Comme dirait Mariah Carey : It’s tiiiiiiiime ! Alors que certains rentrent à peine de leurs vacances d’été tardives, et que d’autres n’ont pas encore choisi leur déguisement d’Halloween, Noël tente déjà de se faire une place en ce début d’automne. Pour preuve, les téléfilms de Noël ont déjà envahi les grilles des chaînes télé.
Une programmation qui démarre chaque année plus tôt que la précédente. Mais lancer la diffusion des téléfilms de Noël dès la mi-octobre, n’est-ce pas un peu trop tôt ? Pourquoi une programmation si précoce, plus de deux mois avant Noël ? Comment le public accueille-t-il cette déferlante de programmes riches en sucres d’orge, guirlandes de Noël et histoires romantiques alors que l’on n’est même pas encore passé à l’heure d’hiver ? Et les audiences sont-elles au rendez-vous ?
Une programmation de plus en plus précoce
Margaux, 39 ans, « adore les téléfilms de Noël depuis toujours ! Quand j’étais ado puis étudiante, je me souviens que leur diffusion était bien plus tardive, courant décembre, et j’en regardais tous les jours pendant les vacances de Noël ! » Mais au fil des ans et du succès de ces programmes, la saison des films de Noël n’a cessé de prendre de l’avance sur le calendrier.
Et cette année, les téléspectateurs et téléspectatrices ont eu la surprise de tomber sur les premiers téléfilms de Noël dès le 14 octobre ! Soit deux mois et dix jours avant le réveillon. Une programmation de plus en plus précoce alors qu’en 2022, le coup d’envoi des téléfilms de Noël, déjà tôt dans le calendrier, avait été lancé, déjà par TF1, le 24 octobre.
« C’est devenu un rendez-vous incontournable pour nos téléspectatrices et nos téléspectateurs, ils retrouvent avec grand plaisir ces films qui leur procurent un bon moment d’évasion », explique à 20 Minutes la direction artistique des acquisitions de téléfilms de TF1. Et la chaîne a mis les petits plats dans les grands pour proposer une sélection qui ravira son public. « Nous aurons une quarantaine de films inédits cette année », dont « Coup de foudre au marché de Noël », tourné à Rouen, indique TF1, qui étoffe sa sélection « toute l’année. Nous travaillons avec les plus grands distributeurs de téléfilms américains, et nous sélectionnons sur script ou sur visionnage les téléfilms les plus forts ».
Des audiences au rendez-vous
Mais pourquoi les chaînes de télé lancent-elles si tôt la saison des téléfilms de Noël ? La réponse est simple : la magie de Noël n’attend pas pour opérer sur les audiences, qui explosent les compteurs dès le mois d’octobre. « Très bon démarrage pour les films de Noël ! », s’est réjouie la chaîne sur son compte X (ex-Twitter). Diffusé le 14 octobre, le tout premier téléfilm de Noël de l’année, « Mon conte de fées de Noël », est arrivé « leader avec 1,2 million de téléspectateurs », réalisant « d’excellentes performances sur le public jeune & féminin », avec « 32 % de parts d’audience (PdA) chez les FRDA-50 [les femmes responsables des achats de moins de 50 ans, auparavant appelées ménagères de moins de 50 ans], 30 % de PdA chez les 25-49 ans et 47 % de PdA chez les 15-34 », a détaillé la chaîne. Des chiffres qui écrasent la concurrence, laissée loin derrière. Ainsi, ce même jour et sur la même tranche horaire, l’émission « Ça commence aujourd’hui » ne dépassait pas le million de téléspectateurs.
« Pour les diffuseurs, les téléfilms de Noël sont très rentables et pratiques : avec une guerre des audiences de plus en plus féroce, ils peuvent profiter des atouts de ce genre de programmes qui ont une saisonnalité unique : Noël, décrypte Florence Servan-Schreiber, docteure ès bonheur et autrice de Trois kifs par jour (éd. Marabout). Ce qui leur permet de les intégrer très à l’avance dans leur catalogue et de les diffuser de manière aussi précoce. Cela répond à l’appétence des téléspectateurs pour les programmes » feel good « , pour ces comédies romantiques, qui sont très certainement trop peu nombreuses à l’écran. Et quand on voit le succès de séries telles que Nobody wants this, qui cartonne sur Netflix, les chaînes peuvent réagir et ont tout le loisir de dégainer les téléfilms de Noël plus tôt pour capter les audiences ».
Et le succès va au-delà des audiences réalisées chaque après-midi. En fidèle téléspectatrice, Margaux essaie de ne pas manquer les téléfilms de Noël, en particulier les inédits. « Mais je ne peux pas en regarder autant que je voudrais, puisqu’ils sont diffusés l’après-midi, pendant que je travaille ». Mais pas de quoi chagriner la jeune femme, qui a sa technique pour n’en louper aucun : « les week-ends de temps pourri, quand on n’a pas envie de mettre le nez dehors, je me prépare un thé et mon meilleur plaid, et tranquillement posée sur mon canapé, je lance le replay ! Les jours de temps bien pluvieux, je peux en regarder à loisir, jusqu’à écœurement », rit la jeune femme. De quoi booster les audiences de TF1 + qui, lancée en janvier 2024, s’est hissée au rang de « première plateforme de streaming gratuite française avec en moyenne près de 33 millions de streamers chaque mois », précise la chaîne.
« Réconfortant et contre la sinistrose »
Et pour que la magie de Noël opère, la recette d’un bon téléfilm de Noël est toujours la même : « Nous recherchons de très belles histoires, familiales, une ambiance de Noël avec de la neige, des lumières, des sapins et de la musique, nous précise TF1. Et bien sûr, un casting qui présente des visages appréciés de nos téléspectateurs comme Lacey Chabert, Chad Michael Murray, James Denton ». Des noms familiers des téléspectateurs les plus fidèles puisque la première s’illustre depuis de longues années dans les téléfilms de Noël, que le deuxième est connu pour avoir incarné le personnage de Lucas Scott dans « Les frères Scott » et que le troisième campait « Mike Delfino » dans « Desperate housewives ».
Certes, « le scénario est à chaque fois gnangnan et pas du tout réaliste, mais entre la météo morose et l’actualité qui l’est encore plus, des petites comédies romantiques sur fond de magie de Noël, c’est le truc réconfortant parfait pour éviter la sinistrose », estime Margaux, qui s’est fait ses « premiers replays ce week-end ». En pratique, « le propre des comédies romantiques, notamment celles de Noël, c’est d’être totalement cousues de fil blanc, avec un schéma réconfortant qui est toujours le même : une rencontre, des obstacles, des réconciliations, souligne Florence Servan-Schreiber. Ces programmes mettent en scène des comportements totalement stéréotypés, mais cela montre aussi des vulnérabilités et des sentiments amoureux. Et si cela plaît autant, c’est parce que c’est simple, prévisible, et qu’il y a ce lien magique intergénérationnel et une fin toujours heureuse. C’est une mécanique qui nous calme, cela procure un moment feel good et fait un peu rêver, les gens ont envie que leur vie se passe comme ça ».
Même si en pratique, la plupart des téléspectatrices et téléspectateurs de ces programmes ne vivent pas cette magie de Noël dans la vraie vie. « La psychologie de Noël, c’est surtout des moments éprouvants pour les gens, indique Florence Servan-Schreiber. Alors pouvoir rêver d’un Noël parfait dès le mois d’octobre a quelque chose de fédérateur. Ce décalage entre le Noël parfait de fiction et qui ne ressemble en rien à l’expérience des fêtes dans la réalité a quelque chose du fantasme, c’est réconfortant, un moyen facile de s’offrir de bonnes vibrations en fin d’année. On a besoin de ces programmes bonbons pour s’octroyer une parenthèse de douceur et de croire à cette magie véhiculée dans ces programmes ».
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