A Las Vegas, Nevada
Depuis deux décennies, les électeurs du Nevada avaient choisi des présidents démocrates. Il fallait remonter à George W. Bush pour retrouver un vote républicain dans cet Etat du sud-ouest des Etats-Unis. Mais cette année, tous les comtés du Nevada – sauf celui de Clark où se situent Las Vegas et Henderson – ont massivement voté pour Donald Trump, permettant au candidat républicain de s’imposer dans cet Etat-clé. Comment expliquer ce revirement ? Quelles ont été les motivations de ces habitants qui ont choisi l’ancien président ? On leur a posé la question.
Pour Marc, vétéran de la guerre du Vietnam, Donald Trump incarne un retour à des valeurs plus solides et une politique axée sur l’action. D’origine philippine et installé à Boulder City, petite ville à l’est de Las Vegas, cet ancien employé de la Poste estime que l’élection de cette année a été marquée par une imprévisibilité nouvelle, mêlée de frustrations accumulées face aux promesses non tenues. « Beaucoup pensaient que Kamala Harris serait en tête dès le début, mais ce n’était pas le cas, explique-t-il. Vous pouvez ne pas aimer Donald Trump en tant que président, mais il veut que l’Amérique soit « grande à nouveau », sans être dirigée par d’autres pays. »
« Je ne veux pas que le Nevada devienne comme la Californie »
Cheryl Heney, une retraitée vivant entre Henderson et Seattle (Etat de Washington), manifeste également son désenchantement envers les politiques démocrates, en particulier celles des dernières années. Des choix qui, selon elle, étaient déconnectés des besoins des Américains. « Je suis ravie que Trump ait gagné, car les frontières non sécurisées, l’inflation, les prix élevés et le financement de guerres dans lesquelles nous n’avons pas besoin d’intervenir appartiendront tous au passé. Je suis très inquiète de la direction que ce pays a prise ces quatre dernières années, et je pense que Donald Trump nous remettra sur la bonne voie. »
Le choix de Donald Trump, c’est aussi une volonté de préserver un modèle de société qu’ils jugent en danger. Lori Sutton, ancienne résidente de Californie qui s’est installée au Nevada pour échapper à ce qu’elle considère comme des dérives de son Etat natal, aspire à un gouvernement laissant plus de place aux individus, et moins à l’interventionnisme. « Je n’ai pas voté pour Kamala Harris car j’étais résidente de Californie et je me souviens de ce qu’elle y a fait, et je ne veux pas de ça ici. Je ne veux pas que le Nevada devienne comme ça. Je n’ai pas voté pour Donald Trump seulement pour des raisons économiques, mais également pour une vision plus globale, celle de moins d’interventionnisme, plus de gens qui s’occupent d’eux-mêmes. »
« Beaucoup de gens de gauche seront agréablement surpris »
Ces partisans de Donald Trump espèrent une redynamisation rapide, en rupture avec ce qu’ils estiment être une gestion chaotique et coûteuse des démocrates. Jessica Noriega, jeune trentenaire travaillant dans l’assurance-santé à Henderson, place beaucoup d’espoir dans les compétences de Donald Trump dans la sphère économique. « Je suis heureuse qu’un homme d’affaires dirige à nouveau notre pays, confie-t-elle, pleine d’optimisme. Je suis confiante sur le fait qu’il travaillera à reconstruire notre économie et à apporter des changements positifs en cette période où cela est le plus nécessaire. »
Beverly Aronovsky est tout aussi impatiente de voir un retour à des prix plus raisonnables et une meilleure gestion de la frontière du sud. « Je pense que beaucoup de gens de gauche seront agréablement surpris lorsque les prix des courses et du carburant baisseront et que la frontière sera sous contrôle », dit cette retraitée résidant à Green Valley, une banlieue cossue de Las Vegas. La voici convaincue que la politique de Donald Trump marquera une amélioration notable du quotidien pour les Américains. « J’attends et j’espère que les taux d’intérêt baisseront, que les prix baisseront avec plus de produits américains à meilleur prix. Les actions commencent déjà à monter, et ce n’est que le début », complète Lori Sutton.
Les questions de genre, un sujet de discorde
Parmi les préoccupations récurrentes exprimées par les partisans de Donald Trump, les questions de genre occupent aussi une place importante. Nombre d’entre eux estiment que les récentes avancées en matière de droits pour les personnes transgenres sont allées trop loin, notamment dans le domaine du sport et de l’éducation. « Les garçons qui concourent contre les filles dans le sport, les médicaments et les interventions chirurgicales de changement de genre pour les enfants de moins de 18 ans ne seront plus tolérés », se réjouit Cheryl Heney.
James Aronovsky, le mari de Beverly, se dit « libertaire » sur certains aspects de la question, mais estime que les droits accordés aux personnes transgenres dans le cadre du sport sont problématiques. « En tant que personne qui s’intéresse à la Science, je ne pense pas que les garçons puissent devenir des filles. Ils peuvent prétendre être des filles, mais ils ne devraient pas être autorisés à concourir dans les sports féminins », avance cet ancien militaire. Aujourd’hui photo-reporter, il ajoute ne rien avoir contre le fait que les individus choisissent de vivre en accord avec leur identité, tant que cela ne perturbe pas les normes qu’il juge fondamentales.
Elon Musk, une figure inspirante pour certains
Et Elon Musk, qu’en pensent-ils ? Aura-t-il un rôle dans l’administration ? James Aronovsky se montre enthousiaste tout en se posant des questions quant à l’influence que l’homme le plus riche du monde pourrait exercer au sein du gouvernement. « C’est un type bizarre, mais peut-être qu’il pourra réparer certaines choses », dit-il en riant. « Elon Musk est, à mon avis, un homme qui pense en dehors des sentiers battus. »
Jessica Noriega voit elle aussi en Elon Musk un acteur clé pour un renouveau technologique et économique aux Etats-Unis. « Avoir un esprit innovant est quelque chose dont les Américains ont besoin. Nous devons diffuser l’innovation, la positivité et le patriotisme et travailler ensemble en tant que pays uni pour être plus indépendants et moins dépendants des ressources extérieures », dit-elle.
L’avortement ? « Une question complexe »
Malgré cet enthousiasme général, les interrogations sur certains points subsistent, notamment en matière de droits et d’équilibre politique. Pour James Aronovsky, la question de l’avortement reste une ligne de fracture importante. « C’est une question complexe. […] Je crois que chaque Etat doit choisir ses lois. Si la majorité des habitants décide de restreindre davantage l’avortement, c’est la volonté du peuple. »
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