Si Trump quitte l’Irak, ce sera un cadeau pour l’Iran et la Chine
Une présence permet d’atteindre des résultats stratégiques et opérationnels qui favorisent les intérêts nationaux des États-Unis
Éric Navarro
Maintenant que le président Donald Trump a remporté un second mandat, il a l’occasion de réorienter la politique américaine au Moyen-Orient par rapport à celle du président Joe Biden. Exit la politique d’apaisement de Biden envers l’Iran. Place à la « pression maximale ». Exit la diabolisation de l’Arabie saoudite. Exit le partenariat de Trump avec le prince héritier Mohammed ben Salmane. Exit la passivité-agressivité de l’administration Biden envers Israël. Exit les liens étroits avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Ce qui n’est pas clair, cependant, c’est si Trump reviendra sur la décision de Biden de se retirer d’Irak.
Si Trump souhaite exploiter son avantage stratégique, il devrait tirer les leçons des retraits opérés par les présidents Barack Obama et Biden. En 2011, Obama avait ordonné le retrait des forces américaines d’Irak. Les milices soutenues par l’Iran et l’État islamique ont comblé le vide, ce qui a nécessité le retour des forces américaines. Le bilan humain causé par la montée en puissance de l’État islamique a été immense.
Avant d’évacuer l’Irak, Trump et ses conseillers devraient comprendre le prix à payer en cédant du terrain stratégique.
Alors que Trump a initié l’accord de retrait d’Afghanistan, la gestion de cet accord par Biden a été désastreuse. Au-delà du chaos à l’aéroport international Hamid Karzaï et de l’attaque d’Abbey Gate qui a tué 13 militaires américains, les États-Unis ont perdu une position opérationnelle avancée à partir de laquelle ils pouvaient projeter leur puissance, recueillir des renseignements et mener des opérations militaires. Malgré les assurances contraires données avant le retrait, les États-Unis opèrent de fait à l’aveugle dans la région, avec une capacité antiterroriste à l’horizon qui n’est plus que l’ombre de leurs capacités d’avant le retrait. Aujourd’hui, Al-Qaïda et l’État islamique du Khorasan sont tous deux en pleine résurgence en Afghanistan et les talibans, malgré les assurances contraires de l’envoyé spécial Zalmay Khalilzad, continuent de parrainer le terrorisme et de comploter avec les ennemis de l’Amérique, de la Chine à l’Iran.
Avant d’évacuer l’Irak, Trump et ses conseillers devraient comprendre le prix à payer pour céder du terrain stratégique. En d’autres termes, les États-Unis devraient rester en Irak – et pas seulement au Kurdistan irakien – dans un avenir proche.
Les critiques peuvent condamner la présence américaine en Irak comme un péché originel et faire remarquer que l’investissement en Irak n’a pas été à la hauteur des promesses du président George W. Bush. Les États-Unis ne peuvent cependant pas se permettre de se permettre de faire des erreurs dans le présent parce qu’ils sont en désaccord avec le passé. Les stratèges américains doivent prendre des décisions politiques fondées sur la réalité du terrain.
Le fait que les États-Unis disposent de forces stationnées en Irak à faible coût et avec peu de pertes devrait avoir de l’importance. La nouvelle administration doit se demander ce que les États-Unis gagneraient à se retirer. À cet égard, l’Afghanistan est un bon exemple. En maintenant une présence dans des points névralgiques comme la base aérienne d’Al Asad, les États-Unis peuvent éviter de créer un vide que la Chine, la Russie ou l’Iran pourraient combler. Une présence leur permet également d’obtenir des résultats stratégiques et opérationnels qui servent les intérêts nationaux des États-Unis.
La nouvelle administration doit se demander quel serait l’intérêt pour les États-Unis de se retirer.
Premièrement, une présence américaine permettrait aux États-Unis de projeter leur puissance dans la région par des moyens militaires, diplomatiques, de renseignement et d’information. Cela pourrait à son tour contribuer à dissuader les ambitions nucléaires de l’Iran, à contrecarrer l’agressivité de la Turquie envers les Kurdes, à aider Israël à se défendre contre l’Iran et ses mandataires et à renforcer les alliances existantes avec l’Arabie saoudite et les États du Golfe.
Deuxièmement, une présence militaire américaine peut aider l’armée américaine à contrecarrer les tentatives des milices et des factions politiques soutenues par l’Iran en Irak visant à saper le gouvernement irakien et à semer la discorde.
Troisièmement, une présence avancée fournit des centres logistiques et de planification pour lancer des opérations militaires contre des forces ennemies qui ne pourraient pas être dissuadées. Les bases peuvent offrir un soutien et un retour sur investissement plus élevé que le maintien de plusieurs groupes de porte-avions en mer. Elles permettent également des opérations continues qui peuvent minimiser la capacité d’un adversaire à rassembler des forces.
Quatrièmement, une collaboration prolongée des États-Unis pourrait exercer une influence sur le gouvernement et la population irakiens au fil du temps. La coopération économique pourrait jeter les bases d’une alliance durable avec un Irak tourné vers l’Occident au cœur du Moyen-Orient.
Aucun de ces résultats n’est garanti, mais abandonner l’Irak revient à garantir le contraire. Quitter l’Irak revient à renoncer à toute capacité à mener des opérations et à atteindre des objectifs stratégiques dans la région. La question n’est pas de savoir si Trump ramènera des troupes américaines au pays, mais de savoir s’il renforcera l’Iran et la Chine aux dépens de l’Amérique.
JForum.fr avec /www.meforum.org
Articles similaires
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site