM JOSEPH ויבוא רוגז

Pour sa part, le Sifri (midrash) tire une leçon différente du rêve de l’échelle de Jacob et il est alors question du Beith Hamikdash : les anges qui montent et qui descendent cela préfigure les cohanim et les léviim qui s’affairent dans le Temple. Et lorsque Jacob « voit » D. au-dessus de l’échelle c’est, en réalité, qu’il LE voit au-dessus du Mizbéah.
Ainsi, pour Nahmanide, le rêve de Jacob qui préfigure les exils, prédit également le Temple dans sa construction et dans sa conception mais aussi au moment de sa destruction : lorsqu’Isaac creuse ses trois puits : le premier qui est celui de la discorde : Êssek ( עשק) que les Philistins veulent reboucher à tout prix, illustre le premier temple et sa destruction ; le deuxième, Sitna (שיטנה), que les Philistins veulent encore reboucher, fait allusion au deuxième Temple et à sa destruction par les Romains et Rehovoth (רחובות ), le troisième puits creusé dans l’harmonie et la paix préfigure le 3ème Temple qui descendra tout prêt des cieux pour faire régner la paix et la concorde, l’harmonie sur le monde.
Lorsque Jacob s’éveille au matin et s’exclame : Ainsi D. réside en cet endroit ! Le Keli Yakar enseigne que le mot makom se répète à trois reprises en allusion aux trois temples qui seront construits et lorsqu’il émet le désir de construire un Temple à Beit El dont le nom est louz Rabbi Shlomo Ephraïm de Lountshitz nous rappelle que louz est le nom du tout petit os qui est indestructible et à partir duquel les corps renaîtront au moment de la résurrection des morts et, en conséquence, il exprime sa vision des choses : l’allusion au troisième temple est claire.
Dans cette péricope de Vayetsé, voici justement qu’il est question à nouveau de PUITS ! Depuis qu’Eliezer a été chargé de mission par Abraham : aller chercher une épouse à Isaac et que le serviteur rencontre Rébecca près d’un puits, nous verrons d’autres « shidoukhim » comme tout de suite avec Jacob et Rahel mais aussi, plus loin dans le livre de l’Exode entre Moïse et Tsiporah……. En dehors du shidoukh pour Isaac, le shidoukh de Jacob et Rahel ou celui de Moïse et Tsiporah mettent en présence nos héros bibliques et des bergers étrangers et les deux bergères : Rahel et Tsipora se retrouvent en état d’impuissance physique face à des attaquants menaçants.
Jacob, fait connaissance de sa cousine Rahel à laquelle un maigre troupeau a été confié. Les autres bergers cherchent querelle et Jacob en cet « endroit » roule « la pierre ». Les commentateurs voient encore deux allusions au Temple : le mot makom fait allusion au Mont Moriah car, lorsqu’Abraham aperçoit l’endroit où doit avoir lieu la ligature d’Isaac, il s’agissait du Mont Moriah ou Mont du Temple et quant à la pierre il s’agit de cette même pierre qui fut la première de la construction du Temple (even hashetiya).
Les commentaires s’attachent à tous les détails qui apparaissent dans le texte et la question se pose de savoir pourquoi il est écrit que les bergers qui faisaient face à Rahel s’y trouvaient avec trois troupeaux. Le Midrash rapporte de nombreuses réponses mais l’une d’elles est, à mon sens, très belle : les Hazal (Sages) pensent que le puits représente le peuple d’Israël et le Temple et que les trois troupeaux sont la symbolique des 3 fêtes de pèlerinage : Pessah, Shavouoth et surtout Souccoth car pendant cette fête, il est une mitsva : se réjouir pour Simhat Beith Hashoéva (libations d’eau). Lors de cette célébration, dans l’enceinte du Temple, régnait une joie qui n’avait pas son pareil à tel point que la Shekhina était présente et que l’Esprit Saint était si palpable que c’est lors d’une de ces célébrations que Yona (Jonas) est devenu prophète et fut délégué à Ninive.
Une autre interprétation rattache les trois troupeaux à l’allusion des 3 exils avec deux destructions de Temple et un Troisième Temple en devenir.

Dr Caroline Elisheva Rebouh PhD.
ד »ר קרולין אלישבע רבוה בן אבו  Etudes Juives
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