En plein conflit au Proche-Orient, Israël a pris lundi le risque de se mettre à dos ses alliés. Le Parlement israélien a en effet voté à une écrasante majorité en faveur d’un projet de loi interdisant les activités sur son territoire de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Nature du texte, réactions, rôle de l’UNRWA… 20 Minutes fait le point sur cette décision qui a provoqué un tollé international.
Qu’est-ce que l’UNRWA ?
L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens est le principal acteur des opérations humanitaires dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par plus d’un an de guerre entre Israël et le Hamas. Créée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1949, l’UNRWA gère notamment des centres de santé et des écoles à Gaza et en Cisjordanie. Fournissant abris, nourriture et soins de base, elle est considérée comme « la colonne vertébrale » de l’aide à Gaza, en proie à une catastrophe humanitaire.
Pourquoi ce choix d’Israël ?
Depuis longtemps très critique à l’égard de l’agence, l’Etat hébreu accuse des employés de l’UNRWA d’avoir participé au massacre perpétré sur son sol par le Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché des représailles israéliennes particulièrement meurtrières.
Que contient le projet de loi ?
Le texte, approuvé à la Knesset par 92 voix contre 10, interdit « les activités de l’UNRWA sur le territoire israélien », y compris à Jérusalem-Est, secteur de la ville sainte occupé et annexé par Israël depuis 1967.
Un second texte, également largement adopté (89 contre 7), interdit aux responsables israéliens de travailler avec l’UNRWA et ses employés, ce qui devrait considérablement perturber les activités de l’agence, alors qu’Israël contrôle strictement toutes les entrées de cargaisons d’aide humanitaire vers Gaza. Les deux lois prendront effet dans 90 jours.
Quelles sont les réactions ?
Le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a dénoncé cette interdiction, qui « crée un dangereux précédent » et va « aggraver les souffrances des Palestiniens ». Si cette interdiction est mise en œuvre, « c’est un désastre, notamment en raison de l’impact qu’elle aura probablement sur les opérations humanitaires à Gaza et dans plusieurs parties de la Cisjordanie », a également déclaré la porte-parole de l’agence, Juliette Touma. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a toutefois affirmé qu’Israël était « prêt » à « travailler avec (ses) partenaires internationaux » pour continuer à « faciliter l’aide humanitaire à Gaza d’une façon qui ne menace pas (sa) sécurité ».
Avant même le vote, les Etats-Unis s’étaient déclarés « très préoccupés » et « avaient exhorté le gouvernement à ne pas approuver » ce texte, selon le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, qui a réitéré le rôle humanitaire « crucial » de l’UNRWA à Gaza.
Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a pour sa part dénoncé une décision « intolérable » qui aura des « conséquences dévastatrices », en soulignant que « l’UNRWA est une bouée de sauvetage irremplaçable pour le peuple palestinien ».
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Le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est, lui, dit « gravement préoccupé », tandis que l’Allemagne a « critiqué vivement » cette décision. L’Irlande, la Norvège, la Slovénie et l’Espagne, quatre pays ayant reconnu l’Etat de Palestine, ont « condamné » dans un communiqué commun ce texte en jugeant « essentiel et irremplaçable » le travail de l’UNRWA.
Côté palestinien, le Hamas a dénoncé une « agression sioniste », tandis que son allié le Jihad islamique a condamné « une escalade dans le génocide » de la population. La présidence palestinienne a, elle, jugé que le texte confirmait « la transformation d’Israël en un Etat fasciste ».
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