Face à Israël, des terroristes du Hezbollah de plus en plus jeunes ?
De nombreux « martyrs » du parti chiite tués ces derniers mois semblent être des recrues récentes issues de ses organisations de jeunesse.
Le Hezbollah s’efforce d’endiguer une vague de désertions dans les rangs de ses combattants, notamment au sein de sa force d’élite Radwan, a rapporté dimanche la chaîne d’information en langue arabe Elaph.
Autre signe pouvant mettre en évidence la situation désastreuse du groupe terroriste, le président du parlement libanais et représentant du Hezbollah dans les négociations sur le cessez-le-feu, Nabih Berri, a informé le Qatar et l’Égypte que le groupe était prêt à négocier sans lien avec la guerre de Gaza. Entre-temps, sur le terrain, les forces du Hezbollah sont repoussées devant l’avancée régulière et systématique des troupes israéliennes. La semaine dernière, le général de division Ori Gordin, qui commande les troupes israéliennes dans le nord, a déclaré que ses soldats battaient les combattants du Hezbollah à chaque rencontre.
« Depuis que nous avons commencé l’opération Northern Arrows, nous avons porté un coup très dur au commandement et au contrôle du Hezbollah. La plupart des commandants de brigade ont déjà été éliminés pour la troisième fois », a déclaré M. Gordin.
« Toutes les zones défensives que nous avons attaquées ont été vaincues. Nous sommes déterminés à atteindre chaque puits de tunnel, chaque site souterrain, chaque stock d’armes », a-t-il ajouté.Bien que le rapport d’Elaph ne soit pas encore confirmé, il correspond à de nombreux autres rapports récents, y compris des interrogatoires de combattants du Hezbollah capturés, dont l’un a déclaré que tous les combattants de la force Radwan qui se trouvaient avec lui s’étaient enfuis.
N’ayant d’autres moyens humains et financiers le Hezbollah envoie au combat des petits jeunes issus des mouvements de jeunesse. Les visages juvéniles, parfois imberbes, parés d’une kalachnikov, tombés sur « la route de Jérusalem »… Ce genre d’image est devenu récurrent dans les communiqués publiés par le Hezbollah à mesure que ses « martyrs » se sont accumulés depuis le 8 octobre 2023, dans le cadre des affrontements avec l’armée israélienne. Cette semaine, c’est Mehdi Ayoub Yacoub, un jeune aux traits encore plus enfantins, qui a eu droit à son portrait macabre, lequel a circulé massivement sur les réseaux sociaux. De quoi faire dire à de nombreux internautes, dont plusieurs s’affichent clairement comme pro-israéliens, que le parti chiite envoyait des combattants mineurs sur la ligne de front au Liban-Sud. L’Orient-Le Jour s’est penché sur ces affirmations et sur ce que l’on sait des plus jeunes éléments du Hezbollah.
« Beaucoup de recrues sont issues des scouts »
« Après avoir liquidé la première classe et les générations plus âgées, le Hezbollah sacrifie les enfants et les garçons. Ô chiites du Liban, réveillez-vous », commentait Edy Cohen, un journaliste israélien d’origine libanaise largement suivi sur X qui s’est fait le relais de plusieurs informations au sujet de l’offensive israélienne sur le Liban. Dans ce post, il montre les portraits de deux jeunes hommes, dont celui de Mehdi Ayoub Yacoub. Contacté, le service de presse du parti chiite, qui n’a pas lui-même publié ces portraits, a démenti les affirmations selon lesquelles de jeunes combattants de moins de 18 ans auraient été tués au combat, les qualifiant d’« informations erronées ». Pour rappel, l’ONU considère le recrutement d’enfants soldats comme un crime de guerre uniquement lorsque ces derniers ont moins de 15 ans.
Et en effet, il semble que l’adolescent en question, dont l’âge exact est introuvable, n’est pas mort « au front », comme beaucoup l’ont laissé entendre. C’est en tout cas ce qu’indique un message d’hommage d’une association de jeunesse affiliée au parti chiite dont le jeune garçon faisait partie : « Mehdi est mort en martyr après avoir été blessé lors d’un raid sioniste brutal sur la maison de ses proches dans la ville de Maqné », cite le communiqué publié lundi dernier sur la page Facebook de l’organisation. La localité citée, qui se trouve dans la périphérie nord de Baalbeck, avait été touchée vendredi 1er novembre par une frappe aérienne de l’aviation israélienne. Une attaque qui a, par ailleurs, coûté la vie à deux autres jeunes scouts issus de la même fratrie. Dans son livre Warriors of God: Inside Hezbollah’s Thirty-Year Struggle Against Israel, l’expert du parti chiite Nicolas Blanford indique d’ailleurs que chaque nouveau membre du Hezbollah doit poser pour un portrait similaire, qui sera diffusé au cas où il tombe en « martyr ». « Ce jeune Mehdi semble avoir été tué dans la maison de son oncle, un membre du Hezbollah, avec le reste de sa famille. Il n’était pas au combat », assure à L’OLJ Qalaat al-Mudiq, un fact-checkeur basé en Syrie qui documente l’évolution des combats dans la région. Il indique également que l’autre jeune « martyr » affiché à ses côtés, Abbas Ali Akil, était aussi un ancien scout ayant atteint sa majorité. « De nombreuses jeunes recrues du Hezbollah sont issues de ses associations de scouts, ajoute-t-il. Leur nombre a augmenté dernièrement avec les pertes subies par le parti. »
Des positions non combattantes
Car le cas de Mehdi est loin d’être isolé. Avant même le 23 septembre, date de l’intensification de l’offensive israélienne au Liban, les membres du Hezbollah tués par Israël semblaient de plus en plus jeunes. C’est durant cette période-là qu’est apparu le visage du plus jeune « martyr » officiellement annoncé par le parti : Abdel Menhem Jamal Abdel Menhem, né en 2008 et originaire de Aïtaroun. On peut lister 22 militants nés entre 2000 et 2006 que le Hezbollah a revendiqués comme étant des « martyrs ». Une source proche de la formation se contente d’affirmer qu’une « grande partie des plus jeunes ayant été tués occupaient des positions non combattantes » au sein du groupe armé.
Cette tendance s’est accentuée depuis l’été dernier, alors que plusieurs sources concordantes font état d’une campagne de recrutement de jeunes hommes au sein du parti ces derniers mois. Certes, « il est improbable que le Hezbollah, qui compte des dizaines de milliers de combattants, soit en train d’envoyer des individus à peine recrutés pour se battre contre Israël à la frontière », remarque Nicholas Blanford. Toutefois, ces nouveaux venus pourraient avoir reçu des missions assez basiques pour lesquelles le parti ne voudrait pas sacrifier des guerriers chevronnés. « Le Hezb a besoin de combattants, mais aussi de secouristes et de personnes auxquelles il confie quelques tâches logistiques simples, comme faire passer des messages entre différentes unités, surtout depuis qu’Israël a réussi à détruire son réseau de télécommunication parallèle », analyse Ali Amine, spécialiste du Liban-Sud et opposant notoire au parti de Naïm Kassem. Et d’ajouter : « Aujourd’hui, le Hezbollah semble avoir établi une sorte de décentralisation, où les unités déployées dans chaque région géographique opèrent de façon plus ou moins autonome pour limiter les déplacements et le recours à des communications pouvant être interceptées par Israël. Quand il le faut, un messager est mobilisé. C’est le genre de tâche qui peut être confié à de nouvelles recrues. »
Mais à l’heure où rejoindre ses rangs équivaut parfois à une véritable mission suicide, comment le Hezbollah arrive-t-il à attirer ces jeunes ? « Il peut profiter de la situation économique de plus en plus difficile, notamment parmi les Libanais chiites qui vivent sous les bombes ou dont les familles sont déplacées par la guerre et ont donc perdu leurs moyens de subsistance », remarque une source opposée au Hezbollah. Outre l’opportunité financière que constitue un enrôlement dans la milice pro-iranienne, la martyrologie portée par la doctrine khomeyniste et inculquée dans les écoles et les camps de scouts du Hezbollah est un des leviers principaux sur lesquels s’appuie ce dernier pour étoffer ses rangs. Dans son livre, M. Blanford affirme d’ailleurs que, pour construire une « société de résistance », le parti encourage des jeunes de six à sept ans à participer à des « activités » organisées par des organisations comme l’Institut Imad Mahdi et le Centre culturel de l’imam Khomeyni. Il cite même des cas où des jeunes de six à neuf ans dont le père est un « martyr » du parti ont été invités à participer à des entraînements militaires. « C’est la première étape pour devenir un combattant de la “résistance”», écrit-il
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