Le pari risqué d’Erdogan en Syrie

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Le pari risqué d’Erdogan en Syrie : entre soutien aux rebelles et volonté de normalisation

Depuis plusieurs années, la politique de la Turquie en Syrie oscille entre volonté de rapprochement avec le régime de Bashar al-Assad et soutien actif aux groupes rebelles. Ce double jeu du président Recep Tayyip Erdogan pourrait toutefois se retourner contre lui, alors que la situation sur le terrain devient de plus en plus complexe.

Selon des experts, l’armement et le financement des factions rebelles par Ankara restent des preuves tangibles d’une stratégie visant à maintenir la pression sur Damas. Pourtant, Erdogan a affirmé à plusieurs reprises vouloir normaliser les relations avec Assad, notamment lors du sommet d’Astana en 2016. À cette époque, il s’était engagé à neutraliser les groupes extrémistes présents dans la région d’Idlib. Mais, selon des analystes, ces promesses n’ont pas été tenues, et la récente attaque surprise des rebelles en Syrie illustre cette contradiction.

Le retrait progressif du Hezbollah de Syrie, en raison de ses engagements au Liban, ainsi que la concentration des forces russes en Ukraine, affaiblissent le soutien traditionnel d’Assad. Dans ce contexte, l’attaque des rebelles a pris de court les observateurs. Un analyste du Centre d’études stratégiques irano-arabes a confié à la chaîne saoudienne Al Hadath que cette offensive pourrait déstabiliser davantage le régime syrien.

Ce dernier a rappelé que la Russie et l’Iran, partenaires clés d’Assad, maintiennent une coordination étroite en Syrie. Moscou et Téhéran ont conclu des accords pour stabiliser la région, mais l’implication turque complique la donne. « L’Iran n’a jamais été un obstacle au rapprochement entre Ankara et Damas », a déclaré l’expert, rejetant les accusations de certains observateurs.

Malgré les discours sur la normalisation, Bashar al-Assad reste inflexible : toute amélioration des relations avec Ankara est conditionnée au respect des engagements turcs envers les groupes extrémistes. En parallèle, Erdogan doit gérer une opinion publique turque divisée et des pressions internes liées aux enjeux sécuritaires.

Le soutien aux rebelles reste une carte stratégique pour Erdogan, mais elle comporte des risques majeurs. Une escalade incontrôlée pourrait nuire à ses ambitions de réconciliation avec Assad et fragiliser la position turque sur la scène internationale.

Cette situation constitue également un test pour la coopération entre la Turquie, l’Iran et la Russie. Si ces acteurs souhaitent réellement stabiliser la Syrie, ils devront trouver un équilibre entre leurs intérêts divergents.

Erdogan joue un jeu dangereux en Syrie, jonglant entre normalisation et soutien aux rebelles. Cette stratégie, bien que tactiquement avantageuse à court terme, pourrait lui coûter cher si elle conduit à une escalade incontrôlée. Pour Assad, les conditions sont claires : la fin du soutien turc aux groupes extrémistes est un préalable à toute amélioration des relations. La stabilité régionale dépendra de la capacité des acteurs impliqués à dépasser leurs différends et à œuvrer ensemble pour ramener la paix.

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