L’achat de systèmes israéliens pour remplacer les Lance-roquettes unitaires de l’armée de Terre ne serait pas écarté.
Les retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine ayant souligné l’importance de disposer de capacités de frappes dans la profondeur [capacités que les Ukrainiens ne sont d’ailleurs pas autorisés à utiliser par leurs partenaires occidentaux…]. D’où le lancement de deux programmes menés au profit de l’armée de Terre.
Le plus récent, appelé ELSA [European Long Range Strike Approach], a fait l’objet d’une lettre d’intention signée par la France, l’Italie, l’Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni [la Suède doit aussi s’y joindre].
Comme l’a expliqué le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA] dans les pages du quotidien « Le Figaro » [édition du 11 novembre], ELSA vise à développer une capacité de frappe dans la « profondeur stratégique », c’est-à-dire d’une portée de « quelques milliers de kilomètres ». Il s’agira ainsi de « faire peser une vraie menace sur l’ennemi en ciblant les éléments qui lui permettent de conduire et de soutenir la bataille » [postes de commandement, systèmes de défense aérienne, axes d’approche, dépôts logistiques, etc.].
L’autre programme, appelé FLP-T [Frappe longue portée terrestre], doit permettre de remplacer les neuf Lance-roquettes unitaires [LRU] encore en service au sein du 1er Régiment d’Artillerie [RA], comme le prévoit la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. Il est ainsi question d’acquérir 13 nouveaux systèmes avant 2030, puis 13 autres à l’horizon 2035.
Or, a souligné le général Burkhard, nous « avons une urgence concernant la succession du LRU ». Et pour cause : celui-ci sera frappé d’obsolescence en 2027. Autant dire qu’il n’y a guère de temps à perdre.
Sur ce point, la LPM 2024-30 précise que « la recherche d’une solution souveraine sera privilégiée pour remplacer le LRU dans les meilleurs délais ». Aussi, la Direction générale de l’armement [DGA] a-t-elle lancé un « partenariat d’innovation » à l’adresse des industriels français capables de développer une telle capacité. Deux consortiums se sont mis sur les rangs : l’un formé par MBDA et Safran [missile Thundart], l’autre par ArianeGroup et Thales.
Cependant, ce n’est pas parce qu’une approche doit être favorisée par rapport à une autre qu’elle se concrétisera dans les faits. Si le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a répété qu’il privilégiait une solution souveraine lors d’une récente audition au Sénat, l’achat sur « étagère » d’un système étranger ne serait en effet pas définitivement écarté… Ce qui inquiète les députés François Cormier-Bouligeon et Isabelle Santiago, qui s’en sont ouverts dans les avis budgétaires qu’ils viennent de publier.
« Si les délais devaient perdurer, le développement [d’une solution souveraine, ndlr] risquerait de s’achever trop tard pour satisfaire à temps le besoin de l’armée de Terre qui vise un bataillon avant 2030 », écrit Mme Santiago, rapporteure pour avis sur les crédits alloués aux forces terrestres. Aussi, selon elle, « il semblerait que des travaux soient déjà menés en parallèle pour étudier le recours à une solution étrangère ». Deux sont évoquées : le M142 HIMARS proposé par l’américain Lockheed-Martin et le PULS du groupe israélien Elbit Systems, lequel s’est associé avec KNDS Deutschland pour proposer une version « européanisée » de son système. De facto Israël est présent dans les deux système.
Reste que pour la députée, il est nécessaire d’accélérer le « développement d’une solution souveraine dans des délais resserrés » car elle permettrait « de préserver la liberté d’action de nos armées sur le long terme ».
Et d’insister : « Les avantages d’une solution souveraine sont nombreux : une liberté d’emploi, notamment en cas de conflit, une liberté de décision en ce qui concerne l’exportation du matériel [ITAR free], la maîtrise de l’évolution du système, mais également la garantie du caractère souverain de l’outil de production, permettant ainsi de mieux maîtriser les cadences et les volumes de production dans le cadre de l’économie de guerre ».
Dans avis budgétaire sur le programme 146 « Équipement des forces – Dissuasion », M. Cormier-Bouligeon n’évoque pas l’existence de « travaux menés en parallèle » au sujet d’un éventuel achat sur étagère… Mais il la suggère quand il écrit que « l’option visant à acquérir une capacité étrangère pour remplacer nos LRU, qu’il s’agisse du système américain Himars ou de l’Euro-Puls germano-israélien, doit en effet être résolument écartée ».
En outre, après avoir repris les mêmes arguments que Mme Santiago, le député en a avancé un autre. « Compte tenu de la forte tension sur les chaînes de production concernées, il n’est même pas assuré que la livraison de HIMARS puisse intervenir dès 2027 », a-t-il fait valoir. Et de conclure : « Il est impératif que le successeur du LRU soit développé de manière souveraine, conformément aux dispositions de la LPM 2024-2030. »
Les temps de développement étant très long en Europe, il ne restera comme solution réaliste que l’achat de système ayant fait largement leurs preuves sur les champs de bataille, et en la matière les plus efficaces sont encore les systèmes ELBIT avec l’Euro-Puls. Mais il ne faut pas non plus oublier que Lockheed-Martin est associé aux Israéliens notamment pour le dôme de fer et qu’un grand nombre de composants sont israéliens. L’ironie veut que la France qui cherche à punir Israël pour sauver ses terroristes du Hamas et du Hezbollah se trouve maintenant tributaire d’Israël et des USA.
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