R2 Wireless, start-up israélienne, souhaite améliorer la détection des drones et UAV.

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Ce mois-ci, des drones chargés d’explosifs lancés par le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah ont ciblé la résidence privée du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Césarée et le réfectoire d’une base d’entraînement de Tsahal dans la ville de Binyamina, dans le nord du pays.

L’attaque de la base militaire a causé quatre morts et des dizaines de blessés parmi les soldats. La maison de Netanyahu a subi des dégâts mineurs – le verre renforcé de la fenêtre d’une des chambres a été fissuré – sans faire de blessés, car le Premier ministre et son épouse étaient absents lors de l’attaque.

Les deux drones ont échappé au système de défense antiaérienne israélien du Dôme de fer et aucune sirène d’alerte n’a été déclenchée, exposant ainsi les victimes au plus grand danger. Ces incidents révèlent la gravité de la menace posée par les drones contre des cibles militaires et civiles, et soulignent les difficultés rencontrées par Tsahal, dans le cadre de la guerre menée sur plusieurs fronts, à identifier et détecter efficacement ces engins, qu’ils proviennent du Liban, de Gaza, ou de lieux plus éloignés comme le Yémen, l’Irak, et l’Iran.

R2 Wireless, une start-up israélienne spécialisée dans le traitement avancé des signaux, développe une technologie pour améliorer la détection des drones et UAV mortels.

Fondée par l’ingénieur Yiftach Richter il y a quatre ans, l’entreprise est sortie de la confidentialité il y a huit mois avec un système utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique pour détecter, classer, géolocaliser et suivre en temps réel tout type de menace aérienne émettant un signal, qu’elle soit en vol ou au sol, sur terre ou en mer. La technologie recherche divers types de signaux, qu’ils proviennent de drones, radios tactiques, écouteurs Bluetooth, montres intelligentes, ou téléphones portables.

Depuis quelques mois, la startup mène des projets pilotes avec l’armée israélienne. Son système a été testé par l’armée britannique, entre autres, et elle a récemment participé à un exercice avec des pays de l’OTAN.

Le système de détection de drones de la start-up israélienne R2 Wireless localise tout appareil qui émet un signal, qu’il s’agisse d’un drone, d’un téléphone portable ou d’écouteurs. (Crédit : Autorisation)

« Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », a confié Onn Fenig, PDG de R2 Wireless, au Times of Israel. « Ce ne sont pas les derniers drones qui réussiront à percer les défenses aériennes israéliennes, et cela n’est pas surprenant, car les systèmes actuels ne sont pas conçus pour faire face à cette menace en évolution rapide. »

« Le plus grand défi n’est pas l’interception, mais la détection. Si vous ne savez pas ce que vous cherchez ni où se cache la menace, il est pratiquement impossible de l’intercepter efficacement et à temps », a-t-il ajouté.

Après une attaque meurtrière contre une cantine militaire, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a reconnu le besoin de systèmes anti-drones plus performants, soulignant que « des efforts significatifs [étaient en cours] pour répondre à la menace des attaques de drones ».

Bien qu’Israël dispose de l’une des meilleures défenses au monde contre les missiles et roquettes, les drones posent un défi depuis le début de la guerre en cours.

Le 7 octobre 2023 au matin, des drones du groupe terroriste palestinien du Hamas ont pénétré pour la première fois en Israël depuis Gaza, pour désactiver les systèmes de surveillance électronique, ouvrant ainsi la voie au pogrom massif au cours duquel les terroristes ont sauvagement assassiné 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et kidnappé 251 personnes qu’ils ont emmenées dans la bande de Gaza.

Depuis le 8 octobre, le Hezbollah lance des attaques quasi quotidiennes contre des communautés israéliennes et des positions militaires le long de la frontière, affirmant le faire pour soutenir le Hamas dans sa guerre à Gaza. Les drones lancés par le Hezbollah au Liban et par les Houthis au Yémen ont également fait des victimes après avoir échappé aux défenses aériennes d’Israël.

Depuis le début de la guerre, il y a un peu plus d’un an, environ 1 200 drones ont été tirés sur Israël. Parmi eux, 221 ont réussi à échapper au système de défense aérienne d’Israël, entraînant des pertes humaines et des dégâts matériels. À ce jour, la guerre sur le front nord a causé la mort de 31 civils du côté israélien, ainsi que de 60 soldats et réservistes de Tsahal.

Dommages causés à la maison du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Césarée lors d’une attaque de drone du Hezbollah, le 19 octobre 2024. (Autorisation)

L’un des plus gros défis de cette guerre des drones réside dans le fait que l’armée israélienne n’est pas suffisamment préparée pour y répondre, d’après Fenig.

« Tsahal s’est concentré sur la lutte contre les missiles et les roquettes sans voir dans les drones une menace stratégique. Les considérant comme des armes à la capacité de destruction minimale, ils pensaient que les solutions dont ils disposaient étaient suffisantes – mais ils se sont trompés », a indiqué Fenig. « Ce n’est un secret pour personne que les technologies de détection ne sont pas assez performantes, et le système de Tsahal s’appuie fortement sur les radars, qui se révèlent sans cesse inadaptés à ce type de menace. »

Fenig a souligné que la guerre en cours, en particulier la récente intensification des combats avec le Hezbollah, a montré combien le groupe terroriste avait renforcé ses capacités, déployant des drones de surveillance, des drones explosifs fabriqués par l’Iran, et des drones à vue subjective, ou FPV, souvent confondus avec des oiseaux.

« Les avancées technologiques ont amélioré leur vitesse, réduit leur coût et les ont rendus plus difficiles à détecter, » a expliqué Fenig. « Ils ont une surface radar réduite et sont faits de matériaux composites bon marché, comme le plastique ou le bois, ce qui les rend difficiles à détecter et à suivre, car ils volent à basse altitude et se déplacent plus lentement que les objets métalliques à grande vitesse, comme les missiles, contre lesquels le Dôme de fer et d’autres systèmes de défense aérienne israéliens, beaucoup plus coûteux, ont été conçus pour agir. »

« S’il y a dix ans, un drone coûtait cher à faire voler, on peut aujourd’hui en déployer une centaine pour le même prix. En outre, tout a changé en termes de précision et de charges utiles optiques, ce qui rend leur utilisation beaucoup plus efficace et populaire. Ce n’est pas nouveau, mais le 7 octobre a illustré les capacités des drones », a-t-il déclaré.

Fenig a salué un récent exercice organisé au début du mois par la Direction de la recherche et du développement pour la Défense du ministère de la Défense (DDR&D, ou MAFAT en hébreu) afin de renforcer les capacités militaires en matière de lutte contre les drones. Il a toutefois regretté que l’accent ait été mis sur la recherche de nouvelles technologies pour intercepter les drones meurtriers et non sur la détection.

Onn Fenig, cofondateur et PDG de R2 Wireless. (Crédit : Autorisation)

« Combattre la menace posée par les drones est une priorité nationale essentielle », a déclaré le directeur général du ministère de la Défense, Eyal Zamir. « À ce jour, le ministère de la Défense a investi des centaines de millions de shekels dans le développement, l’achat en masse et le déploiement de systèmes de défense. »

« Notre objectif est d’accélérer le développement et le déploiement de nouveaux systèmes d’interception. Ceux-ci constitueront une stratégie défensive plus complète avec le système laser et d’autres technologies que nous développons. »

La Direction de la recherche et du développement de la défense (DDR&D) a mené ce qu’elle a qualifié d’essai opérationnel « premier du genre » impliquant huit entreprises technologiques de défense et start-ups, qui ont présenté leurs solutions pour intercepter les drones à diverses distances et altitudes. Parmi les participants figuraient les grands acteurs du secteur comme Elbit Systems, Rafael Advanced Defense Systems et Israel Aerospace Industries, ainsi que des start-ups telles que Xtend, Airobotics, Smartshooter et General Robotics.

« Beaucoup des participants étaient les grands noms de la défense, les mêmes entreprises avec lesquelles Tsahal collabore et qui fournissent des solutions extrêmement coûteuses, mais qui jusqu’à présent n’ont pas démontré une réelle capacité à gérer cette menace, » a ajouté Fenig.

Il s’est également fait l’écho de la frustration de nombreux entrepreneurs technologiques israéliens face à la difficulté de s’intégrer dans le secteur de la défense israélien.

« Il est évident que le ministère de la Défense tarde à adopter de nouvelles technologies, » ajoute-t-il, expliquant que R2 Wireless collabore avec Tsahal, mais pas autant qu’il le souhaiterait.

Fenig note la nécessité d’un changement radical dans l’approche de la lutte contre les drones.

« Nous ne pouvons pas garantir une protection hermétique à 100 % et il n’y a pas de solution miracle. Contre un essaim de drones, il sera impossible d’éliminer entièrement la menace. »

« Il y a un décalage entre les dinosaures et les astronautes qui ne parlent pas la même langue, car les militaires ne savent pas comment fonctionnent les startups et les défis auxquels elles sont confrontées », a-t-il déclaré.

Une vue des dommages causés à un réfectoire dans une base de Tsahal qui a été attaquée par un drone du Hezbollah, tuant quatre soldats et en blessant plus de 50 autres le 13 octobre 2024. (Crédit : Capture d’écran ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

« Un seul système ne suffit pas ; il faut un système de systèmes. Notre système pourrait être une couche supplémentaire, mais la défense contre les drones doit être multicouche », a-t-il souligné.

L’équipe de 14 employés de Fenig – dont la plupart sont diplômés en génie électrique, en traitement des signaux, en mathématiques, en apprentissage automatique et en développement de logiciels – a conçu un système dont le matériel est fabriqué à partir de composants disponibles dans le commerce, afin de le rendre accessible et abordable. Le capteur lui-même a la taille d’un ballon de football et est monté sur un trépied qui pèse moins de 5 kilogrammes et atteint jusqu’à 3,5 mètres.

« Notre système n’a pas besoin de tours radio ni de grandes antennes, car l’idée est de pouvoir le mettre dans un sac à dos, d’envoyer une équipe et de le déployer en quelques minutes », a expliqué Fenig.

« L’idée était d’apporter des capacités militaires non seulement aux troupes [de Tsahal] et aux forces de l’ordre, mais aussi sur le marché commercial pour aider à protéger les infrastructures critiques et pour l’usage des entreprises privées. »

Les drones, souligne-t-il, redéfinissent la guerre et les activités criminelles, a averti Fenig.

« Ce qui inquiète les responsables politiques, les forces de défense et les organismes chargés de l’application de la loi, c’est la prolifération de la menace des drones commerciaux dans des environnements non militaires, ciblant des infrastructures critiques, des sites sensibles, des concerts et des événements de masse réunissant un grand nombre de personnes, et ils n’ont pas de solution appropriée. »

Times of Israël

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