Les coulisses du scandale des documents divulgués
Un électron libre peut-il faire danser la sécurité du pays en état de guerre ? Quand et comment les failles révélées pourront-elles être colmatées ?
Le bureau du Premier ministre a été bombardé d’accusations de « manipulation délibérée », de désinformation et de mauvaise gestion de la sécurité.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’adresse aux Israéliens et aux Gazaouis après l’élimination du chef du Hamas Yahya Sinwar, le 17 octobre 2024. (Crédit photo : GPO)
Atmosphère de chantage à des révélations sur des liens supposés
L’identité du principal suspect au centre de la focale de cette « l’affaire de divulgation des documents secrets » préoccupe gravement l’entourage du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a déclaré une source proche de l’accusé,Eli Feldstein, partageant que les informations de son assistant « pourraient revenir le hanter (Netanyahu) ».
La source, qui a travaillé en étroite collaboration avec le suspect, a décrit la proximité de l’assistant avec Netanyahu, en détaillant la façon dont il informait fréquemment les journalistes au nom du bureau du Premier ministre, alors qu’il n’avait apparemment pas d’habilitation de sécurité officielle. Selon la source, « Les membres du Bureau du Premier Ministre prennent désormais leurs distances avec lui, mais cela risque de se retourner contre eux à un moment ou un autre ».
Faille sécuritaire ou tentative d’influence de l’opinion publique ?
Le scandale en cours a secoué le bureau de Netanyahu , avec des accusations de mauvaise gestion de la sécurité et de manipulation délibérée d’informations sensibles.
Cet assistant, qu e le Shin Bet avait auparavant exclu des zones sécurisées, avait accès à des discussions extrêmement sensibles, accompagnant même Netanyahu dans des installations militaires classifiées et voyageant dans le convoi du Premier ministre.
Les responsabilités du suspect incluaient apparemment la gestion de briefings pour la presse sur des sujets sensibles, et il avait même entrepris une mission internationale en Allemagne au nom de Netanyahu, potentiellement pour distribuer à la presse des documents liés au Hamas (fuite vers le Sinaï et l’Iran avec des otages).
BENJAMIN NETANYAHU est particulièrement conscient de l’importance de cette affaire et de la place qu’il y occupe. (crédit : THE JERUSALEM POST)
Les documents impliquaient des plans complexes
Il y aurait à l’origine, l’intention de divulguer les informations classifiées de manière sélective pour façonner la perception du public israélien concernant les négociations sur les otages avec le Hamas. Selon ces allégations (de la chaîne Kan), l’un des documents divulgués impliquait un plan complexe du Hamas pour transférer des otages vers l’Iran via l’Égypte. Les responsables ont ensuite démenti ce récit, censé justifier les retards dans les négociations, certains médias se rétractant.
Le cabinet du Premier ministre a répondu que le document divulgué « n’est jamais parvenu au cabinet du Premier ministre par l’intermédiaire des services de renseignement militaire, et le Premier ministre n’en a été informé que par les médias ».
Prise de distance officielle et absence de préjudice dans les négociations
Selon la déclaration, Le bureau du PM n’a jamais impliqué l’individu « dans des discussions de sécurité, ou n’a pas reçu d’informations classifiées et n’a pas participé à des visites confidentielles ».
Le bureau a rejeté les allégations selon lesquelles la publication du document dans un journal allemand aurait porté atteinte à la sécurité d’Israël ou aux négociations sur la libération des otages. « Il est absurde », peut-on lire dans le communiqué, « d’affirmer que la publication d’un article pro-israélien – dans lequel on a partagé un document préalablement approuvé et autorisé– ait pu porter préjudice aux négociations ou à la sécurité d’Israël. »
Le document « a contribué à l’effort de retour des otages et ne l’a certainement pas entravé ».
Le bureau a également expliqué que le document et l’article avaient révélé les tactiques psychologiques du Hamas consistant à accuser Israël des retards dans les négociations sur les otages, une stratégie visant à exercer une pression à la fois interne et externe sur le gouvernement et l’opinion publique israéliens.
« Cela survient alors que tout le monde sait – comme l’ont confirmé à plusieurs reprises de hauts responsables américains – que c’est le Hamas qui fait obstacle à l’accord », a ajouté le bureau.
Depuis le début de la guerre, a noté le bureau, il y a eu « un flot de fuites délibérées et criminelles provenant de réunions secrètes du cabinet, de discussions de sécurité à huis clos et de sessions confidentielles liées à la libération d’otages ».
L’échelon divulgateur de la Commission des Affaires étrangères
Il s’agit notamment de fuites concernant une vidéo fabriquée contre des soldats israéliens au Yémen et d’une fuite du député Gilad Kariv (Travailliste) de la commission des affaires étrangères et de la défense.
La déclaration conclut en demandant pourquoi, parmi toutes les fuites récentes, « ce document particulier – dont le contenu était connu de tous et a aidé Israël – fait l’objet d’une enquête aussi agressive et ciblée ».
Les leaders de l’opposition n’ont pas hésité à critiquer la position du Premier Ministre. Le président de l’Unité nationale, Benny Gantz, a déclaré : « Le Premier ministre doit assumer l’entière responsabilité de ce qui se passe dans son bureau. Le public mérite transparence et responsabilité au plus haut niveau, en particulier sur des questions aussi cruciales que la sécurité nationale. »
A quand un examen complet sur des failles récurrentes ?
Yair Lapid (Yesh Atid), le chef de l’opposition, a fait écho à ces sentiments, avertissant que « tenter de se distancier de cette question démontre un mépris pour la confiance du public et porte atteinte à la sécurité d’Israël ». Il a poursuivi en soulignant que cette affaire « ébranle les fondements de la confiance que le peuple israélien place dans ses dirigeants, en particulier dans une période aussi critique ».
Les membres de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset ont demandé une séance urgente à huis clos pour enquêter sur les failles de sécurité et l’impact potentiel sur la sécurité nationale.
Selon Walla, les membres du comité ont soumis une lettre officielle au président Yuli Edelstein (Likoud), soulignant la nécessité d’un examen complet et de mesures préventives pour éviter de futurs incidents.
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